On sait comprendre
aujourd’hui qu’il n’y a pas de colonisation efficace ni durable sans une
coopération de l’indigène. Il faut savoir, tout en gardant vis-à-vis de lui la
supériorité de notre race en même temps que l’autorité nécessaire, le
rapprocher de nous par une éducation appropriée, nous l’attacher et l’intéresser
à l’œuvre à laquelle nous voulons le faire collaborer.
Dans un livre récent, M. le
sénateur Charles Humbert a fort bien mis en lumière ces idées que la
colonisation est une coopération et qu’elle est avant tout une œuvre sociale.
C’est là un programme qui
a été développé d’une façon particulièrement remarquable par l’éminent
gouverneur général de l’Afrique occidentale française, M. William Ponty,
quand, administrant alors le Haut-Sénégal et Niger, il exposait, dans des Instructions qui méritent de demeurer
comme un modèle, qu’il faut « apprivoiser » l’indigène, le maintenir
dans son milieu traditionnel, ne heurter ni ses habitudes, ni ses traditions,
ni ses coutumes ; respecter les groupements ethniques, les cultiver
isolément par l’action des chefs de leur race ; relever insensiblement le
niveau social par le développement des œuvres sanitaires, des institutions d’assistance,
des écoles ; faire régner partout une justice paternelle.
C’est la même politique
qui est aujourd’hui mise en pratique partout. Mais pour pouvoir l’appliquer
avec fruit, il faut avant tout connaître à fond les mœurs, les traditions, les
usages, la mentalité des indigènes, et ce n’est certainement pas chose facile.
C’est ce qui donne aujourd’hui aux études d’ethnographie une importance
pratique de premier ordre.
Ce sont ces
considérations qui nous engagent à dire quelques mots, bien que sa date remonte
à plusieurs années, d’un ouvrage d’une haute valeur consacré par
MM. Alfred et Guillaume Grandidier à l’ethnographie de Madagascar[1].
(À suivre.)
La Quinzaine coloniale
[1] Histoire physique, naturelle et
politique de Madagascar, publiée
par Alfred Grandidier. – Volume IV, Ethnographie
de Madagascar par Alfred Grandidier et Guillaume Grandidier. Paris,
Imprimerie Nationale, 1908, 711 pages (Librairie Hachette).
Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).
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