30 août 2013

Il y a 100 ans : Régime de la vanilline

M. Maurice Simon a déposé sur le bureau de l’Union Coloniale quelques exemplaires imprimés de la proposition de loi, définitivement au point, tendant à différencier les produits aromatisés avec de la vanille naturelle de ceux parfumés à la vanilline. Cette proposition, qui s’inspire de la loi du 1er août 1905 sur la répression des fraudes, a été élaborée, on le sait, par la Section de Madagascar d’accord avec le Syndic des Planteurs de vanille. Il ne reste plus qu’à recueillir le nombre requis de signatures pour qu’elle puisse être présentée au Parlement. M. Maurice Simon s’y emploie d’accord avec M. Chailley : plusieurs députés socialistes ont déjà donné leur adhésion. L’affaire est donc en très bonne voie.
Le projet de loi, précédé d’un exposé des motifs qui justifie la nécessité de la réforme, est ainsi conçu :
Art. 1er. – Nul ne pourra exposer, mettre en vente ou vendre des produits portant la mention : « Parfumé à la vanilline », « vanilliné », ou toute autre ayant pour but d’indiquer que le produit est aromatisé au moyen d’un succédané chimique de la vanille, si cette mention n’est pas immédiatement suivie des mots : « Arôme artificiel ».
Le qualificatif arôme artificiel devra être inscrit sans abréviation, en caractères de dimensions au moins égales à celle des mots désignant l’arôme dont il a pour but de spécifier la nature.
Art. 2. – Toute infraction à la disposition qui précède sera punie d’une amende de seize francs (16 fr.) à cinquante francs (50 fr.).
Au cas de récidive constatée dans l’année de la condamnation, l’amende sera de cinquante francs (50 fr.) à cinq cents francs (500 fr.).
Au cas de nouvelle infraction constatée dans l’année qui suivra la deuxième condamnation, l’amende sera de cinq cents francs (500 fr.) à mille francs (1 000 fr.), et un emprisonnement de six jours à quinze jours pourra être prononcé.

Le Progrès de Madagascar

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29 août 2013

Il y a 100 ans : Monsieur le Gouverneur Général et Madame Picquié à Tamatave

Reprenant la tradition du général Galliéni, Monsieur le Gouverneur Général et Madame Picquié sont arrivés hier soir à Tamatave pour y séjourner quelque temps.
Mais alors que le général Galliéni avait coutume de faire annoncer d’avance sa venue à son de trompe, pour ainsi dire, et d’arriver dans le plus grand apparat, Monsieur Picquié vient à nous d’une façon plus démocratique.
Aucun journal n’avait annoncé sa venue à Tamatave ; de sorte que les habitants de Tamatave qui auraient été heureux d’aller le saluer à son arrivée, ont calculé que le train le portant n’arriverait que vers neuf heures.
Aussi ont-ils, en attendant, tranquillement pris leur repas du soir. Seuls quelques privilégiés ont appris que l’heure serait devancée, et ils ont pu arriver à temps car le train amenant le Gouverneur Général et sa suite est entré en gare à 6 heures ¾.
Malgré cela, un groupe considérable de Tamataviens s’est trouvé sur le quai pour le saluer, et sur le trajet du gouvernement général, Monsieur Picquié a pu remarquer des groupes nombreux qui se hâtaient vers la gare, mais trop tard.
Nous ne saurions blâmer Monsieur Picquié de la simplicité et des goûts démocratiques qu’il manifeste.
La population entière n’en est pas moins heureuse de son arrivée et nous croyons être les interprètes fidèles de ses sentiments, en lui présentant et en mettant aux pieds de Madame Picquié, l’hommage de son respectueux dévouement et de sa vive reconnaissance.
Le Tamatave

Une ignominie

Le nommé Rainibiby, du gouvernement d’Ambohimanarina, malade et dénué de ressources, se faisait transporter chez sa sœur et expirait le 13 juillet dernier ; or, le permis d’inhumer n’était donné que le 18, quatre jours après le délai normal, parce que le défunt n’avait pas acquitté ses impôts et que sa sœur se refusait à les payer. L’autorité n’avait pas hésité à user de cet horrible moyen de pression sur la malheureuse : le spectacle du cadavre de son frère en décomposition !

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28 août 2013

Il y a 100 ans : Derniers gestes

M. Picquié fait annoncer par son fidèle Courrier Colonial qu’ayant heureusement tourné le cap des tempêtes lors de la dernière discussion du budget, il ne rentrera que « quand il le jugera bon : on prête à M. Picquié et à ses amis des intentions qu’ils n’ont certainement pas. »
Certes, et nous sommes les premiers à répéter ce que nous avons dit maintes fois : le fromage est trop confortable pour que notre premier budgétivore l’abandonne délibérément et sans regrets.
On sait d’ailleurs comment l’intéressé a racolé des pétitions malgaches, femmes, enfants, illettrés même, suppléés dans la signature par les émissaires de la Secrète, pour essayer de donner le change sur le sentiment d’antipathie générale.
Ce qu’on ignore, c’est qu’il a eu recours, comme le plus humble des employés, à un certificat médical complaisant.
Oh, ce certificat médical ! Qu’on imagine l’accueil ministériel devant l’attestation que l’auguste malade avait bon pied, bon œil et les méninges intactes !
Et, fiévreusement, M. Picquié attend la réponse à sa demande de prolongation de séjour, car son mandat vient à expiration en octobre prochain. En attendant, il essaie de donner l’illusion d’un reste de vie par un transport, tel un colis, sur la Côte Ouest.
Aux États-Unis, on l’eût proclamé depuis longtemps indésirable et, comme tel, embarqué d’office sur le premier paquebot en partance. Mais nous sommes dans une Colonie française et c’est bien le moins qu’elle serve de refuge aux vieilles épaves de la Métropole.

Petite manœuvre

Pour appuyer sa demande de prolongation, M. Picquié l’a faite précéder d’un câblogramme au Ministre des Colonies rendant compte bien tardivement des résultats définitifs de l’exercice 1912, soit un excédent de recettes d’un peu plus de 5 millions à verser dans la caisse de réserve.
C’est là une malice cousue de fil blanc, personne n’ignorant que ce résultat a été atteint en dépit de la présence du gouverneur et n’est dû qu’à l’élan vigoureux imprimé par ses prédécesseurs.

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27 août 2013

Il y a 100 ans : La reine Ranavalo à Paris

Ranavalo, l’ex-reine de Madagascar, est arrivée à Paris. À peine installée, elle a reçu la visite d’un de nos confrères qui l’a interrogée sur ses impressions et ses sentiments actuels. La petite reine n’est pas bien gaie, et quand elle parle, on croirait, paraît-il, qu’elle fait un effort qui la fatigue :
« On a dit que j’étais contente de mon sort, continue la reine, que j’aimais Paris. Oh ! non, Monsieur, je n’aime pas Paris : il est trop vif (sic). Je ne suis pas habituée à cette vie-là. J’aime les Français, qui ont rendu de grands services à mon peuple et qui ont été bons pour moi. Hélas ! le gouvernement de la République peut, par ses libéralités, me faire oublier une couronne, mais pas un berceau ! »
À une autre question, elle réplique :
« J’aime la campagne, parce que je n’ai qu’une affection : la solitude. »
Une des distractions de Ranavalo est la lecture.
« Je lis des pièces de théâtre. Je les lis toutes, mais je ne vais pas aux représentations. Je ne fais pas de promenades en auto non plus. Je voudrais toujours marcher. C’est là mon sport de prédilection.
À Tananarive, je faisais plusieurs fois, au palais, le tour du parc, qui était immense. Mon parc ! Où est-il maintenant ? Il y a des maisons comme ici, m’a-t-on dit, à Tananarive. »
Ce souvenir attriste quelque peu l’ex-reine et, regardant une photographie de son ancien parc royal, elle ajoute :
« Ma mère m’endormait sur cette pelouse, au pied de ce palmier… Voyez cet oiseau de paradis qui est là. C’est Kick-uit, du moins je lui avais donné ce nom. Il venait manger dans ma main ; une balle l’a tué. Oh ! je l’aimais bien ; un jour, mon père… »
La reine s’arrêta, une larme perla au coin de sa paupière… et notre confrère, tout ému, se retira laissant l’ex-reine à ses lointains souvenirs…
Le Rappel

Brillant succès à signaler

D’une correspondance de la Réunion, nous apprenons que, aux examens pour le brevet élémentaire qui ont eu lieu à St-Denis, Mlle Marianne Le Garrec a été reçue la première sur soixante candidats.
C’est un succès pour Tamatave et aussi pour les excellentes maîtresses qui ont su à ce point développer les dispositions naturelles de leur élève.

Le Tamatave

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26 août 2013

Il y a 100 ans : Le port de Tamatave (3)

(Suite et fin.)
Au point de vue financier, les moyens de la colonie sont tout à fait suffisants.
La colonie engagerait en travaux pour 31 millions.
Railway d’Antsirabe : 14 millions
Port de Tamatave : 15 millions
Total : 31 millions [sic]
En 1911 et 1912, 5 millions et plus ont déjà été dépensés pour la ligne ferrée, il ne resterait à pourvoir qu’à 26 millions.
La situation de la caisse de réserve, en réduisant les excédents futurs à 4 millions par an, chiffre inférieur à la moyenne (cet excédent a atteint 6 millions cette année), permet d’alimenter le budget des travaux publics, sans toucher aux valeurs en portefeuille : 12 millions. Il suffit, en effet, pendant cinq ans, durée prévue des travaux, de puiser dans la caisse 4 ou 5 millions par an : c’est à peine le chiffre des excédents.
En se passant de l’emprunt, la colonie réalise les avantages que voici :
1° Elle peut gagner au moins un an, et commencer de suite ses travaux que retarderaient l’autorisation et la conclusion de l’emprunt ;
2° Les droits de port, toutes les opérations au débarquement et à l’embarquement seront dégrevés de la charge qu’imposeraient l’intérêt et l’amortissement de l’emprunt. Le port sera maître de ses tarifs, pouvant les réduire au point le plus bas, celui correspondant aux frais d’exploitation et d’entretien, comme il a été fait pour le chemin de fer. Le port sera le type du service public à rôle économique et non fiscal ;
3° La réalisation totale des fonds d’emprunt n’est point désirable. Pour ne pas déterminer de trouble dangereux dans la vie économique du pays, il est prudent de ne pas accumuler les travaux et les dépenses sur un bref laps de temps, mais de les répartir sur un espace assez long. J’ajoute que la capacité des entrepreneurs et de la main-d’œuvre à Madagascar ne dépasse pas 5 ou 6 millions de travaux par an, et que posséder, en caisse, des sommes plus élevées, serait s’imposer à payer les intérêts sans compensation.
Pas d’emprunt, mais le port de Tamatave au plus tôt.
Victor Augagneur.
Député du Rhône, ancien Ministre, ancien Gouverneur Général de Madagascar.

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25 août 2013

Il y a 100 ans : Le port de Tamatave (2)

(Suite.)
Instruit par l’histoire de son prédécesseur, le gouverneur général de Madagascar a-t-il voulu éviter les mêmes luttes et se donner des alliés ? Il serait excusable, s’il n’aime pas la lutte, mais le ministre a été bien inspiré en lui prescrivant de se passer d’un emprunt.
L’établissement du port de Tamatave est de première urgence. À mon avis, une fois le terminus du railway prolongé jusqu’à la mer, c’était la première œuvre à entreprendre. À Madagascar, on a préféré poursuivre le rail jusqu’à Antsirabe : c’était une erreur, à mon avis. Le port de Tamatave était, en quelque sorte, la gare terminus indispensable. Les difficultés et les frais de débarquement sont considérables. Ils grèvent le prix du fret d’au moins cinq francs par tonne, chiffre énorme quand il pèse sur des matières de peu de volume comme beaucoup de celles exportées par la colonie.
Je doute que le tonnage provenant de la région d’Antsirabe, après ouverture de la ligne nouvelle, équivaille, par son importance, aux bénéfices à tirer du port de Tamatave. La ligne sur Antsirabe devait être exécutée, mais plus tard, après l’ouverture du port, après même l’embranchement Ambatondrazaka-Mangoro, abandonné ou ajourné je ne m’explique pas pour quelles raisons.
Le ministre a bien fait de repousser cet emprunt inutile, mais il serait impardonnable de retarder la construction et l’aménagement du port.
En supprimant les formalités attachées à la réalisation d’un emprunt, la préparation d’un projet de loi, son vote par le Parlement, les délais nécessités par l’émission, etc., etc., il aura beaucoup hâté la réalisation d’un projet indispensable. En outre, les études concluent à l’approfondissement du bassin d’Hastie, seule conception logique et raisonnable, ont été poursuivies par M. l’ingénieur Bourguignon, envoyé en mission spéciale. L’Inspection des travaux publics du ministère n’a plus qu’à laisser faire les services locaux ; le ministre lui persuadera, je pense, que son rôle n’est pas d’entraver ceux qui exécutent, et, sur place, voient, avec netteté, les moyens d’exécution.
(À suivre.)

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23 août 2013

Il y a 100 ans : Le port de Tamatave (1)

J’entends dire – le ministre des Colonies ne me faisant pas ses confidences, – que l’administration de la rue Oudinot aurait refusé au gouverneur général de Madagascar, l’autorisation d’émettre un emprunt destiné à l’établissement du port de Tamatave.
Pour cette fois, j’approuve pleinement l’attitude du ministre des Colonies. La colonie de Madagascar est en état de payer les travaux du port de Tamatave sur ses ressources ordinaires, et je n’ai jamais compris comment se justifiait le projet d’emprunt.
Oh ! je sais bien que les gouverneurs ont une excellente presse quand ils empruntent. C’est à qui, dans certaines feuilles, hélas ! trop nombreuses, célébrera leurs éminentes qualités d’administrateurs. Du moment qu’ils donnent leur clientèle aux banquiers, émetteurs de titres étrangers et coloniaux, ils sont réputés économistes avertis et prévoyants, comprenant la nécessité de vastes entreprises, appuyées sur de non moins vastes capitaux. Ils peuvent, à d’autres points de vue, accumuler les sottises, personne ne les relèvera.
Ceux des gouverneurs, dont la situation, en raison de l’esprit favorable de leur personnel et des colons, n’a pas besoin d’être consolidée, trouvent pour l’exécution de leurs entreprises, dans la complicité des prêteurs, un concours extrêmement utile. Telle affaire qui traînera indéfiniment de bureau en bureau, si la colonie qui la propose est seule à la défendre contre l’inaction ou l’hostilité de la rue Oudinot, sera approuvée et revêtue de toutes les autorisations sacramentelles, en un tour de main, si des prêteurs éventuels, dont l’influence est énorme, sont intéressés à la voir aboutir.
Tel railway africain, d’utilité contestable, a été autorisé sans coup férir : la terminaison du chemin de fer de Madagascar s’est heurtée, pendant deux ans, à la mauvaise volonté du Département. Le gouverneur de Madagascar avait eu le mauvais goût de construire son chemin de fer, sans emprunt, sur les ressources de son budget normal : qui donc avait, en dehors de la colonie, intérêt à voir aboutir cette entreprise ? Par contre, toutes les banques, avec leurs bulletins financiers, soutenaient les projets africains faisant appel à leur concours.
(À suivre.)

Les Annales coloniales

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22 août 2013

Il y a 100 ans : Ethnographie malgache

On connaît, à Madagascar, de nombreuses races d’individus, on les a décrites ; les géographes les ont énumérées et nous ont appris l’existence : des Baras, des Tanalas, des Sakalavas, des Hovas, etc., mais il est trois tribus dont ils n’ont jamais parlé et qui, cependant, méritent une mention spéciale.
Ce sont les tribus : des Z’Aptatout, découverte par H. Cosnier, député de l’Indre, celle des Zim-boum-boumistes, par le Dr Legrain-de-Bougie et celle des Béni-Oui-oui, connue de tous les Algériens.
La première vient d’avoir les honneurs de la presse dans les Annales coloniales (le journal cher à Picquié), où M. H. Cosnier s’étend longuement sur son importance en A. O. F. et sur les ravages qu’elle y cause. Il en est de même à Madagascar, où l’on trouve :
Des Militaires : Ingénieurs, juges, conseillers à la Cour p. i. ;
Des Gendarmes : Directeurs d’asiles ou d’hôpitaux ;
Des incapables sans expérience : Directeurs de n’importe quoi… ;
Des Médecins : Examinateurs au baccalauréat ;
Des Administrateurs : Entrepreneurs de routes et de constructions, juges, etc., ou, enfin, le grand chef lui-même,
Ancien commissaire de marine ;
Ancien conseiller d’État ;
Ancien inspecteur des Colonies ;
Ancien directeur de Contrôle ;
(très ancien, comme on le voit) est le premier, le plus illustre des Z’Aptatout puisque le voilà, maintenant, Gouverneur Général.
Il l’est aussi des Zim-boum-boumistes, et nul même que lui, ne s’entend à vanter les mérites et les bienfaits de son administration. Il faut l’entendre, après boire, discourant entre intimes, rabâcher les grands mots de : Liberté !… Justice !… Progrès !… Colonisation !… Importations et exportations !… toute la Lyre, enfin !!!…
Enfin, Il est le Commandeur de la tribu des Béni-Oui-oui ; nous la connaissons tous, celle-là. Elle se compose, dans ses fonctions d’assemblées délibérantes ou consultatives : Conseil d’Administration, Commissions municipales, de membres qui sont, ou des fonctionnaires soumis au pouvoir ou des personnalités soigneusement choisies par l’Autorité pour couvrir d’une apparente collaboration les bévues et les injustices du maître.

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21 août 2013

Il y a 100 ans : Du café sans caféine dans la montagne d’Ambre et à Fort-Dauphin

Des cafés, naturellement dépourvus de caféine, avaient été depuis longtemps signalés aux Comores, et cette particularité avait été attribuée à des conditions physiologiques anormales des arbustes producteurs. On a reconnu que les arbustes qui, dans l’archipel, donnaient cette sorte de café appartenaient à l’espèce appelée Coffea Humblotiana.
Récemment, on a décrit trois nouvelles espèces de cafés sans caféine, obtenus dans la montagne d’Ambre, à Madagascar. Ils n’ont actuellement aucune importance ; mais, à cause des méfaits attribués à la caféine, un grand avenir leur est réservé. La baie diffère par diverses particularités, notamment par sa faible teneur en protéine.
M. Carle, chef du service de l’Agriculture de la Grande Île, a indiqué que, dans ces grains, la caféine est remplacée par la cafamarine, substance amère communiquant au breuvage un goût désagréable qui va même jusqu’à rappeler la quinine. Une culture rationnelle pourra faire disparaître cette amertume.
On a envoyé en France des échantillons d’un café sans caféine de la région de Fort-Dauphin produit par un arbuste que les indigènes nomment Mantasaka. Sa hauteur moyenne est de 5 m. 50. Il ressemble au caféier ordinaire mais avec des feuilles plus petites. La baie rappelle celle du caféier ordinaire, toutefois au lieu d’être rouge, elle prend une teinte jaunâtre à maturité.
Les échantillons ont donné à l’analyse les chiffres ci-après :
Pour le grain grillé et p. 100 : eau 2 ; caféine 0,06 ; matières grasses 19,30 ; sels divers 2,80. Pour le grain vert : eau 6,66 p. 100 ; caféine 0,05 ; matières grasses 19,40 ; sels 2,70.
Ces cafés renferment donc beaucoup plus de corps gras que les autres variétés. Mais les expériences ne sont pas assez concluantes pour affirmer qu’il y a là une variété de café chimiquement distincte.
L’intérêt de ces cafés réside donc dans ce fait que leur teneur en caféine est nulle ou à peu près. Elle est même inférieure à celle des marcs de café préparés artificiellement et vendus sous le nom de cafés sans caféine.

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19 août 2013

Il y a 100 ans : L’assassinat du Chinois de la place Bien-Aimé

Dans la nuit du 1er juillet au 2, un pauvre Chinois a été lâchement assassiné en pleine ville de Tamatave. Le pauvre fils du ciel a été lardé à coups de couteau. Un cordonnier a été arrêté comme auteur présumé de cet assassinat. L’unique charge qui pèse sur le malheureux, c’est qu’on aurait trouvé, sur le lieu du crime, un tranchet, outil dont servent non pas particulièrement le cordonnier arrêté, mais tous les disciples de St-Crépin en général.
La police voulait avoir un coupable et au risque de faire fiasco elle a mis sous les verrous un inoffensif Créole. Dès la première heure, sitôt que la population tamatavienne eut assisté au spectacle horrible de ce vieux Chinois lardé à coups de couteau, un unique cri s’est échappé de toutes les poitrines angoissées. C’est un crime chinois… Des Chinois eux-mêmes dirent : ça n’a pas créole, ça n’a pas malgache… ça chinois comment li… il y a des loteries chinoises à Tamatave… la victime avait la passion du jeu… Lundi 30 juin, il a été tiré les numéros 14, 9, 32, 7 et 28. La victime n’aurait-elle pas joué sur les numéros 7 et 28 et n’aurait-elle pas gagné une somme assez importante sur les 2 numéros et au moment du règlement ne s’est-il pas produit un colloque entre le Chinois assassiné et le Chinois tenancier du tripot ? Et le lendemain soir le Chinois qui avait gagné et qui n’avait pas été réglé était trouvé assassiné… C’est un fait à être vérifié.

Nouvelle cure

Ce n’est pas sur la côte Est, comme nous l’avons précédemment annoncé, mais sur la côte Ouest, que M. Picquié va poursuivre sa cure si heureusement commencée à Antsirabe : c’est Morondava qui a été choisi à raison du mauvais esprit qui souffle un peu partout dans tous les centres de colons : Tamatave, Diégo, Majunga.
Morondava, ville chaude et peu humide, est d’ailleurs particulièrement favorable aux rhumatismes, ce qui explique l’intérêt subit que lui porte M. Picquié.

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18 août 2013

Il y a 100 ans : M. le Gouverneur Général à Ambohimasina (3)

(Suite et fin.)
Monsieur Picquié visita ensuite l’hôpital et dans l’après-midi il présida un vin d’honneur que lui offrirent les notables du district de Betafo, dans une salle très bien décoré de verdure et pavoisée.
Un des notables renouvela au Gouverneur Général les remerciements de la population pour la visite qu’il venait lui faire si loin à deux heures du désert, dit-il. La France avait déjà fait beaucoup pour le peuple malgache, en créant des écoles dans tous les faritany, en construisant des hôpitaux pour ses malades, des routes qui sillonnent les contrées. Personne cependant, durant les 18 ans qui se sont écoulés depuis l’occupation française, n’aurait pensé qu’un jour une automobile conduirait à Ambohimasina le Représentant de la France et qu’un chemin de fer viendrait jusque dans le centre de la province de Vakinankaratra.
Monsieur le Gouverneur Général Picquié exprima sa satisfaction de se trouver au milieu d’une population si accueillante, qui travaille et est heureuse. Aimant les peuples qui travaillent et désirant les aider, il avait décidé pour cela la construction du chemin de fer du centre qui viendra jusqu’à Betafo et plus tard dans toutes les parties de l’Île. Le désert bientôt n’existera plus car la France qui est généreuse y créera pour le féconder des irrigations et des chemins de fer. Grâce à ses efforts et à son activité, elle fait avancer la voie ferrée qui sera demain à Behenjy, ensuite à Ambatolampy, à Antsirabe et à Betafo. Tous ces efforts et cette activité, la France les fait uniquement pour accroître la richesse de la population malgache, pour augmenter son bonheur. Et ceci elle doit bien le savoir et le répéter à ses enfants pour qu’ils marchent aussi dans cette voie, qu’ils travaillent et qu’ils soient heureux.
Après un mot d’encouragement pour tous, Monsieur Picquié se retira acclamé par les indigènes, enchanté de l’état d’esprit de ces populations qu’il voyait pour la première fois, de l’importance de cette manifestation économique et plein d’espoir pour l’avenir de cette belle et riche région qui ne demande qu’à prospérer et se développer.

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13 août 2013

Il y a 100 ans : M. le Gouverneur Général Picquié à Ambohimasina (2)

(Suite.)
Monsieur le Gouverneur Général Picquié remercia Rainijaonary des sentiments qu’il venait d’exprimer au nom de tous. « Je désire saluer tous les enfants de la République française, même ceux qui habitent dans les régions les plus reculées. Ce n’est pas pour ennuyer les Malgaches qu’on les pousse à faire des routes : c’est parce qu’elles sont un élément de richesse, qu’elles assurent les communications, facilitent la vente des produits et qu’elles réduisent les prix de transports en permettant la circulation des charrettes au lieu du transport à dos d’homme beaucoup plus cher. Grâce à ces moyens de communication, tous vos produits seront vendus ; vous verrez s’accroître vos richesses, vous pourrez vous acheter des vêtements, des meubles, avoir une hygiène meilleure et des enfants mieux portant.
« Je vous conseille donc fermement de continuer à travailler, surtout maintenant où la tranquillité est assurée par la force des armes de la France et aussi par sa justice et sa bonté. Vous n’avez plus à craindre les pillages des Sakalava qui ne songent plus à voler mais, comme vous, à travailler. Lorsque bientôt une route reliera votre région à celle de Miandrivazo vous les verrez venir jusque chez vous pour vendre leurs produits. Ainsi peu à peu tous les peuples de Madagascar se verront, se connaîtront et se comprendront et ainsi sera réalisé le vœu de votre grand roi Andrianampoinimerina.
« Et si quelques-uns n’écoutent pas les conseils que je viens de leur donner jusqu’ici, ils seront punis car la France qui est bonne pour les braves gens est impitoyable pour les mauvais. »
Après ce kabary qui fut très écouté et applaudi par tous les indigènes, Monsieur le Gouverneur Général Picquié visita l’une après l’autre les nombreuses sections de la foire. Les étalages de vêtements et de toile étaient particulièrement nombreux. Plus de 80 charrettes étaient déjà arrivées chargées de toutes sortes de marchandises, 2 000 bœufs et autant de porcs se trouvaient réunis dans les parcs entourant le champ de foire.
(À suivre.)

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12 août 2013

Il y a 100 ans : M. le Gouverneur Général Picquié à Ambohimasina (1)

Continuant sa visite de la province du Vakinankaratra, M. le Gouverneur Général Picquié s’est rendu en juin dernier à Ambohimasina, gouvernement de 20 000 habitants du district de Betafo, pour inaugurer la nouvelle route carrossable reliant Betafo à Ambohimasina et la foire récemment créée dans cette dernière localité.
Cette route, qui traverse de nombreux champs de blé, des rizières abondamment arrosées par l’eau du canal d’irrigation de l’Ilempona, bordée de collines dont différentes cultures gagnent de plus en plus les sommets, est large, carrossable et coupée de ponts en bois très solides.
À l’entrée et à la sortie de tous les villages, des arcs de triomphe avaient été dressés, les maisons étaient pavoisées et de nombreux indigènes, faisant la haie, acclamaient le Gouverneur Général à son passage.
Une foule énorme attendait M. Picquié à Ambohimasina où il fut reçu par Messieurs les administrateurs chefs de province et de district, les membres de la colonie européenne et les notables indigènes. L’un d’eux, Rainijoanary, ex-gouverneur principal, remercia, au nom de tous les habitants du district de Betafo et particulièrement de ceux d’Ambohimasina, le Gouverneur Général de sa visite.
« Grâce aux mesures énergiques que vous avez prises, Monsieur le Gouverneur Général, pour réprimer les vols de bœufs et arrêter les incursions sakalava, nous n’avons plus à craindre que l’on vienne jusqu’ici voler nos femmes, nos enfants et nos biens comme je l’ai vu faire moi-même longtemps.
« Maintenant l’ordre et la sécurité règnent partout ; nos troupeaux peuvent paître sans crainte et l’élevage et l’agriculture prennent de jour en jour une extension plus grande. La population du Vakinankaratra est reconnaissante à la France de tout ce qu’elle a fait pour elle. Elle a toujours été d’un loyalisme absolu envers le Gouvernement français et elle est heureuse aujourd’hui devant son représentant, venu pour la première fois parmi elle, de lui donner à nouveau l’assurance de son attachement et de son entière soumission. »
(À suivre.)

Le Tamatave

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11 août 2013

Il y a 100 ans : La Fête nationale à Tananarive (2)

(Suite et fin.)
Le Gouverneur arriva en voiture accompagné de son officier d’ordonnance qui, en descendant, lui donna une leçon de souplesse et de légèreté qui pour un peu plus fut funeste au maître, lequel en tentant de l’imiter, manqua de faire un plongeon.
À l’heure précise, le Général commandant Supérieur suivi de son État-major passa en revue le front des troupes et vint prendre place dans la tribune officielle, à droite du Gouverneur ; puis les troupes allèrent prendre place pour le défilé qui commença aussitôt.
Le défilé terminé, la dislocation des troupes se fit rapidement et le public se dispersa, commentant la belle tenue de notre garnison.
La foule se porta ensuite au lac d’Anosy et à Mahamasina où des jeux divers avaient été organisés.
Le feu d’artifice
Un feu d’artifice terminait la fête, feu d’artifice, comme tous ceux que nous avons jusqu’ici à Tananarive, tiré avec une lenteur désespérante, au grand dam des disciples de Terpsichore qui en attendaient la fin avec impatience.
En dehors de quelques fusées aux vives couleurs, d’une ombre de pièce et d’un bouquet d’ailleurs très quelconque, rien de bien merveilleux. Les contribuables, surtout les Malgaches très friands de ces fêtes, n’en ont pas eu pour leur argent.
À la Résidence
Les soirées officielles se ressemblent toutes, les fonctionnaires sont tenus d’être présents et n’y manquent point, non qu’ils soient enthousiastes d’accomplir ce que beaucoup d’entre eux considèrent comme une corvée ; ils forment avec les officiers la grande majorité de l’assistance. La soirée du 14 juillet 1913 ressembla à s’y méprendre à celle du 14 juillet 1912, c’est-à-dire qu’elle fut comme les autres, malgré l’élégance déployée par les Tananariviennes qui se font une fête de ces soirées.
Et ainsi furent clôturées ces fêtes célébrées sans enthousiasme aucun, notamment par la population indigène, autrefois si exubérante et gaie ; et cependant les encouragements ne lui manquent pas. (La Tribune du 7 juillet 1908.)

Le Progrès de Madagascar

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10 août 2013

Il y a 100 ans : La Fête nationale à Tananarive

Le 14 juillet 1913 n’aura pas la prétention d’éclipser ses devanciers ailleurs que dans les journaux bien pensants.
La décoration, avec éclairage électrique cependant, était loin de présenter l’aspect de l’année dernière, les squares étaient loin d’être aussi étincelants de lumière et de goût, cependant les habitants avaient fait un effort louable. Beaucoup avaient illuminé avec des bandes souples de Paz et Silva d’un heureux effet : le dôme du Comptoir d’Escompte par exemple était ruisselant de lumière, mais la place Colbert laissait à désirer et la résidence, dont on avait dû éteindre l’éclairage, faute de courant suffisant, avait l’aspect d’un tombeau.
À l’heure fixée, les clairons de la garnison et la musique du 1er malgache, accompagnés de botos porteurs de torches, circulèrent en cortège dans les rues, au milieu d’un infernal tapage suscité par les feux de bengale et l’explosion des pétards, puis la musique donna un concert et joua aux applaudissements de la foule notre hymne national.
La Revue
À 8 heures, deuxième séance de salves d’artillerie, rappelant aux habitants qu’à 9 heures devait avoir lieu, à Mahamasina, la Revue des troupes de la garnison par le général Riou commandant en chef des troupes de l’Afrique Orientale, Revue à laquelle la population avait été conviée par le Gouverneur Général, invité lui-même à présider cette cérémonie.
Dès huit heures ½, les troupes arrivaient sur le terrain occuper les emplacements qui leur avaient été désignés.
Pendant ce temps les tribunes se garnissaient, les officiels dans la Tribune officielle et les dames dans une tribune spéciale.
Le Gouverneur Général occupait la Tribune centrale en costume brillant constellé d’étoiles et de rubans multicolores, le cordon rouge de la Légion d’Honneur au cou, le ventre ceint des larges rubans d’Anjouan et du Cambodge, costume que ne portèrent ni Doumer, ni de Lanassan, réactionnaires cléricaux notoires par rapport au républicain bon teint que se dit être le Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances, colonie moins importante cependant que l’Indo-Chine.
(À suivre.)

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8 août 2013

Il y a 100 ans : La chasse aux « aigrettes »

L’« aigrette » n’est pas seulement un ornement pour le chapeau des dames, c’est aussi un oiseau, l’oiseau qui (on s’en serait douté) fournit précisément l’aigrette.
Or, la chasse aux aigrettes (oiseaux), en vue du commerce des plumes, a pris depuis quelques années à Madagascar une extension considérable. Ces oiseaux autrefois très communs dans la colonie y sont devenus de plus en plus rares et il est même à craindre qu’ils ne disparaissent complètement dans un avenir assez rapproché.
Un arrêté en date du 3 mai dernier vient d’interdire, pour une période de trois années et à partir du 1er juillet prochain, la chasse aux aigrettes, sur tout le territoire de Madagascar.
Pour donner satisfaction au syndicat du Sambirano qui a signalé la nécessité d’interdire la chasse d’un oiseau utile à l’agriculture et dont il est fait chaque année de véritables hécatombes, la nouvelle réglementation interdit aussi la chasse de la fausse aigrette dite pique-bœufs.
Il faudra, mesdames, adopter pour quelque temps au moins une mode nouvelle. Quels autres oiseaux va-t-on massacrer pour vous plaire ?
La Lanterne

Nouvelles diverses

L’exemple. – Des règlements imposent au public l’éclairage des véhicules à la nuit tombante et la police en assure l’exécution.
Or il nous fut donné de rencontrer récemment Mossieu le Chef de la Sûreté en contravention.
Serait-il au-dessus des lois et règlements ?
Inconscience. – Tout dernièrement encore des intéressés se plaignaient amèrement à M. Picquié des lacunes et passe-droits d’un de ses arrêtés. Impassible, le Gouverneur déclara qu’il ne pouvait avoir signé pareil document. Il lui fallut pourtant se rendre à la réalité devant le document. Et alors que pensez-vous qu’il décida : la réparation de l’injustice ? Erreur profonde ! En politicien de très petite envergure, il objecta qu’il ne pouvait revenir sur ses actes parce que la presse d’opposition en profiterait pour relever une fois de plus ses contradictions ! Triste, triste.

Le Progrès de Madagascar

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7 août 2013

Il y a 100 ans : Bulletin bibliographique

Rusillon (Henry), de la Société des Missions évangéliques de Paris. – Un culte dynastique avec évocation des morts chez les Sakalaves de Madagascar. Le « Tromba ». – Introduction par Raoul Allier, professeur honoraire de l’Université de Paris. – Paris, Alphonse Picard et fils, 1912, 10-12, 195 p., 24 grav.
M. Henry Rusillon, qui a séjourné de nombreuses années à Madagascar et qui a visité des régions où l’apostolat chrétien avait peu pénétré, s’est trouvé dans des conditions très favorables pour réunir les éléments de ce livre. Il y étudie les croyances des Sakalaves aux manifestations des esprits des ancêtres, croyances qui les maintiennent en communion avec l’âme antique de leur race. Il décrit les fêtes dans lesquelles la population rend hommage aux restes des grands hommes, et c’est avec des détails très précis et très circonstanciés qu’il explique ce qu’il faut entendre par « Tromba », cet étrange état maladif, sorte d’hypnose plus ou moins complète durant laquelle le sujet se croit possédé par l’esprit des ancêtres et soumis à leur influence mystérieuse.
C’est là une très curieuse étude qui intéresse à la fois la médecine, l’histoire religieuse et l’ethnographie et qui montre dans quelle perpétuelle inquiétude leurs idées superstitieuses font vivre les Sakalaves.
La persistance de ces croyances suggère à l’auteur de la préface quelques réflexions sur l’influence qu’elles pourraient exercer quant à l’attachement de ces populations à la France.[1]
G. R.
La Quinzaine coloniale

Académie des Sciences : Séance du 7 juillet

M. Lacroix communique le résultat de ses investigations sur les laves d’un vaste champ de lave qui s’étend à l’ouest de Madagascar, à la hauteur du cap Saint-André. Ce champ de lave offre cette particularité qu’une partie des laves sont basiques (basaltes) et que l’autre est acide. Il a déterminé les caractères des roches de cette dernière catégorie du champ de Madagascar.
Journal des débats politiques et littéraires



[1] Cet ouvrage a été réédité par la Bibliothèque malgache sous forme de livre électronique gratuit, disponible sur le site.

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