15 octobre 2013

Il y a 100 ans : Faillite gouvernementale

S’il était besoin d’une nouvelle preuve de l’incapacité gouvernementale, le spectacle du désordre de la population indigène suffirait amplement.
Il est avéré que de nombreuses réunions ont été tenues par les tenanciers de l’ancien état de choses au vu et au su des autorités ; que de nombreux fonctionnaires indigènes y ont participé. Il est encore avéré que, non seulement des collectes ont été faites, mais qu’une contribution spéciale a été votée pour tous les membres de la caste sous prétexte de rachat des droits de noblesse et avec la menace de fermer l’accès aux récalcitrants et aux insolvables. Il ne manque plus qu’un porteur de contraintes.
C’est non seulement, comme le dit notre confrère la Tribune, une vaste entreprise d’extorsion de fonds, mais encore la manifestation éclatante d’un inquiétant état d’esprit qu’on pouvait croire définitivement disparu.
Nos réactionnaires malgaches ne doutent plus de rien, ils ont décidé, en effet, de soumettre à M. Picquié un projet d’arrêté frappant d’une amende tout membre qui se mésallierait en épousant une femme étrangère à la Caste. On aggraverait ainsi les anciennes dispositions frappant d’amendes ou de fers les usurpations de qualité.
M. Picquié fera sans doute état de sa qualité de fonctionnaire d’une République égalitaire pour décliner ces sollicitations. Il eût sans doute mieux valu éviter l’équivoque d’une politique qui a permis d’aussi grotesques espoirs.
Pour cela, il eût été indispensable d’affirmer hautement les principes républicains, au lieu de se mettre à la remorque des missions protestantes.
Une fois déjà, et dès le début, un gouverneur protestant, M. Laroche, faillit compromettre par ses faiblesses la domination française ; en faisant le jeu des missions protestantes, il précipita l’explosion des ambitions et des rancunes de tous les soutiens d’un régime condamné. Cette leçon, M. Picquié paraît l’avoir oubliée ; les vieux Colons de Madagascar, eux, l’ont présente à l’esprit.
Ils savent par expérience que, dans un pays livré aux sectes religieuses, la politique la plus sûre est encore celle qui les confond toutes pour ne s’inspirer que de l’intérêt supérieur.

Le Progrès de Madagascar

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