28 janvier 2008

L'édition bouge à Madagascar

Et je m'en réjouis, bien entendu. Ce matin avait lieu, au CCAC, la présentation de l'ouvrage ABDlire, un abécédaire destiné aux tout-petits, produit par le CCAC et les éditions Jeunes Malgaches.
Au point de départ, ce travail - d'une qualité remarquable - avait été une exposition sous forme d'affiches, montée par le CCAC en juillet 2007. Puis l'idée d'un livre a germé et, il faut le dire, c'était une bonne idée.
Tiré à un millier d'exemplaires, l'ouvrage est non seulement utile mais aussi (et surtout) très beau. Chaque lettre est illustrée par une photo, ou plutôt par deux photos correspondant à des mots commençant par cette lettre, en malgache et en français.
Présenté à Montreuil, dans la banlieue parisienne, lors de l'incontournable Salon du livre pour la jeunesse, ABDlire n'a recueilli, nous dit-on, que des éloges. Je veux bien le croire. Il ne mérite que cela.

25 janvier 2008

Bibliothèque malgache / 38 : Boutou-Kely, par Robert Dumeray

Un nouvel ouvrage paraît dans la Bibliothèque malgache électronique (dont je rappelle qu'elle est gratuite) : Boutou-Kely, par Robert Dumeray.
Ce texte assez peu connu n’a, à ma connaissance, jamais été publié en volume. Je l’ai repéré grâce à ces quelques lignes du Bulletin du Comité de Madagascar d’avril-mai 1895 :
« Sous le pseudonyme de Robert Dumeray, un homme fort au courant des choses de Madagascar et qui joint, à une connaissance exacte du pays, toutes les qualités d’un styliste des plus spirituels et des plus fins, publie dans la Revue des Deux-Mondes du 1er mai un article intitulé : Boutou-Kely, Souvenirs de la vie malgache. Ce simple récit en dit plus que tout un ouvrage sur les mœurs et habitudes des Malgaches, particulièrement des Hovas. »
Bien qu'ignorant totalement son identité, je soupçonne l’auteur d’avoir été membre du Comité, tant sont nombreuses les thèses défendues par celui-ci à apparaître en filigrane dans la longue nouvelle. Un vazaha y adopte un petit garçon malgache et tente de lui inculquer les bases de la civilisation européenne…
Tous les préjugés de l’époque sont évidemment présents.

23 janvier 2008

Dominique Ranaivoson occupe le terrain


Le samedi 12 janvier dernier, je questionnais Dominique Ranaivoson à propos des dernières publications en rapport avec Madagascar dont elle est responsable.
Les forums littéraires du CCAC, dans le cadre desquels se déroulait cette rencontre, se déroulent depuis des années selon une structure immuable: avant la série de questions-réponses entre l'invité (ou les invités parfois) et l'animateur (ou animatrice), puis le public, la première intervention est une présentation de l'invité. C'est le texte que j'ai rédigé pour la circonstance que je vous propose ici.

***

Dominique Ranaivoson, bonjour. Rebonjour, presque.
En effet, en 2004, vous étiez ici, dans cette même salle – Liliane Ramarosoa officiait à ma place –, pour présenter Iza Moa ?, un dictionnaire des personnalités historiques de Madagascar que vous avez repris depuis dans une nouvelle édition, et dont vous annoncez prochainement une version revue, corrigée et complétée pour l’an prochain.
En 2006, nous étions cinq sur cette scène puisque, outre vous et moi, trois des douze auteurs des Chroniques de Madagascar que vous aviez rassemblés en un volume avaient été invités à prendre la parole.
J’avais proposé à l’époque, sur le ton de la plaisanterie, que vous vous abonniez aux forums littéraires du CCAC. Je ne savais pas que vous me prendriez au sérieux. Pourtant, j’aurais dû m’en douter : votre rythme de travail et celui de vos publications sont si soutenus qu’il est assez logique de vous retrouver en 2008 pour présenter à nouveau quelques livres.
Et puisque le temps nous est compté, je vais faire l’économie de tout ce dont vous avez déjà parlé lors des occasions précédentes pour survoler quelques-unes de vos activités pendant les deux années qui viennent de s’écouler.
Vous êtes l’éditeur (éditrice ?) – au sens intellectuel du mot – du premier recueil de nouvelles de David Jaomanoro, dont vous avez aussi écrit la postface. Pirogue sur le vide, paru aux Editions de l’Aube, est un livre qu’on attendait depuis longtemps et je pense que le sérieux coup de pouce que vous lui avez donné a été une chance pour tout le monde : pour l’auteur, bien sûr, dont les textes tardaient à trouver leur véritable place dans le paysage littéraire, par manque de visibilité ; pour l’éditeur, évidemment, à qui vous avez apporté un manuscrit de qualité et dont vous avez ainsi enrichi le catalogue – comme en outre Marion Hennebert, fondatrice de la maison, est une amie de longue date, c’est presque à titre personnel que je vous en remercie ; enfin, c’est aussi et surtout une chance pour nous puisque nous avons pu lire ces nouvelles et même en parler avec David Jaomanoro, puisqu’il a été invité à nous les commenter lui-même – sur le siège où vous êtes assise aujourd’hui.
Dans la collection Océan indien que vous dirigez chez Sépia et qui est coéditée, pour Madagascar, par Tsipika, vous avez fait paraître, en 2006 et 2007, deux ouvrages bilingues, en français et en malgache. Leur importance n’a échappé à personne : il s’agit de deux recueils de poèmes de Jean-Joseph Rabearivelo, Presque-Songes et Traduit de la nuit, que Claire Riffard, qui a beaucoup travaillé sur les manuscrits, s’est chargée de présenter dans cette édition. Elle nous les a présentés également plus directement, à travers une exposition qu’on a pu voir ici à la fin de l’année dernière, complétée par une conférence très éclairante.
En 2007, vous avez aussi dirigé un numéro de la revue Etudes littéraires africaines, éditée par l’Association pour l’Etude des Littératures Africaines, plus familièrement nommée APELA. Personne ne s’étonnera – ou alors personne n’a écouté depuis le début – du sujet de ce numéro : Madagascar, bien entendu.
On y trouve des articles et des entretiens. Avec Juliette Ratsimandrava sur la langue malgache et les politiques linguistiques, par exemple. On y parle de bande dessinée, de théâtre, de poésie, d’édition, ainsi que du bilinguisme chez Jean-Joseph Rabearivelo et Esther Nirina.
Bref, un large survol, une sorte d’état des lieux qui, je le crois, a rendu et rendra de précieux services.
On n’en a pas fini – vous n’en avez pas fini avec Madagascar. Mais la Grande Ile semble être, malgré ses dimensions, malgré ses richesses culturelles, un terrain de jeu trop étroit pour vous – j’ai dit terrain de jeu ? pardon, je voulais dire : terrain d’études, de recherches, de publications.
Vous venez en effet de sortir, chez Sépia, sur le modèle des Chroniques de Madagascar, un autre volume, intitulé Chroniques du Katanga. Vous voici donc aussi en République démocratique du Congo, dans cette province du sud qu’on appelait autrefois le Shaba et dont la capitale, Lubumbashi, est la troisième ville du pays. Quatorze auteurs disent leur vision de la réalité de cette région à travers des textes courts. Je cite l’argumentaire trouvé sur le site de l’éditeur (je vous soupçonne de l’avoir écrit) : « Le lecteur qui aura traversé les rues de Lubumbashi, les mines de cuivre à ciel ouvert, les boîtes sordides, les immeubles délabrés, les camps de déplacés ou des combats de rues ne pourra oublier ni le policier, ni l’enfant-soldat, ni l’enfant des rues, ni les jeunes filles, ni les fonctionnaires, tous l’accompagneront désormais en un étrange et fascinant cortège. Les mots de ces écrivains vont bien au-delà du reportage par la puissance d’une écriture terriblement efficace. »
Je ferme la parenthèse congolaise, bien qu’elle ne soit pas sans intérêt, pour revenir à Madagascar et aux deux livres qui justifient le forum d’aujourd’hui.
C’est d’abord Zovy, un roman de René Radaody-Ralarosy publié par vous, et que vous préfacez, chez Sépia et Tsipika. Le sous-titre fixe l’époque à laquelle il se passe : 1947. Au cœur de l’insurrection malgache. Nous allons en parler longuement, je ne vais donc pas en dire trop maintenant. Quelques mots, seulement, vos mots tels qu’ils étaient rapportés sur le site Internet de Sobika :
« Il s’agit d’un roman, c’est-à-dire que l’auteur invente des personnages qui évoluent dans une histoire pleine de suspens, de rencontres, d’attentes et de rebondissements. Le lecteur suit les héros insurgés dans les forêts tout en apprenant peu à peu quelle situation politique et sociale les a conduits à cet engagement. Ces personnages romanesques sont construits à partir de modèles directement inspirés de la société malgache de 1947 et agissent en véritables acteurs dans les événements réels et tragiques de cette période. Toute la richesse de ce roman est dans ce croisement entre fiction et histoire qui lui donne à la fois l’attrait d’une aventure et l’intérêt d’une étude historique. »
Nous allons en savoir plus dans quelques instants.
Mais pas avant que j’en termine avec cette brève présentation puisqu’il y a un deuxième livre, 100 mots pour comprendre Madagascar, dont vous êtes l’auteur chez Maisonneuve & Larose et, toujours, Tsipika. Cent entrées, rangées dans l’ordre alphabétique, pour approcher la culture malgache, tant du point de vue de l’histoire que de celui du quotidien le plus contemporain, le plus banal. « Notre souhait, dites-vous dans l’introduction, serait que ces 100 mots se présentent comme ces portiers qui accueillent les invités sur le perron et font entrer les invités jusque dans la maison. »
100 mots… Pourquoi pas 99 ou 101, ou 1000 mots ? Vous allez vous en expliquer.
Mais encore un… mot (plusieurs). Pour dire, en guise de conclusion ouverte sur l’avenir, que vous ne comptez pas en rester là. Et que nous devrions peut-être fixer dès maintenant un rendez-vous dans deux ans.
Vous avez, dans vos projets de publication, si j’en crois la bibliographie que je trouve dans 100 mots, un livre consacré à La littérature francophone de Madagascar. Et vous dirigez la préparation d’un ouvrage collectif sur le grand poète Dox.

21 janvier 2008

101ème note de blog : BOMB !

Je regarde rarement de près les statistiques liées à ce blog. Mais, ce matin, surprise! en créant cette nouvelle note, j'ai eu l'œil attiré par le chiffre tout rond de 100 notes déjà intégrées depuis la création de cet espace, c'est-à-dire depuis octobre 2006. Et, tant que j'y suis, je continue à vous ennuyer avec des chiffres (il est bon d'être ennuyeux de temps à autre, cela dénote l'esprit de sérieux). Cela représente (depuis fin décembre 2006, car je n'avais pas intégré immédiatement d'outil statistique) 8595 visites pour 5771 visiteurs et 12825 pages vues.
En gros, un tiers des visiteurs sont arrivés ici par l'intermédiaire d'un moteur de recherche, un autre tiers directement et la dernière partie grâce à un lien placé sur un autre site. La très grande majorité d'entre eux habitent en France et le deuxième pays le mieux représenté est, assez naturellement, Madagascar. Les Malgaches sont d'ailleurs ceux qui restent le plus longtemps sur le site quand ils y viennent.
Je constate que les mots-clés utilisés dans les moteurs de recherche ressemblent assez à ce qu'on trouve ici: Bibliothèque électronique malgache, bibliothèque malgache, actualité culturelle malgache. Personne ne semble s'être égaré sur mon blog en cherchant des informations sur Carla Bruni, par exemple. (Là, maintenant, on va bien voir si la fréquentation marque un pic soudain!)

Ce bref bilan (provisoire) vous est offert à l'occasion d'un prix qui vient d'être attribué à ce blog: Best Of Malagasy Blogs (BOMB pour l'acronyme), pour la catégorie culture. (Le lien vous permettra d'aller voir la liste complète des lauréats.)
Je ne le cacherai pas, je suis assez fier d'avoir été choisi. Je remercie toute l'équipe qui m'a permis de mener ce travail (moi-même, donc, puisque je fais ça tout seul avec mes petits doigts et mon ordinateur). Et aussi, bien entendu, ceux qui ont voté pour l'Actualité culturelle malgache.
Le champagne, ce sera pour plus tard.

En attendant, la presse a continué à parler de Roman Vrac, la dernière production papier de la Bibliothèque malgache. Le Quotidien lui a consacré un bel article, ainsi que Madagascar Tribune.
Longue vie à ce texte qui me tient à cœur!

17 janvier 2008

Roman Vrac : revue de presse


La trilogie romanesque de Jean-Claude Mouyon est en librairie à Madagascar depuis quelques jours et la presse commence à le faire savoir.
Roman Vrac, je le rappelle pour ceux qui n'auraient pas suivi, a été imprimé à Tana et il s'agit donc de la première production authentiquement malgache de la Bibliothèque du même nom. Et, même si l'auteur est vazaha (l'éditeur aussi, d'ailleurs), c'est bien du pays où nous vivons et que nous aimons, lui et moi, qu'il est question. Du Sud en particulier puisque le slogan trouvé pour promouvoir le livre (et dont je suis, ma foi, assez satisfait) est:

LE SUD COMME VOUS NE L'AVEZ JAMAIS LU !

Aujourd'hui sont parus des articles dans Les Nouvelles et La Gazette de la Grande Ile. Il y en a, il y en aura peut-être d'autres (une journaliste du Quotidien m'a téléphoné hier soir mais cet organe de presse n'est déjà plus disponible dans mon quartier). Je vous le dirai dans la mesure où je le sais, bien entendu.
Si vous voulez les lire et que vous n'avez pas les journaux sous la main, j'en ai enregistré des copies dans la rubrique "photos" du groupe Yahoo Bibliothèque malgache. Il faut être membre pour consulter cette partie du site - une procédure pour laquelle il suffit de suivre les indications qu'on vous donne.
Par ailleurs, l'intégralité du communiqué de presse que j'avais envoyé aux différentes rédactions a été reprise sur le site de Madanight, où vous pouvez le consulter.
Voilà, il ne vous reste plus qu'à passer chez votre libraire préféré et à acheter le livre.

D'autre part (ça n'a rien à voir), je peux d'ores et déjà vous annoncer une surprise plutôt agréable pour lundi...

10 janvier 2008

Meilleurs voeux



J'espère de tout cœur que l'année commence bien pour vous. Et que nous aurons, en 2008, quantité d'informations et de lectures à partager.
On commence tout de suite, puisque j'ai pris un peu de retard en raison de mon absence.

D'abord, la trilogie romanesque de Jean-Claude Mouyon, Roman Vrac, est parue sous forme de livre imprimé à Madagascar. La mise en place dans les principales librairies d'Antananarivo se fait ces jours-ci.
La présentation du livre s'est tenue à l'hôtel Chez Alain, à Toliara, le 29 décembre. C'était pour moi un choix évident: proposer à ceux qui vivent dans le cadre même où s'est écrit et où se déroule le triple roman de le découvrir avant Antananarivo.
A la bonne franquette, Jean-Claude a ainsi parlé de son travail devant une trentaine de personnes et j'ai un peu expliqué ce qu'est la Bibliothèque malgache. L'éditeur et l'auteur sont, sur la photo ci-dessus, tout réjouis de pouvoir enfin proposer un texte qui avait longtemps cherché un endroit pour exister...

Par ailleurs, comme promis, deux nouveaux titres de la Bibliothèque malgache électronique ont vu le jour pendant que j'étais à Toliara.

Le trente-sixième volume est un nouveau numéro du Bulletin du Comité de Madagascar (juillet 1896). Les lecteurs attentifs auront remarqué qu'il manque, dans la collection, le numéro de juin. Je ne l'ai pas trouvé. Si quelqu'un le possède et accepte de le numériser, cela rendrait de grands services à tout le monde.
Au sommaire, outre les événements de Madagascar, une étude d’Alfred Grandidier sur la fortune des Malgaches, une autre de A. Jully sur les constructions anciennes de l’Imerina, toujours la question de l’esclavage et une revue de presse orientée vers la défense des thèses soutenues par le Comité de Madagascar. À l’intérieur de ces extraits, on trouvera une première version de quelques pages ramenées de Madagascar par Émile Blavet – dont l’intégralité du texte, Au pays malgache, est disponible dans la Bibliothèque malgache électronique.

Et le trente-septième volume est - enfin! - un ouvrage d'un auteur malgache. Jean-Joseph Rabearivelo (1901-1937) est un des principaux poètes du début du siècle dernier. Présent (après sa mort) dans l'anthologie que Léopold Sédar Senghor a consacrée aux poètes «nègres et malgaches», il fut de son vivant un lecteur boulimique, un commentateur très fin de la littérature et un véritable polygraphe: poésie, théâtre et roman étaient à son registre, sans oublier les nombreux articles qu'il a écrits – en français et en malgache. Les deux recueils groupés dans le présent livre électronique, Presque-Songes suivi de Traduit de la nuit ont été publiés dans leur version française (celle que je vous propose) en 1934 et 1935. La version malgache, écrite simultanément, a été publiée après sa mort.

Enfin, aux amateurs de statistiques, je signale que la Bibliothèque malgache électronique a franchi, dans les derniers jours de 2007, le cap des 20.000 téléchargements.