30 octobre 2008

Le reggae malgache en ébullition

Pas content, Sammy Rastafanahy, principal porte-parole des reggaemen malgaches (président de ceci, chef spirituel de cela, j'en passe parce que je ne comprends pas tout).
Très content, Sammy Rastafanahy - le même.
Et pareil pour ses copains, amoureux et pratiquants de la même musique et de toute la philosophie qui va avec.
Alors, qu'est-ce qu'il se passe-t-il donc?
Alpha Blondy, le rasta ivoirien le plus connu au monde, se produit dimanche à Tana.
Une bonne nouvelle pour tout le monde, en particulier Sammy et ses potes.
La mauvaise nouvelle, c'est qu'aucun chanteur reggae malgache ne montera sur scène à l'occasion de ce concert - du moins selon la configuration actuellement prévue par l'organisateur.
Cherchez l'erreur...

Le Madaraid d'Anselme

Il y a trois ans, M. et Mme Hobokop (que je ne connais pas) ont, raconte leur blog, "fait un bon bout de chemin avec leur oncle Anselme : Antsirabe, Morondava, Fianarantsoa, Manakara, et retour à Antsirabe. Et cette vieille éponge imbibée de rhum d'Anselme (il avait dû réduire les doses pour nous accompagner) tenait le journal de bord de l'équipée, noircissant dans des conditions parfois rocambolesques des cahiers de dessins achetés chez des Chinois au cours de la route. Résultat : ces carnets d'Anselme, que je garde toujours précieusement, et que je rêvais tellement de pouvoir publier que j'avais déjà maquetté une couve."


En effet, un savoureux carnet de voyage dessiné comme seul Anselme peut le faire. C'est-à-dire toujours un peu foutraque et très savoureux, avec des détails dans tous les coins de ses images. En voici une - la première - mais je vous conseille vivement d'aller voir les autres, et régulièrement, car la publication est toujours en cours.


On espère que ce sera un jour un véritable album...

19 octobre 2008

Madagascar en beaux livres

Dans l'édition française, la fin de l'année civile est le moment où les beaux livres, souvent coûteux, s'accumulent sur les tables des libraires. Je me souviens de la folie d'achats qui précédait les derniers jours avant Noël et le Nouvel an dans la librairie où je travaillais autrefois. Un livre reste en effet un cadeau apprécié.
Et pourquoi pas un livre sur Madagascar? Trois nouveautés sont à l'affiche.

Je commence par Cacao Vanille, l'or noir de Madagascar, par François Pralus et Laurence Caillier, avec des textes d'Ingrid Astier et des photographies d'Hervé Nègre et Thierry Beguin. En voici ce qu'on appelle l'argumentaire:
Présentation de la culture, la récolte, l'affinage, les crus, les rencontres et les accords de ces deux produits exotiques et pourtant quotidiens que sont le cacao et la vanille.
L'occasion également d'une découverte de l'île de Madagascar à la rencontre de sa population et des relations qu'elle entretient avec ces produits.
Avec 40 recettes salées et sucrées en fin d'ouvrage.
Editions Agnès Viénot, 192 pages, 29,90 €, sortie le 23 octobre.
Un autre ouvrage qui n'est pas seulement sur Madagascar, mais dont le titre fait rêver: Tour du monde des bouts du monde, par Véronique Durruty et Patrick Guedj.
Les bouts du monde sont des promesses de temps suspendu, d’espaces en dehors du monde et ouverts sur le monde, ces lieux magiques où l’on peut se perdre et se retrouver, écouter battre le bruit de son cœur, goûter le vent et regarder l’herbe boire.
• Ils peuvent être tout proche ou à l’autre bout du monde
• Ils nous donnent envie de sourire, de nous asseoir.
• Ce sont des lieux où rêver en descendant du petit avion à hélice qui nous laisse sur l’aéroport de l’île de Sainte-Marie à Madagascar (ainsi nommée car bénie des dieux), en suspendant notre hamac sur le Rio Negro en Amazonie, en marchant sur les chemins de la Chalosse, en descendant, l’estomac un peu chaviré, du bateau qui nous laisse sur l’île de Samalona, au large de Sulawesi, dans un petit havre de paix du Larzac…
Stop ! Nous sommes arrivés là où l’on n’a pas envie d’aller plus loin.
• Avec plus de 200 photographies du monde entier.
• Des informations pratiques et insolites : Carte avec emplacement, nombre d’habitants, nombre de kilomètres depuis le pôle Nord / Paris et New York, comment y aller ? , où dormir ?, que faire ?
Editions Aubanel, 384 pages, 32 €, à paraître le 23 octobre.
Enfin, Didier Mauro, qui a déjà beaucoup écrit sur la Grande Ile, donne, dans la nouvelle collection Guide culturel du monde un nouveau Madagascar.
Il nous semble connaître les pays étrangers.
De leur histoire, nous déduisons leur situation actuelle, les livres de photos nous montrent leurs paysages, leurs villes, leurs monuments, nous pouvons lire leurs auteurs et les médias nous donnent régulièrement de leurs nouvelles.
Mais pourquoi nous sentons-nous perdus quand nous visitons ces pays que nous croyons connaître, quand nous essayons de comprendre leurs habitants, quand nous voulons améliorer nos connaissances ou nous faire des amis ?
Les Guides Culturels du Monde veulent être une aide pour ceux qui désirent mieux connaître une autre culture. Quand nous sommes brutalement plongés dans un autre monde, il faut adopter d'autres règles, accepter d'autres valeurs. Quelle est la place de l'homme dans la société ? Comment vivent ensemble les hommes et les femmes ? Comment se comporter en public et en privé ? Quel est le rôle de la religion ? Quelles sont les superstitions ? Où s'amusent les hommes et où travaillent-ils ? Comment font-ils la fête ? Comment accueillent-ils l'étranger et qu'attendent-ils de lui ? Comment doit se comporter le visiteur ?
Les cultures étrangères ne sont pas si éloignées de nous que nous le pensons. Les Guides Culturels du Monde retracent l'histoire et le développement des sociétés afin que nous comprenions leurs modes de vie et de pensée, que nous en sachions plus sur leur vie quotidienne. Il s'agit d'éviter qu'un choc culturel vienne dresser entre les peuples un mur d'incompréhension. Car plus on connaît les autres et mieux on les comprend.
Editions Pages du monde, 224 pages, 21 €, en librairie.

17 octobre 2008

Citation / Antoine Piazza

Ce livre d'Antoine Piazza est un roman. Mais Les ronces ressemble davantage à la chronique de quelques années vécues par le narrateur (l'auteur?) dans un village du Haut Languedoc. C'était au début des années 1980 et, parfois, on croit que c'était il y a bien plus longtemps. L'endroit semble hors du monde moderne et cela fait une partie de son charme. En même temps que cela crée des difficultés.
Mais je ne vais pas vous raconter l'ouvrage de cet auteur que j'avais découvert il y a quelques années avec un magnifique premier livre, Roman fleuve.
Si je parle des Ronces ici, c'est, vous l'avez deviné, pare qu'il y est question de Madagascar, dans l'histoire d'un policier, Henri Nègre, après sa démobilisation.
Les racines qui avaient attaché le jeune flic à son village ne se rompirent pas quand, après la guerre, on lui offrit le recrutement sur titre de commissaire, à Madagascar, c'est-à-dire aux antipodes, chez les mangeurs de criquets et de chair humaine. Les racines ne rompirent pas car le jeune homme était alors sous la tutelle de ses beaux-parents qui s'empressèrent de lui demander ce qu'il pouvait bien aller f... là-bas. Ces quelques mots suffirent à le contenir dans le bocal étanche de de sa petite vie et trente ans plus tard, il racontait volontiers l'épisode au premier passant venu. En riant. Avec ses baobabs corpulents et lisses comme des hercules de foire, Madagascar n'était rien à côté de l'apanage planté de châtaigniers greffés qu'il avait reçu en compensation.

Actes Sud, Babel, n° 904, 224 pages, 7,50 € (pages 103 et 104)

12 octobre 2008

Johary Ravaloson au forum littéraire du CCAC

Hier, Johary Ravaloson se prêtait au jeu des questions et des réponses dans la cadre d'un forum littéraire au CCAC.
Avant de l'interroger, et comme c'est la coutume, j'ai tracé de lui un petit portrait (subjectif et incomplet).
Je vous en livre le texte tel quel, amputé seulement des quelques lignes qui, au début, avaient pour fonction de faire sourire le public.

Regardez bien Johary Ravaloson. Parce que, si vous le croisez en ville un jour de semaine, vous risquez de ne pas le reconnaître. Il ne sera pas habillé de la même manière. Le costard-cravate est de mise dans le milieu juridique où il travaille – je dois dire qu’il endosse cet habit de circonstance avec une élégance certaine. Johary est docteur en droit – mais tous les chemins mènent à l’art, à la littérature… et au pays Zafimaniry.
Il est né à Tana – j’allais dire tout bêtement – en 1965. Il s’est posé en France dans les années 80, puis à la Réunion à la fin du siècle dernier – si, si, on peut le dire ainsi. Entre-temps, il avait rencontré Sophie Bazin, le genre de rencontre qui change la vie et lui donne une nouvelle orientation.
Nouvelle orientation géographique, puisque le retour dans l’Océan Indien n’était qu’un prélude au retour à Madagascar, décidé cette année.
Nouvelle orientation artistique aussi, parce que le travail de l’un allait nourrir le travail de l’autre, à moins que ce soit le contraire – en tout cas, bien des entreprises ont été menées ensemble, y compris le livre qui est le prétexte à la rencontre d’aujourd’hui : Sophie a accompagné Johary sur les sentiers du pays Zafimaniry et a pris les photos qui illustrent l’ouvrage.
Et nouvelle orientation dans la vie privée, sur laquelle je ne m’étendrai pas, sinon pour dire que, quand Johary rentre chez lui, avant même d’enlever sa cravate et son costard, il devient mari et père, un rôle qui lui va bien si j’en juge d’après les réactions de Félix et Zoé l’autre soir.
La sphère privée n’étant pas le sujet de ce forum, j’en reviens à la partie visible de la vie de notre invité. Elle impressionne. La première fois que je l’ai rencontré, il y a cinq ans, il avait investi Tana avec Sophie et quelques autres complices. Rebaptisé TsyKanto sy Tsimaninona, le couple avait réalisé expositions, performances et installations à l’espace Rarihasina et au CCAC, dans la galerie du regretté Richard Razafindrakoto, les balais avaient dansé dans l’ancien tribunal, près du Rova, au rythme des percussions de Ricky… J’en oublie. Paradoxalement, parce Johary et Sophie aiment utiliser les négations pour mieux affirmer, l’ensemble de la manifestation s’appelait « Padar à Tana » - Padar en un mot, mais on voit ce que voulait dire, par l’action, TsyKanto sy Tsimaninona.
Le couple utilise d’autres noms : ils sont aussi Arius et Mary Batiskaf. Leur maison d’édition, dans laquelle ils publient notamment des livres pour enfants – et Zafimaniry intime – s’appelle Dodo vole. On voit combien les mots sont importants dans cette démarche.
Forcément : Johary Ravaloson s’exprime aussi (j’ai envie de dire : surtout, mais ce ne serait que l’expression de mon propre intérêt), s’exprime donc aussi par la littérature.
En 2003, il a publié La porte du sud, prix de la nouvelle de l’Océan Indien. Il y relate une course de dahalo (des voleurs de zébus) dans le sud de Madagascar, sur le plateau pelé de l'Horombe. Il s'agit presque, comme on le sait, d'un sport traditionnel qui n'exclut pas pour autant la violence, surtout quand il s'agit de s'emparer d'un troupeau et pas seulement de quelques têtes de bétail.
Avec ses complices, le narrateur remonte vers le nord, ils poussent les bêtes devant eux dans la poussière, formant un convoi furieux sous la menace des gendarmes à leur poursuite avec des hélicoptères. S'ils arrivent à La porte du sud, ils pourront entrer dans le massif de l'Isalo et décourager les poursuivants avant d'aller vendre leur cheptel au marché d'Ambalavao.
Le récit est nerveux, entrecoupé de cris pour encourager les zébus à avancer, de pauses pour avaler du riz salé et de la viande boucanée, et aussitôt ça repart, avec cette impression de vitesse qui affole et disperse le regard.
C’était un coup d’essai très prometteur. Pas vraiment un coup d’essai, d’ailleurs, puisqu’il avait été précédé, en 1996, du Prix du Centre régional des œuvres universitaires, à Paris, pour une autre nouvelle, Heurt-terres et frappe-cornes
Johary ne pouvait pas en rester là. La voie du roman s’ouvrait devant lui, avec l’exigence que représente la distance du genre, la nécessité d'une construction, l'importance des personnages...
Mais voilà. Il semble capable de tout, cet écrivain-plasticien-vidéaste: il écrit Les larmes d'Ietsé, présente le texte au jury qui l'a déjà couronné pour sa nouvelle, et, en 2005, décroche un nouveau Grand prix de l'Océan Indien. La même année, il reçoit aussi le prix Williams Sassine en Belgique, pour une nouvelle qui sera publiée dans un recueil collectif.
Collectif est un mot qui lui va bien, on l'a compris avec "Padar à Tana". C'est donc tout naturellement qu'il trouve sa place dans le recueil où Dominique Ranaivoson publie, il y a deux ans, douze écrivains malgaches sous le titre Chroniques de Madagascar - elle était venue nous le présenter ici.
En ce qui concerne le roman, on en attend encore la publication. Mais un extrait en est paru cette année dans L'archipel des lettres. C'est le début. Je vous le lis:
Depuis quelque temps, Ietsé se réveillait alors que rien vraisemblablement n'aurait dû troubler ses nuits. Souvent, à ces moments, aucun grillon ne stridulait, aucun hibou, chat-huant ne hululait. Les chauves-souris semblaient avoir interrompu leurs volettements voraces et ne produisaient plus ce flap-flap caractéristique de leurs ailes sans poils battant l'air. Il n'y avait même pas de brise qui aurait froissé quelque peu les feuillages des arbres. Le bois habituellement craquetant dans la vieille maison se taisait. Aucun frottement ni agitation ne se percevait sous les draps du lit conjugal. A croire que le silence le tirait du sommeil.
Il y a un autre roman, aussi - au moins un -, Géotropique, je pense qu'on aura l'occasion d'en parler plus tard, ainsi que de bien d'autres écrits. Car je pressens qu'on n'en a pas fini avec Johary Ravaloson et qu'il nous réserve encore bien des surprises - de bonnes surprises.
Aujourd'hui, donc, il y a ce Zafimaniry intime, un récit de voyage, une approche lente qui prend son temps puisqu'avec Sophie il a pris dix ans pour connaître la région, l'art, les hommes et les femmes.
Je vais vous avouer une chose que je n'ai pas osé lui dire encore: ce livre, je croyais qu'il ne l'écrirait jamais. Ou du moins qu'il ne serait jamais terminé. Il m'en parlait depuis longtemps, mais j'avais l'impression que les séjours chez les Zafimaniry étaient devenus plus importants pour lui que l'ouvrage auquel il avait pensé. Je m'étais trompé, et je m'en réjouis.
D'autant que le livre est beau. Pas seulement à cause du texte. Pas seulement à cause des photos. Mais aussi parce que le choix du format, la mise en page, la typographie, tout y a été réalisé avec un goût très sûr.
En outre, et c'est la deuxième fois que cela nous arrive en peu de temps, après Madagascar 1947 de Raharimanana dont nous parlions ici même en septembre, il s'agit d'un ouvrage bilingue, en français et en malgache. Je crois très sincèrement qu'il faut féliciter notre invité pour les choix qu'il a effectués, pour nous avoir donné ce livre, pour avoir passé du temps à chercher... à chercher quoi, au fait?
Peut-être va-t-il nous le dire, et même nous dire aussi ce qu'il a trouvé.

10 octobre 2008

Le Clézio, notre voisin


Le Clézio prix Nobel de littérature, voilà ce que j'appelle une excellente nouvelle. Il est depuis longtemps l'écrivain français auquel je suis le plus attaché, j'ai eu la chance de le rencontrer plusieurs fois et son oeuvre occupe une place très importante dans la littérature contemporaine.
En outre, il est notre voisin. Il aime à rappeler qu'il a deux passeports, l'un français, l'autre mauricien, et il ne manque jamais d'en parler.
Hier, par exemple, lors de la conférence de presse qu'il a donnée chez Gallimard, son éditeur:
C’est aussi au nom de l’île Maurice que je suis très heureux d’avoir reçu ce prix. L’île Maurice est une petite nation indépendante, qui ne reçoit aucune subvention pour la culture française, et qui, malgré cela, se bat pour faire vivre la langue française.
Il y a quelques années, le Centre culturel Albert Camus avait essayé de le faire venir pour rencontrer le public de Tana dans le cadre d'un forum littéraire - j'avais, il est vrai, un peu insisté. Malheureusement, cela ne s'était pas fait.
Une autre fois, peut-être?
En attendant, on peut le lire et le relire, ce n'est jamais du temps perdu.

7 octobre 2008

Johnny confirme : Madagascar le 15 septembre

Cela fait moins d'un an à attendre. Une broutille pour les fans.
Johnny Halliday a présenté hier à Saint-Etienne le programme de sa tournée d'adieu: Route 66. M'arrêter là.
Décodage: il aura 66 ans, il s'arrête...
Dans cette ultime tournée des stades, le gigantisme sera de mise entre mai et juillet prochain.
Puis, le 15 septembre 2009, il sera à Madagascar, au profit de l'Unicef, pour laquelle intervient sa femme Laeticia.
Ce sera peut-être son tout dernier concert, à moins qu'un projet au Vietnam, non encore confirmé, se concrétise.
Je vous avais déjà dit tout ça. Mais une confirmation venue de l'artiste lui-même est toujours donne à prendre.

3 octobre 2008

Où est le scandale ?


Le Journal de l'Ile de la Réunion l'annonçait il y a quelques jours:
Un enseignant de lettres a été suspendu vendredi par le rectorat : le texte qu’il avait donné à ses élèves a été jugé “tendancieux, polémique et provocateur”. Le rôle critique de la nouvelle de Jean-Luc Raharimanana, qui dénonce les massacres et leur médiatisation, n’a pas été spontanément perçu par les parents.
Raharimanana, polémiste et provocateur?
Certes, je crois même qu'il serait prêt à le revendiquer. Sa littérature n'appartient pas à la catégorie lénifiante. Elle n'est pas de tout repos. Elle bouscule, secoue, fournit matière à réflexion - cette réflexion qui, à moins que je me trompe beaucoup, est une des bases de la formation prodiguée par l'enseignement.
Ah! il y avait un autre qualificatif: "tendancieux"... On peut mettre tout ce qu'on veut, et même le contraire, là-dedans. En ce qui me concerne, si cela veut dire que Raharimanana est "tendance", à la mode, ça me va...
L'extrait de Rêves sous le linceul donné à lire à des jeunes d'une quinzaine d'années est âpre, douloureux.
Très bien, ça me va aussi.
J'ai assez souffert de cours de français où les textes proposés étaient d'une insupportable mièvrerie pour ne pas me réjouir d'une "audace" toute relative. Car enfin, lisez ce livre, vous verrez pas vous-mêmes.
Parler de pornographie à son sujet ne peut se faire que si l'on a depuis toujours fermé les yeux sur la violence du monde. Car voilà bien la pornographie d'aujourd'hui, l'insupportable fracas que Raharimanana dénonce à sa manière, avec ses mots, et avec talent.
Le talent est-il une non-valeur?
S'il faut en croire Libération, rendant compte du Festival des Francophonies à Limoges, où la pièce 47, de Raharimanana (encore lui, donc) était jouée, peut-être.
La première du spectacle, il y a dix jours, au centre culturel français d’Antananarivo, a fait tiquer l’ambassade de France.
Je ne sais pas d'où vient cette information, et je n'étais pas à la représentation...
Pour en revenir à cette malheureuse affaire de professeur suspendu à la Réunion, une chose est rassurante: les réactions des lecteurs à l'article sont, dans leur très grande majorité, favorables à l'enseignant. Ouf!

Et pour finir cette note sur une tonalité plus sereine - sans quitter la Réunion -, ce petit extrait d'un livre qui vient de paraître, signé Bernard-Henri Lévy et Michel Houellebecq. Ennemis publics est une correspondance entre les deux écrivains. On y trouve, sous la plume de Houellebecq (pour lequel je n'éprouve pas une grande affection), ce passage:
J'ai vu ma mère assez peu de fois dans ma vie, une quinzaine tout au plus, mais un jour où elle m'a vraiment écœuré est celui où elle m'a raconté avoir croisé par hasard, à la Réunion, mon ancienne nounou malgache, et que celle-ci lui avait demandé de mes nouvelles. Elle trouvait ça marrant, incongru, que mon ancienne nounou malgache, trente ans plus tard, demande de mes nouvelles; moi, je trouvais ça bouleversant, mais je n'ai même pas essayé de lui expliquer pourquoi.
Cela me le rend plus humain.