Ce n’est pas en
Angleterre, mais à Madagascar que ce cri retentit à l’heure actuelle ; il
ne s’agit pas de l’ex-reine Victoria, mais de la petite reine malgache
Ranavalo, choyée comme un objet rare et promenée comme une enfant gâtée à
travers les diverses attractions de la Métropole.
Ranavalo détrônée règne
encore dans le cœur d’un clan de fidèles ;
le mot est doublement approprié car le sectarisme de caste set entretenu et
excité par le sectarisme religieux.
C’est, en effet, dans la
caste royale des Andrianamboninolona que se recrutent ces attardés de l’ère
moderne malgache, ces réactionnaires locaux ; et c’est précisément cette
caste, découronnée de son ancien prestige par la domination française dont l’un
des premiers actes fut l’abolition des castes, qui est la grande pépinière des
pasteurs et évangélistes protestants.
La politique de nos
Gouverneurs a fort justement consisté à faire rentrer cette aristocratie en
herbe dans le rang, et il a fallu un Picquié pour rompre avec la tradition.
Voici, en effet, que sous prétexte d’ériger un monument à la mémoire de
l’ancêtre Andrianamboninolona, les membres de la caste abolie ont été autorisés
à se réunir librement entre eux et à former une caisse commune.
On a peine à concevoir un
pareil aveuglement qui plonge dans la stupéfaction le peuple hova, impatient de
secouer un joug séculaire particulièrement odieux. Serions-nous donc moins
intelligents que ces précurseurs malgaches ?
Toujours est-il que des
réunions eurent lieu dès l’autorisation, et tout de suite la tendance du groupe
s’affirma par la proposition de la majorité de tenir les réunions au siège de la Mission protestante française.
D’où scission, une minorité moins sectaire ayant proposé la salle du théâtre.
À l’heure actuelle, les
partisans des réunions dans le local protestant ont choisi un local privé pour
leurs assemblées occultes ; les séances sont animées par le chant
« God save the Queen » et l’on se berce de l’espoir chimérique d’une
restauration de la monarchie malgache.
Et dire que tout cela se
passe avec l’encouragement et sous l’œil paterne d’un Gouverneur
français !
Après tout, pourquoi
Micromégas 1er ne succéderait-il pas à Ranavalo ?
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