12 octobre 2013

Il y a 100 ans : God save the Queen !

Ce n’est pas en Angleterre, mais à Madagascar que ce cri retentit à l’heure actuelle ; il ne s’agit pas de l’ex-reine Victoria, mais de la petite reine malgache Ranavalo, choyée comme un objet rare et promenée comme une enfant gâtée à travers les diverses attractions de la Métropole.
Ranavalo détrônée règne encore dans le cœur d’un clan de fidèles ; le mot est doublement approprié car le sectarisme de caste set entretenu et excité par le sectarisme religieux.
C’est, en effet, dans la caste royale des Andrianamboninolona que se recrutent ces attardés de l’ère moderne malgache, ces réactionnaires locaux ; et c’est précisément cette caste, découronnée de son ancien prestige par la domination française dont l’un des premiers actes fut l’abolition des castes, qui est la grande pépinière des pasteurs et évangélistes protestants.
La politique de nos Gouverneurs a fort justement consisté à faire rentrer cette aristocratie en herbe dans le rang, et il a fallu un Picquié pour rompre avec la tradition. Voici, en effet, que sous prétexte d’ériger un monument à la mémoire de l’ancêtre Andrianamboninolona, les membres de la caste abolie ont été autorisés à se réunir librement entre eux et à former une caisse commune.
On a peine à concevoir un pareil aveuglement qui plonge dans la stupéfaction le peuple hova, impatient de secouer un joug séculaire particulièrement odieux. Serions-nous donc moins intelligents que ces précurseurs malgaches ?
Toujours est-il que des réunions eurent lieu dès l’autorisation, et tout de suite la tendance du groupe s’affirma par la proposition de la majorité de tenir les réunions au siège de la Mission protestante française. D’où scission, une minorité moins sectaire ayant proposé la salle du théâtre.
À l’heure actuelle, les partisans des réunions dans le local protestant ont choisi un local privé pour leurs assemblées occultes ; les séances sont animées par le chant « God save the Queen » et l’on se berce de l’espoir chimérique d’une restauration de la monarchie malgache.
Et dire que tout cela se passe avec l’encouragement et sous l’œil paterne d’un Gouverneur français !
Après tout, pourquoi Micromégas 1er ne succéderait-il pas à Ranavalo ?

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