30 janvier 2019

Il y a 100 ans : La crise du graphite (1)


Pour répondre à de nombreuses demandes de nos abonnés exploitants de graphites, nous ne saurions mieux faire, que de reproduire l’article suivant de notre confrère Virelay paru dans L’Action.
La situation du graphite
J’ai reçu quantité de lettres me demandant où en était la question graphites à Madagascar. Je puis maintenant donner quelques précisions.
M. le Gouverneur Général Schrameck, que cette crise de graphite avait vivement ému, a envoyé au ministre, par le Sydney, un rapport très détaillé, très complet, très documenté, à l’élaboration duquel son chef de cabinet civil, l’aimable M. Cayla, a apporté tous ses soins.
Je n’ai pas besoin de vous dire quelle était la conclusion de ce rapport. Vous la devinez ?
Un premier résultat fut acquis grâce aux efforts du Chef de la Colonie et de M. Carter, le distingué consul des États-Unis : la libre importation du graphite en Amérique. Mais cela n’est pas suffisant. Nous restons à Madagascar sous la férule métropolitaine, et si les États-Unis consentent à recevoir nos graphites, il nous faut, pour pouvoir les leur fournir, des autorisations d’exporter venant du gouvernement français. Or, nous sommes à 12 000 kilomètres de France ; c’est donc une perte de temps colossale, et la facilité pour nos bons caïmans de France d’intriguer auprès des Pouvoirs Publics afin de conserver le monopole des exportations.
Cette question est la seule qui soit encore un obstacle à la reprise de l’industrie du graphite. Nous croyons savoir qu’elle sera solutionnée d’ici peu de temps, et que le Gouverneur Général délivrera lui-même les permis d’exporter.
Les États-Unis ont besoin du graphite de Madagascar, dont ils n’ignorent plus maintenant la qualité. Le graphite extrait et traité par eux leur revient à 1 200 francs en moyenne. En achetant chez nous à 600 francs, par exemple, à quai d’embarquement, étant donné les faibles prix de transport dans leurs bateaux, ils réaliseront un réel et important bénéfice.
Il existe une réelle tendance à la reprise du marché. On nous a signalé quelques transactions à 500 et 550 francs la tonne. On peut affirmer que, si les magasins étaient dégorgés, ces quelques opérations se développeraient rapidement.
(À suivre.)
Le Tamatave


Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 78 titres parus à ce jour.

29 janvier 2019

Il y a 100 ans : L’alcool de manioc


Le manioc de Madagascar, grâce à son haut degré de saccharification (97,5 %), avait attiré quelque temps avant la guerre l’attention des distillateurs français.
Les expériences faites en 1913 avaient été presque toutes concluantes : 100 kilogrammes de matières traitées produisirent de 40 à 50 litres d’un alcool très moelleux à 90°.
Aussi, en raison de son bon marché, plusieurs grands distillateurs de France avaient-ils déjà adopté le manioc comme matière première de leur industrie.
Un d’entre eux, dans le Nord, en avait traité pendant quelques mois des quantités considérables et s’occupait, lorsque la guerre éclata, de transformer une distillerie de betteraves pour n’y traiter que de la racine de manioc.
Des distilleries, dans le Nord, après le passage des boches, il ne doit plus en rester trace, mais elles se reconstitueront, et sous peu nous verrons ces départements du Nord redevenir ce qu’ils étaient il y a quatre ans.
Donc si, la guerre terminée, pour une raison quelconque, le manioc n’était plus aussi demandé, soit sous forme de fécule, soit sous forme de tapioca, on pourra toujours l’utiliser, pour la fabrication de l’alcool.

La sériciculture à Madagascar

L’élevage des vers à soie, à Madagascar, est souvent contrarié par l’excès d’humidité qui fait fermenter les litières où les vers sont placés.
Fréquemment, dans les cases malgaches, les vers sont sur des nattes, par terre, dans la pièce même où couche la famille. Or, ils ne sont jamais changés de litière et celle-ci fermentant répand une odeur infecte.
Pour parer à ces inconvénients, on conseille l’emploi de la tourbe de marais comme litière. La tourbe, en effet, rendrait plus facile et plus rémunératrice aussi l’élevage des vers à soie fait dans des conditions aussi défectueuses, car elle supprimerait cet excès d’humidité et cette fermentation des litières si désagréable. C’est un procédé peu coûteux que le sériciculteur malgache doit appliquer sans retard.
Le Tamatave


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28 janvier 2019

Il y a 100 ans : Tribune libre (2)


(Suite et fin.)
Ou bien ont-ils pensé que, conviés, ces colons mauvais patriotes s’étaient abstenus alors que les Malgaches avaient répondu avec empressement ?
Ou pis encore ont-ils pensé que, après tout, cette victoire pouvait n’être pas aussi définitive, aussi éclatante qu’on voulait bien le leur dire, puisque de tous ces Français qui auraient dû leur donner l’exemple, une partie semblaient rester indifférents, soit que l’on n’ait pas jugé qu’il valait la peine de les déranger, soit qu’ils eussent jugé inutile de se déranger pour si peu ?
Quel que soit leur point de vue, quelle que soit la cause à laquelle ils aient attribué notre absence, n’est-elle pas faite, cette absence, pour nous déconsidérer nous colons dans leur esprit ?
Aussi quelle que soit notre tristesse de voir une ombre si légère soit-elle obscurcir cette heure sans pareille, nous croyons de notre devoir, Monsieur le Gouverneur Général, de venir respectueusement, mais très énergiquement, protester auprès de vous, contre cette façon de procéder de l’Administration locale que nous sommes forcés de considérer comme une injure personnelle et gratuite à nos sentiments patriotiques aussi bien que comme un moyen, voulu ou non, de nous déconsidérer vis-à-vis des Malgaches, enfin comme une véritable faute capable de ternir aux yeux des indigènes de toute une région l’éclat du triomphe de la France.
Nous vous prions d’agréer ici, Monsieur le Gouverneur Général, l’assurance de nos sentiments très respectueux et très dévoués.
Suivent les signatures des colons :
Agron, Choix, Lemaître, Josse, Poumaroux, Focard.

La distribution du riz

La classe prolétaire se plaint toujours, et avec raison, qu’il faut prendre une demi-journée pour retirer le riz quotidien auquel on a droit.
Puisque ce sont des Malgaches qui font la distribution, ne pourrait-on pas leur adjoindre un ou deux de ces fonctionnaires malgaches qui abondent à la mairie, leur temps n’est pas si précieux pour qu’on ne puisse pas les affecter à ce genre de travail.
Transmis à qui de droit.
Le Tamatave



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27 janvier 2019

Il y a 100 ans : Tribune libre (1)


Nous recevons de Vatomandry, avec prière de l’insérer, une protestation adressée à M. le Gouverneur Général par un groupe d’honorables colons de cette province.
Monsieur le Gouverneur Général de Madagascar et Dépendances,
Tananarive
Monsieur le Gouverneur Général,
À l’heure de cette victoire éclatante dont nous n’avons jamais pu douter mais dont l’attente dans notre isolement nous fut parfois si pénible et si angoissée, nous, colons de la brousse, avions pensé combien désirable et opportune serait une réunion, une fête groupant dans un commun élan, dans une commune réjouissance les Français, leurs alliés et la population indigène.
Avec confiance, nous attendions, persuadés que l’Administration locale saurait prendre l’initiative de cette réunion au moment opportun. Aussi combien avons-nous été péniblement déçus d’apprendre que la population indigène s’était rendue ces jours derniers à Vatomandry, conviée par l’administration à une fête de la Victoire, de laquelle nous colons n’avions même pas été avisés.
Que la population indigène ait été immédiatement prévenue de la victoire de la France, qu’elle ait été immédiatement conviée à la fêter, nous ne saurions qu’y applaudir.
Mais nous colons qui, repliés sur nous-mêmes, forcés de dissimuler nos anxiétés aux Malgaches dont nous sentions les yeux fixés sur nous, nous qui n’avons pu vivre pendant ces longues heures que soutenus par l’espoir de ce moment triomphal. Nous qui avons toujours su répondre chaque fois que l’Administration a bien voulu nous convier à quelque souscription, à quelque fête des œuvres de guerre. Pourquoi nous ignorer ???
En dehors de ce que nous pouvons personnellement ressentir de nous voir ainsi tenus à l’écart, nous ne saurions nous empêcher de penser à l’effet que cela a dû produire sur les indigènes au milieu desquels nous vivons.
Ces Malgaches ont-ils pensé que les colons de la brousse ou certains d’entre eux étaient jugés par l’Administration comme indignes de participer à cette fête de la Victoire, à laquelle eux étaient conviés ?
(À suivre.)
Le Tamatave



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22 janvier 2019

Il y a 100 ans : La main-d’œuvre malgache est inconstante


Monsieur Le Directeur,
J’ai lu avec intérêt l’article paru dans votre numéro du 28 septembre dernier sur la main-d’œuvre. Vous êtes un partisan résolu du livret de travail pour les indigènes malgaches.
Voulez-vous me permettre de vous donner un avis personnel et de vous assurer que je ne crois nullement à l’efficacité de ce système ?
Le Malgache est le plus parfait bohème que je connaisse. Pour peu que soit uniforme et suivi le travail qu’on lui demande, il lâche inévitablement son employeur.
Peu lui importe même sa famille : il ira dans une autre région, à plusieurs jours de marche, à la recherche d’un travail ayant l’attrait du nouveau.
Il lui faut du changement : changement de patron, changement de travail, changement de région. Il ne peut se contraindre à penser qu’il lui faudra, pendant les jours, des mois, des années, ne s’occuper que d’un seul travail et toujours du même.
Vous pensez, combien avec cette mentalité, il est difficile d’arriver à un résultat pratique dans le commerce ou l’industrie.
Un colon ne peut dans son exploitation monter un cinéma ou engager une troupe théâtrale permettant à son personnel indigène de s’attacher à lui uniquement à cause des distractions qu’il lui donne ?
Toute entreprise demande, au contraire, pour qu’elle ait une chance de réussite, un travail d’une extrême régularité. Le succès est à ce prix.
Combien sont nombreux les colons et les industriels qui, par la faute de ces travailleurs vagabonds, ont dépensé leurs capitaux sans espoir de les retrouver jamais !
Leurs espérances, leur courage, leur foi en l’avenir, tout a sombré dans le néant, et cela par l’inconstance et la pénurie de la main-d’œuvre indigène.
Certes, l’obligation du livret individuel serait un progrès, mais je crois le projet difficilement réalisable. En tous cas, le contrôle est difficile, sinon impossible.
Ce n’est certes pas ce papier officiel ni la crainte de la maréchaussée qui corrigeront les Malgaches de leur déplorable habitude de vagabonder.
E. L.
N. D. R. – Nous remercions notre aimable contradicteur, et nous publions toujours avec reconnaissance les critiques qu’on veut bien nous adresser, ayant pour principe que du choc des idées jaillit la lumière.
Le Tamatave



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20 janvier 2019

Il y a 100 ans : La législation foncière à Madagascar (2)

(Suite et fin.)
Le décret primitif du 16 juillet 1897 présentait sans doute des défectuosités que l’expérience avait révélées, mais il aurait suffi de quelques modifications pour le rendre pratique.
Pour faire droit aux critiques dont il était l’objet, l’autorité supérieure fit procéder à la rédaction d’un nouveau décret qui fut celui du 11 février 1911. Son apparition souleva un tollé général de la part de tous ceux, magistrats, fonctionnaires ou colons qui ont à s’occuper de lui.
La presse se fit leur écho, et la discussion de ses articles établit que pas un, pour ainsi dire, ne pouvait rester debout, tant il était inepte et d’application impossible.
Une commission fut nommée le 13 mars 1913, chargée d’étudier les modifications à y apporter. Cette commission se mit assez rapidement à l’œuvre et le 25 avril suivant le Président de la Chambre Consultative de Tananarive, en séance, lut le rapport élaboré par la commission.
Ce rapport indique, article, par article, les modifications que la commission a cru devoir apporter au décret du 11 février 1911.
Ces modifications ont été communiquées à la Tribune qui les a publiées jusqu’à l’article 102 inclusivement.
Et la suite ?…
La suite ? nous l’attendons encore, et comme sœur Anne nous ne voyons rien venir.
Or ce n’est pas seulement le décret du 11 février 1911 qu’il est indispensable de modifier, mais encore le régime des concessions lui-même.
La question est trop importante et de trop palpitante actualité pour que nous n’y revenions pas, profitant de ce que la direction de la Colonie est en des mains assez énergiques pour mener la question à bonnes fins.

Chemin de fer T. C. E.

Il nous parvient de divers côtés un desideratum qui nous paraît parfaitement justifié. Il s’agirait de remporter au mardi le départ du lundi tant de Tamatave que de Tananarive.
Ceci permettrait à chacun de pouvoir répondre au courrier arrivant à Tananarive et à Tamatave le samedi soir et distribué le dimanche matin.
On exprime également le désir que les trains de nuit soient rétablis aussitôt que la saison ne fera plus redouter la possibilité d’éboulements dangereux dans la circulation nocturne.
Le Tamatave
Si vous voulez vraiment savoir, la Jirama, ça ne s'arrange pas. Donc, ici non plus. Pour un témoignage (plus catastrophiste que la situation réelle, déjà bien assez affligeante pour qu'il ne soit pas nécessaire d'en ajouter), jetez un œil sur Deep South, l'article paru hier dans L'Express de Madagascar.

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15 janvier 2019

Il y a 100 ans : La législation foncière à Madagascar (1)


Prévoyant la fin prochaine de l’horrible guerre qui a désolé l’Europe, la presse – surtout coloniale –  se préoccupe de questions qui d’ores et déjà imposent aux pouvoirs publics l’obligation de leur trouver une solution. Le Courrier Colonial ouvre le feu par un article : « Compensations Coloniales ».
Il fait ressortir avec juste raison que, parmi les victimes de cette guerre atroce, les plus dignes d’intérêt se trouvent les agriculteurs des régions envahies. Comment leur rendre leur domaine et leur maison ? Les cadastres de leurs communes n’existent plus ; et réussirait-on à reconstituer les limites de leurs propriétés qu’ils ne retrouveraient que des terres défoncées, bouleversées par la mitraille, les tranchées, les boyaux, les abris souterrains, les ossuaires, etc., c’est-à-dire des terres sans valeur, parce que pour les remettre en état de produire, il faudrait dépenser beaucoup plus que ce qu’elles pourraient valoir. Par suite ces infortunés ont droit à une indemnité.
Mais serait-il possible de les indemniser en espèces ? Le trésor public est trop obéré pour qu’on puisse y songer. Force sera donc de les indemniser en nature, et le collaborateur du Courrier Colonial indique que les riches terres des colonies sont là pour servir à ces indemnités. C’est ce qu’il appelle « Compensations Coloniales ». Sans être neuve, l’idée est juste, le tout est d’en rendre l’exécution possible.
Notre colonie de Madagascar, par exemple, présente, notamment sur les Hauts-Plateaux, et sous un climat tempéré, des terres riches où le cultivateur pourrait trouver, « avec une maison neuve et claire, un champ plus vaste et plus fertile, sous un ciel français où les siens pourraient vivre mieux, moyennant un effort moindre que celui qu’il lui faudrait pour féconder le sol dans son pays dévasté. »
Mais bien des choses s’opposent à la réalisation de ce beau projet. Avant tout et surtout la législation qui, à Madagascar, régit la propriété foncière.
(À suivre.)
Le Tamatave



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14 janvier 2019

Il y a 100 ans : Les colons de Madagascar se déclarent satisfaits (4)

(Suite et fin.)
De l’avis de tous, la Colonie a besoin d’un véritable gouverneur énergique et clairvoyant : M. Picquié fut un brave homme ; M. Garbit continua, malgré les avis des colons, la politique néfaste d’Augagneur à l’égard des indigènes, exaltant leurs droits sans insister sur leurs devoirs ; M. Merlin, intérimaire, n’aura fait que passer sans laisser son empreinte…
L’impression excellente, produite dès son arrivée par M. Schrameck, n’a fait que s’accentuer. Il a l’air de s’orienter vers la politique du grand administrateur que fut le général Gallieni. Tout le monde s’en félicitera à Madagascar.
Un Galliéniste.

Le recrutement indigène dans la Grande Île

Le Journal officiel de Madagascar a promulgué le décret en date du 3 août dernier, relatif au recrutement des indigènes de la colonie pendant la durée de la guerre ; il a publié en même temps un extrait du câblogramme du ministre des Colonies, en date du 17 août, et fixant à 4 000 hommes le contingent que doit fournir la Grande Île pendant l’année 1918 ; l’âge des appelés est fixé entre 18 et 35 ans. Enfin, le Journal officiel a publié également un arrêté de M. Schrameck, le nouveau gouverneur général, aux termes duquel les appels seront faits dans l’ordre suivant :
Les célibataires ; les mariés sans enfants ; les mariés, pères de un ou de deux enfants ; les mariés, pères de trois à cinq enfants ; les mariés, pères de plus de cinq enfants ou les veufs, pères de quatre enfants ; enfin, les indigènes dont le frère sera mort sous les drapeaux, des suites de blessures, ou de maladies contractées dans le service.
Dans chacune des catégories énumérées, l’appel doit commencer par les jeunes, ce qui est équitable et logique.
Mais ce décret sera-t-il appliqué ?
Le Courrier colonial

Mort au champ d’honneur

On annonce la mort du lieutenant Bérard, ancien avocat à Tamatave, survenue à l’hôpital de Versailles des suites d’une blessure.
À sa famille nos sincères condoléances.
Le Tamatave

P.-S. Toujours aux prises avec les difficultés d'organisation du travail avec 10 à 14 heures de délestage par jour... (Là, maintenant, je travaille dans le noir, à la seule lumière de l'écran!)


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8 janvier 2019

Il y a 100 ans : Les colons de Madagascar se déclarent satisfaits (3)


(Suite.)
Des mesures furent prises sur-le-champ pour l’importation de France de nombreux sujets soigneusement sélectionnés, et pour le développement intensif de la nouvelle race ovine franco-malgache, de façon à vulgariser, chez les indigènes, l’industrie de la laine, arriver à les préserver du froid, et à enrayer ainsi la mortalité qui les décime.
Un jour fut consacré à la visite des usines et plantations de la rive droite du fleuve (concession Vernet, exploitations de la Société nantaise, de la Compagnie lyonnaise) où la culture du café se fait en grand, où des bœufs attelés à des charrues labourent avec méthode et régularité sur des alignements de 2 000 mètres, donnant ainsi au gouverneur général ravi l’impression de nos vastes labours de France.
Le 29, M. Schrameck quittait Mananjary et arrivait le soir à Fianarantsoa où il trouvait chez les colons et les indigènes le même enthousiasme et même accueil empressé qu’aux étapes précédentes. Le lendemain, le 30, il visitait l’hôpital, les haras, les bâtiments publics, assistait à la séance de la Chambre consultative, et recevait les colons avec son affabilité habituelle. Mis au courant de leurs revendications et de leurs desiderata, à peu près semblables à ceux qu’on lui avait déjà soumis ailleurs, il répondait avec même netteté qu’on avait aussi appréciée ailleurs, donnant l’impression d’un homme bien au courant des questions et qui a la ferme volonté de faire au mieux des intérêts de tous.
M. Schrameck était du retour à Tananarive le 1er septembre, satisfait de son voyage et certain, après avoir pris sur place contact avec les colons, d’être en communication d’idées avec eux sur la plupart des points examinés ensemble.
M. Schrameck a pu se rendre compte dans sa première tournée que, si le souvenir du général Gallieni est toujours vivace dans la Grand Île, on n’en peut dire autant de M. Augagneur. Celui-ci, vivant, est certainement plus défunt que le sauveur de Paris dans sa tombe.
(À suivre.)
Un Galliéniste.
Le Courrier colonial



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7 janvier 2019

Parfois, c'est la Jirama qui veut pas...

Je ne suis pas très actif ici pour l'instant, croyez bien que c'est à l'insu de mon plein gré. La Jirama fournit l'énergie avec parcimonie ces jours-ci...

3 janvier 2019

Il y a 100 ans : Les colons de Madagascar se déclarent satisfaits (2)


(Suite.)
Après avoir visité les importants vignobles de M. Du Cor Duprat et des frères de Sainte-Anne, il quittait Ambositra pour Ambohimahasoa, s’arrêtant en cours de route à la concession de M. Ferré, et se faisant présenter chez M. Delmotte les beaux troupeaux de moutons dont ce colon a amélioré la race et qu’il élève à la française sur sa propriété.
Après une halte à Ambohimahasoa, à Itanadiana, il arrivait à Mananjary, où il était salué par la Colonie européenne et les planteurs des environs, puis, sous une pluie battante, il visitait les plantations voisines, l’importante féculerie de M. Lurat, celle de M. Venot, les domaines de Tsaravary, la magnifique plantation de café de M. Paris, déjeunait à Tsiatosika et se rendait sur les propriétés de la Compagnie lyonnaise. La ferme d’Ambalakondro avec sa bergerie, sa porcherie, sa laiterie, retint longuement son attention. Il s’intéressa particulièrement aux troupeaux de moutons à laine, obtenus par croisement de brebis malgaches avec quelques béliers importés d’Europe. Il s’extasia sur la beauté de la nouvelle race, déjà parfaitement acclimatée, qui permettra peut-être de résoudre à brève échéance un des plus importants problèmes de la vie économique de Madagascar.
La vue des beaux troupeaux qu’il avait devant lui, leur acclimatement et leur accroissement rapide lui suggérèrent l’idée que là était peut-être la solution la plus simple pour parer à la crise de dépopulation qui sévissait si cruellement dans le pays. Il fallait au plus tôt doter chaque agglomération d’un certain nombre de bêtes à laine, en intensifier l’élevage de façon à produire rapidement la matière première qui permettrait aux habitants de fabriquer le tissu protecteur contre les intempéries des saisons. Toutes les femmes des Hauts Plateaux savent plus ou moins carder et filer la soie, la tisser avec un métier rudimentaire, et s’en faire des vêtements légers : elles ne seraient pas embarrassées pour carder et tisser la laine et fabriquer des chauds et solides vêtements d’hiver.
 (À suivre.)
Un Galliéniste.
Le Courrier colonial




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2 janvier 2019

Il y a 100 ans : Les colons de Madagascar se déclarent satisfaits (1)


En quinze jours le nouveau gouverneur général de Madagascar s’est installé, a pris contact avec les chefs de service, le Conseil d’administration de la colonie, les notabilités civiles, directeurs ou chefs d’exploitation des sociétés minières, agricoles ou commerciales présents à Tananarive, s’instruisant auprès d’eux de la situation économique du pays, prenant note de leurs desiderata, et le seizième jour, au grand étonnement de tous, il montait en auto, accompagné seulement de son secrétaire et de l’inspecteur général des services agricoles pour faire sa première tournée dans les riches provinces du Sud.
Jamais, depuis le général Gallieni, si profondément regretté de la population malgache, on n’avait vu pareille activité, pareil esprit de décision. À Ambatolampy, important chef-lieu de district sur la ligne du chemin de fer en construction de Tananarive à Antsirabe, M. Schrameck a reçu aimablement les colons et les fonctionnaires qui s’étaient portés au-devant de lui, tout visité et en quelques mots a remercié la population de son accueil chaleureux.
Au kabary du gouverneur indigène qui protestait de son loyalisme, il répondit que les Malgaches pouvaient compter sur toute sa sollicitude, mais qu’il espérait que de leur côté ceux-ci, se souvenant des bienfaits de l’administration française, ne négligeraient rien pour s’en rendre dignes, notamment en apportant le concours de leur main-d’œuvre aux entreprises de colonisation qui enrichissaient le pays. Que va dire M. Augagneur ?
À Ambositra il prit immédiatement contact avec les anciens membres de la Chambre consultative et du Comice agricole, et promit d’examiner soigneusement leurs revendications au sujet de la suppression récente de ces deux assemblées. Il assista à un vin d’honneur où lui furent nettement exposés par M. Pachoud les desiderata des colons. Il y répondit simplement, brièvement, en homme qui connait déjà le pays, donnant à tous l’impression qu’on avait enfin un chef, sur lequel on pouvait compter, en vue de l’essor à donner à la colonie.
(À suivre.)
Un Galliéniste.
Le Courrier colonial
                                                                                                                 

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1 janvier 2019

Il y a 100 ans : Décision municipale N° 33


L’Administrateur des Colonies, Maire de Tamatave,
Décide
Article Ier. – Tout producteur, vendeur, dépositaire, détenteur ou propriétaire de riz en paille ou décortiqué, sur toute l’étendue du territoire de la Commune de Tamatave, est tenu, par application de la loi du 20 avril 1916 et de l’arrêté du 2 octobre 1917, de faire la déclaration de ses approvisionnements dans les formes et délais ci-après spécifiés :
Art. II. – Les déclarations seront reçues : 1° pour les Européens et assimilés par M. le Commissaire Central de Police ; 2° pour les indigènes par le Gouverneur indigène de la Commune.
Ces déclarations devront être faites du 8 au 12 novembre 1918 inclus pour les stocks actuellement existants.
À partir du 12 novembre 1918 et jusqu’à ce que les présentes dispositions soient rapportées, toute modification supérieure à une tonne apportée aux stocks existant au moment de la déclaration primitive devra faire l’objet d’une déclaration complémentaire dans les huit jours qui suivront cette modification.
Les déclarants sont invités à produire, au moment de leurs déclarations, toutes pièces ou tous livres de nature à en démontrer l’exactitude
Art. III. – Toute déclaration qui, sans excuse valable, ne serait pas faite dans ces délais, exposerait son auteur aux pénalités prévues pour refus de déclaration.
Art. IV. – MM. le Commissaire Central de Police et le Gouverneur Indigène de la Commune sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution de la présente décision.
Le Tamatave

À la population de Madagascar

Le jour de gloire est arrivé.
L’ennemi effondré a imploré l’armistice. À la nouvelle du triomphe, partout les couleurs nationales ont surgi.
Témoins de la poignante tragédie, générations qui montez à la vie, rendons grâces à nos armées ! Rendons grâces aux gouvernements qui les ont dirigées ! À tous ceux qui se sont sacrifiés pour nous, consacrons un culte de reconnaissance éternelle.
L’histoire ne connaît pas de victoire plus éclatante.
La règne du Droit et de la Justice est pour jamais assuré.
Vive la France !
Vivent les Alliés !
Tananarive, le 12 novembre 1918.
Le Gouverneur Général,
A. Schrameck.
Journal officiel de Madagascar et dépendances



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