La plupart de nos
lecteurs ont, par la voie des correspondances privées, appris quelque chose du
drame lamentable qui s’est déroulé sur les eaux du lac d’Anosy, à Fianarantsoa,
et qui s’est terminé par la mort d’un des plus estimés et sympathiques de nos compatriotes,
M. Duchêne, agent de culture.
Dans l’après-midi de
lundi, premier septembre, M. Duchêne se mettait en devoir de préparer les
travaux de surélèvement du niveau du lac d’Anosy, qu’il se proposait
d’effectuer, pour obtenir une meilleure irrigation des rizières avoisinantes.
Il était monté, accompagné de ses deux plus jeunes enfants, sur deux pirogues,
imparfaitement accouplées à l’aide de cordes. À un moment donné, les deux
pirogues se replièrent, en quelque sorte, l’une contre l’autre, firent eau, et
coulèrent brusquement. Les indigènes qui accompagnaient M. Duchêne purent
sauver les deux enfants mais, malheureusement, étaient hors d’état de faire
davantage. La nuit survenant et l’endroit étant, d’ailleurs, désert, il ne put
être rien tenté pour porter secours à notre malheureux compatriote. Il semble
qu’il ait dû succomber, soit à une congestion due à ce qu’il avait mangé depuis
peu, soit, bien qu’il fût très bon nageur, au poids excessif de ses vêtements,
une fois mouillés. Le corps n’était retrouvé que le lendemain vers cinq heures
du matin, alors que la nouvelle de la catastrophe s’était déjà répandue dans le
public, où elle causait une indescriptible émotion. De toutes parts les
habitants, français ou indigènes, accoururent, les uns pour essayer d’amortir,
autant que possible, l’épouvantable coup que le sort portait à Madame Duchêne
et à ses enfants, les autres littéralement affolés, mais par un besoin de
témoigner, comme ils pouvaient, leur sympathie à un homme qui ne comptait,
partout où il avait passé, que des amis. Des télégrammes furent adressés dans
les différentes parties de l’île et les dépêches de condoléances ne tardèrent
pas à affluer, exprimant la douloureuse surprise et l’immense regret de leurs
signataires.
Les obsèques eurent lieu l’après-midi
à trois heures. Toute la population y assistait, dans un recueillement inusité.
Le Progrès de Madagascar
Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire