26 février 2020

Il y a 100 ans : Madagascar et la Grande Guerre (3)


(Suite.)
Le premier bataillon que la colonie obtint d’envoyer en France était composé uniquement de volontaires choisis parmi les tirailleurs du corps d’occupation, déjà en service, et qui ne perçurent cette fois aucune prime spéciale. L’impression qu’il fit en Tunisie, où il fut d’abord dirigé, fut telle que le gouvernement de la France, éclairé d’autre part par l’excellente tenue des troupes malgaches dans l’océan Indien, et par le rôle indirect de Madagascar dans la libération de l’est africain allemand, se décida à faire appel, sur une vaste échelle, aux engagés volontaires indigènes : ils accoururent au nombre de 45 863, dont 41 355 furent accueillis dans les unités combattantes et 4 508 dans les non-combattants. La proportion est équivalente, eu égard à la population des colonies, à celle de l’Afrique occidentale française, dont on admire, à juste titre, le rôle si brillant dans la Grande Guerre.
C’est seulement à partir du second semestre de 1917, c’est-à-dire avant la période critique et décisive de la guerre que les unités malgaches, réparties jusqu’alors en bataillons d’étapes, furent admises à l’honneur de combattre et leur vaillance leur valut de compter presque aussitôt parmi les meilleures de nos troupes, car, quoi qu’en aient dit certains démagogues et les fervents du nivellement par en bas, toutes les troupes engagées ne furent jamais, ni ne pouvaient être équivalentes, et dans l’armée, comme c’est la loi dans la nature, il y eut une élite dans l’élite : aujourd’hui comme jadis, il y eut des corps de preux parmi les preux. Ceux qui venaient des rivages ensoleillés d’outre-mer ou des sommets abrupts des montagnes françaises pourraient facilement en témoigner.
Le 12bataillon de tirailleurs malgaches s’illustra particulièrement le 2 septembre 1918, dans cette héroïque journée dont l’histoire glorifiera magnifiquement l’armée de Mangin, pour la merveilleuse avance que réalisèrent côte à côte, dans les circonstances les plus terribles, la 66division de chasseurs alpins et la division marocaine.
(À suivre.)
La Petite République



Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 84 titres parus à ce jour.

25 février 2020

Il y a 100 ans : Madagascar et la Grande Guerre (2)


(Suite.)
L’exemple de Madagascar est particulièrement significatif et montre avec quelle rapidité et jusqu’à quel point la France sait inculquer l’amour de son drapeau aux peuples qu’elle a associés à sa fortune. Vingt années ne s’étaient pas encore écoulées depuis cette expédition à laquelle la République française avait dû la possession définitive de Madagascar, et déjà la grande île trouvait l’occasion de participer, largement et de son plein gré, à la libération de la patrie nouvelle.
Les chefs mêmes qui avaient assuré la conquête et la défense, la francisation et l’organisation de Madagascar, – et c’étaient les grands, c’étaient, avec le général Roques, à qui revient en majeure partie la construction du premier tronçon du chemin de fer qui joint Tananarive à la Côte orientale, avec le général Lyautey qui, l’un et l’autre, ne furent pas seulement ministres, mais aussi généraux de la guerre ; c’étaient le maréchal Joffre, l’ancien organisateur du point d’appui de Diégo-Suarez, et le général Berdoulat, le gouverneur militaire actuel de Paris, qui, avant de se couvrir de gloire sur le sol de France à la tête des troupes coloniales, avait brillamment participé à l’occupation de Madagascar ; c’étaient le général Herr, le général Bourgeois, le général Degoutte, que leur nom suffit encore à qualifier ; c’était, là-bas comme ici, toujours le premier et le plus grand, Gallieni, – tous ces prestigieux ouvriers de la gloire française n’ont pas attendu vingt ans pour retrouver, parmi les indigènes qu’ils avaient conquis, puis soumis, des hommes fidèles et sûrs qui venaient loyalement et spontanément, sous leurs ordres, payer de leurs biens et de leurs personnes pour vaincre avec eux, sous leurs inoubliables fanions, les ennemis de la France, et pour sceller, par une commune victoire, « l’union sacrée » de la plus grande France…
Les administrateurs et les fonctionnaires, qui rivalisaient d’influence pour revendiquer et pour arracher le droit de gagner leur place aux frontières de la liberté, donnèrent aux indigènes un exemple qui ne fut pas perdu.
(À suivre.)
La Petite République



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9 février 2020

Il y a 100 ans : Madagascar et la Grande Guerre (1)


L’effort de Madagascar, l’une des dernières venues dans le giron de la France, est encore trop ignoré, et son triple concours financier, économique et militaire à la plus grande victoire ne saurait être trop divulgué.
L’un des anciens officiers de l’armée coloniale d’occupation à Madagascar, qui, depuis, a représenté la République à la tête de la grande colonie en qualité de gouverneur général, qui, ensuite, a commandé sur le front de France un régiment d’artillerie lourde à grande puissance, où servaient des unités malgaches, le colonel Garbit, a consacré une intéressante conférence à faire connaître le concours que la grande île a apporté à la défense nationale : cet hommage que l’ancien gouverneur devait au magnifique élan et à l’immense sacrifice d’une population où il compte en même temps que d’anciens administrés, d’anciens frères d’armes, a trouvé un éloquent écho dans Colonies et Marine. Cette revue publie, à la suite du colonel Garbit, un article sur « Madagascar et la Grande Guerre », que l’auteur, M. Robert Pimienta était bien qualifié pour apprécier, puisqu’il a participé à la grande bataille que l’armée Mangin engagea sur l’Ailette en août-septembre 1918, dans le voisinage immédiat des chasseurs malgaches, ceux-ci combattant à une aile de la glorieuse division marocaine, et l’auteur, à l’aile voisine de la 66division des chasseurs alpins. L’hommage qu’un camarade français rend ainsi aux combattants malgaches n’est pas moins significatif que celui du colonel Garbit, et l’on aura plaisir à en apprécier, dans Colonies et Marine, l’émouvante éloquence.
Ce ne sont pas seulement les « vieilles colonies », vieilles au point d’appartenir à la nation française depuis plus de siècles que certains de ses départements, ce sont aussi les domaines les plus récemment acquis de la France, qui viennent de prodiguer spontanément, de tout cœur, pour le salut commun, tout ce qu’ils avaient de trésors matériels et de richesses morales, tout ce qu’ils pouvaient et d’or et de sang.
(À suivre.)
La Petite République



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