(Suite et fin.)
En Indo-Chine on restait
dans la tradition, mais à Madagascar la fusillade ne signifiait absolument
rien, puisque le gouvernement hova mettait à mort les criminels avec des
raffinements d’improvisation.
Les Malgaches se moquent
absolument du peloton d’exécution.
J’en ai vu périr
plusieurs sous les feux de salve. Ils étaient extraordinaires de sang-froid.
Quant à la foule, elle trouvait le spectacle divertissant.
Le gouvernement général
n’a qu’à exhiber la guillotine et la criminalité sera arrêtée pour longtemps.
La guillotine est un
instrument de terreur et ceux qui en firent celui de la Révolution
connaissaient à merveille la défroque humaine.
Si l’on veut faire des
exemples à Madagascar, frapper l’imagination des indigènes, dresser devant eux
l’épouvante du châtiment, il faut faire disparaître l’inutile décret
présidentiel et appliquer la loi. Tamatave n’est qu’à trente heures de la
Réunion.
Dans l’intérêt de la
sécurité de tous les colons français, on peut bien nous demander notre
guillotine. C’est un sinistre rattachement, on en conviendra, mais bien plus
sinistre encore est la longue liste des victimes de MM. les assassins
malgaches.
Ceux qui connaissent bien
l’indigène, qu’il soit hova, betsimisaraka, antaimoro, sakalava, peuvent
affirmer que seule la crainte d’un châtiment terrible doit arrêter leur élan
dans la voie du crime.
Ces indigènes, on les a
mis hors la loi. On leur accorde la mort des braves, celle du duc d’Enghien et
du maréchal Ney, celle des martyrs de la Commune. Sans aller plus loin, on les
met au même poteau que Rainibetsimisaraka, héros de l’indépendance madécasse
que la France fit fusiller pour s’en débarrasser et qui tomba crânement sous
nos balles, le chapeau en main, saluant d’un dernier et tragique défi nos
officiers.
Chaque criminel malgache
qui expie ainsi son forfait se campe en faible devant la justice des forts.
C’est une erreur que l’on
commet. Elle nous est fatale depuis quinze ans.
Nous tenons à la
disposition de nos voisins l’instrument de leur sécurité et nous leur faisons
remarquer que si l’on pend en Angleterre, on pend aussi à Maurice.
XX.
Le Tamatave
Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).
Les Malagasy savent mourir bravement, la tête haute.
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