15 octobre 2016

Il y a 100 ans : Constitution du Comité du monument Galliéni à Madagascar

Le Comité central s’est mis en rapport avec les corps constitués de l’île, à l’effet de former, dans tous les chefs-lieux de province et les grands centres, des comités régionaux chargés de recueillir les souscriptions.
C’est lundi qu’a eu lieu la réunion constitutive du Comité qui s’est formé à Paris, sous la présidence de M. Alfred Grandidier, membre de l’Institut, pour ériger un monument à la mémoire du général Galliéni, à Madagascar.
Le Comité est ainsi constitué :
M. A. Grandidier, président.
MM. Ballot, gouverneur général honoraire des colonies, Georges Leygues, ancien ministre des Colonies et Ant. Maidon, directeur honoraire au ministère des Colonies, vice-présidents.
M. Nouvion, directeur de la Banque de l’A. O. F., trésorier.
Nos confrères J.-P. Trouillet, membre du Conseil supérieur des colonies, secrétaire général, et Robert Doucet, secrétaire.
Dans la constitution du Comité local de Madagascar, nous relevons les noms de M. Garbit, gouverneur général, et du général Gautheron, commandant supérieur des troupes de l’Afrique Orientale, qui ont accepté la présidence d’honneur.
Les souscriptions sont reçues au siège du Comité, 19, rue Saint-Georges, ou à la Banque de l’Afrique Occidentale, 38, rue La Bruyère.
Le Courrier colonial

Vin d’honneur

On nous assure que la population indigène, comme preuve de son loyalisme, se propose d’offrir un vin d’honneur à M. le Gouverneur Général, profitant pour cela de son séjour à Tamatave.
De son côté, pour ne pas être en reste, la population européenne se prépare, dit-on, à en organiser un autre.

Citations

Le Wharf de Tamatave peut être fier de ses employés, car ils lui font honneur.
Dans un de nos précédents numéros, nous avions reproduit la citation à l’ordre du corps d’armée dont avait été l’objet le jeune Lenepveu, avec attribution de la croix de guerre.
C’est aujourd’hui le tour du jeune Henri Bouvet, aussi ex-employé du Wharf, qui a mérité également une citation à l’ordre de sa brigade avec aussi attribution de la croix de guerre.
Le jeune Bouvet est le neveu du très sympathique consul des Pays-Bas, M. Jude, que nous félicitons bien cordialement ainsi que sa famille.

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 52 titres parus à ce jour.

12 octobre 2016

Il y a 100 ans : Encore les cuirs !!!

Télégramme officiel n° 58 abrogeant celui n° 40 du 25 juillet de M. l’Inspecteur Demaret
Tananarive, le 27 juillet 1916.
Inspecteur Demaret à toutes Circonscriptions sauf Comores.
Vu nombreuses demandes collecteurs faites par commerçants. Prière faire connaître à tous intéressés que ne peuvent être collecteurs que maisons françaises ou nationalités alliées ayant organisation suffisante pour livrer à Tamatave, Majunga, Diégo et à être payées en France exception faite pour les cuirs arséniqués qui pourront être payés dans la Colonie. Il est bien entendu qu’autorisation de transport par priorité à accorder aux collecteurs de la mission de ravitaillement n’excluent pas commerce libre de cuirs suivant réglementation en vigueur moyens de transport ou tonnages possibles et hors le cas de réquisition sur les stocks nettement définis.
Quand nous serons à dix nous ferons une croix !
On voit bien que le télégraphe ne coûte rien à M. l’Inspecteur des Colonies, S/Intendant militaire, chargé de mission.
Puisque un télégramme en abroge un autre, attendons-nous à la série, nous estimant heureux si, en fin de compte, nous finissons par voir clair en tout ceci… à moins que nous n’arrivions à y voir trop clair !…
Le défaut d’espace nous oblige pour aujourd’hui à renvoyer à notre prochain numéro les observations très judicieuses qui nous ont été communiquées par divers intéressés.
En attendant voici un nouveau télégramme sur le même sujet de M. le Gouverneur Général qui, lui, fait tous ses efforts pour apporter dans cette question un peu de lumière et de précision.

Télégramme officiel n° 309-B
Tananarive, le 29 juillet 1916.
Gouverneur Général à toutes Circonscriptions sauf Comores.
Suite à mon 385. – Primo reste entendu que toutes demandes exportation cuirs doivent être soumises comme par passé suivant réglementation en vigueur. Toutefois lorsque un membre mission Demaret sera présent dans votre province, vous accompagnerez demande de son avis. Secundo accorderez par délégation en m’en rendant compte toutes autorisations exportation se rapportant aux cuirs par mission. Tertio devrez prendre toutes dispositions nécessaires pour dans aucun cas ces formalités ne retardent mouvement des cuirs. – Garbit.

Le Tamatave

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11 octobre 2016

Il y a 100 ans : Transports maritimes

(De la Tribune.)
Nous sommes heureux de faire connaître officiellement que :
1° Deux vapeurs allemands saisis par les Portugais, le Machico (ex-Colmar) et l’Amaranthe (ex-Wurtemberg), de chacun 10 000 tonnes et 14 000 mètres cubes, sont réservés entièrement à la la côte Ouest.
2° Deux affrétés spéciaux des Messageries Maritimes, le Peiho et le Kouangsi, sont réservés entièrement à la côte Est.
3° Le Louqsor en voyage postal supplémentaire aura la moitié du disponible réservée à Madagascar.
Cela, en outre de la place réservée à Madagascar sur les courriers ordinaires et sur les prochains Havrais attendus.
Nous devons reconnaître que M. Garbit s’est employé de son mieux pour donner satisfaction aux chargeurs. Il n’est pas douteux que, sans son intervention, la question du fret ne serait pas en partie résolue, comme elle le sera dans un délai que nous croyons relativement court.
Il faudra donc s’employer à éviter le retour d’une crise aussi aiguë que celle supportée par Madagascar.
Et cela sera si les chargeurs sont bien résolus à défendre leurs intérêts, et ils arriveront au résultat qu’ils recherchent.
Nous partageons cette fois de tous points la manière de voir de notre grand confrère.

Le canal du Nord

Les membres du Comice agricole de Tamatave ont reçu communication de la lettre ci-après de M. le Gouverneur Général par l’intermédiaire de leur Président :
M. le Président,
Comme suite à ma lettre n° 5653 du 2 juin dernier, j’ai l’honneur de vous faire connaître que des instructions ont été données à M. le chef du service régional de Tamatave pour l’entente à intervenir, si possible, entre M. Châtillon et la Colonie au sujet de l’utilisation d’une des dragues de la Cie des Messageries Françaises pour le percement du canal du Nord.
Agréez, M. le Président, etc.
Les colons font des vœux bien sincères pour que cette entente puisse se réaliser.

M. le Gouverneur Général à Tamatave

Ce matin, par train spécial, M. Garbit est arrivé à Tamatave pour y passer quelques semaines. Comme toujours, une foule nombreuse et sympathique est allée le recevoir à la gare.
Pour son compte, le Tamatave le prie d’agréer une respectueuse et cordiale bienvenue.

Le Tamatave

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10 octobre 2016

Il y a 100 ans : La question des sucres (2)

(Suite et fin.)
Au point de vue où nous nous plaçons, il n’y a pas lieu de tenir compte des difficultés, momentanées, des transports que rencontrent les producteurs éloignés. Tout compte fait, et maintenant que la tyrannie des « conventions » est tombée de fait, il apparaît nettement que la production mondiale des sucres est bien au-dessous des besoins de la consommation.
Il en est tellement ainsi que plusieurs journaux annoncent qu’en Afrique du Sud, de grandes plantations de betteraves vont être préparées ; tandis que, du côté de l’Insulinde hollandaise, on voit le gouvernement primer, favoriser les études pour le traitement industriel d’une nouvelle plante saccharifère, croissant spontanément sous ce climat.
Dès lors, nous sommes fondés à nous demander s’il ne serait pas logique de songer tout uniment à mettre en culture les vastes territoires qui, à Madagascar, se prêtent admirablement à la production de la canne à sucre.
La canne à sucre croît avec facilité dans toutes nos vallées côtières et de mi-hauteur. Même, sur les hauts plateaux, de tout temps, les indigènes ont cultivé une variété très saccharifère et qui paraît être indemne de ces maladies végétales qui sont le gros souci des planteurs des Antilles, d’Hawaï, de Maurice et le la Réunion.
Il convient de remarquer que l’expérience a conduit les planteurs des « îles », depuis fort longtemps, à mener l’industrie du manioc (tapiocas, fécules et cossettes pour la fabrication des alcools) de front avec celle de la canne à sucre. Il est établi que l’assolement canne-manioc donna de beaux résultats au point de vue cultural.
Or, nous avons déjà des industries basées sur le manioc en état florissant. Il suffirait d’y adjoindre celle de la canne à sucre.
La disparition des fameuses conventions tyrannisant les marchés est la garantie de l’avenir de notre production.
Bien entendu, il appartiendra aux pouvoirs publics d’aider, de toutes leurs forces, aux premières tentatives de nos planteurs. Il y aura à régler la question bancaire, celle de la main-d’œuvre, celle de la liberté des marchés, de telle sorte que, plus jamais, l’avenir industriel des colonies ne puisse être engagé sans que celles-ci soient au préalable consultées.
Nous reprendrons en détail ces diverses questions.
Un ancien.

Le Tamatave

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8 octobre 2016

Il y a 100 ans : La question des sucres (1)

Sous ce titre et sous la signature d’« Un ancien », La Tribune du vendredi 14 juillet publie un article traitant cette question des sucres, de si haute importance pour notre colonie, et la présentant sous un jour tout nouveau. Nous ne saurions assez recommander à nos lecteurs d’en méditer les conclusions.
Nous avons lu un grand nombre de journaux, apportés par les derniers courriers, traitant de la question du sucre.
La guerre est la révélatrice par excellence ; grâce à elle, et au prix de quelques souffrances, hélas ! toutes les « combinaisons » s’écroulent, le factice fait place à la réalité, l’arbitraire s’efface devant la logique.
Nous donnerons à nos lecteurs le résumé, comme suit, des lectures que nous avons faites à leur intention.
Il appert que le marché des sucres avait été odieusement accaparé par les industriels allemands et leurs intermédiaires. Les fameuses « conventions sucrières » – celle de Bruxelles et les autres qui l’avaient précédée – ont été imposées au marché mondial par les associations teutoniques de producteurs, les fameux « Kartels ». Toute l’économie de ces associations quasi de malfaiteurs se résume en ces quelques mots : accaparer à bas prix le plus clair de la production d’outre-mer, marquer les stocks canalisés de cette façon, et vendre très cher au consommateur les produits des Kartels.
Ainsi, une fois de plus, apparaît la canaillerie de la méthode commerciale allemande en nos temps contemporains : par l’intimidation, forcer ou dénaturer tous les marchés à l’aide d’un crédit monstre, que l’on était bien résolu à régler à coups de canon !
On pourrait croire que la guerre a eu pour effet de restreindre la production globale du sucre. Il n’en est rien. S’il est vrai que quelques bandes de territoires à betteraves, en France et en Pologne, n’ont pu être emblavées, par contre la production des betteraviers d’Allemagne et d’Autriche a été particulièrement soignée, à l’aide de mesures générales prises par les deux gouvernements respectifs au cours des hostilités ; d’autre part, la production exotique (sucre de canne) a été singulièrement augmentée.
(À suivre.)
Un ancien.
Le Tamatave

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7 octobre 2016

Il y a 100 ans à Madagascar : La houille blanche à Madagascar (2)

(Suite et fin.)
À Madagascar, il n’existe rien de tel : tout le système fluvial est du domaine public, navigable ou non. Les chutes d’eau ou rapides susceptibles de production de force motrice et les rives de tous les cours d’eau appartiennent donc à l’État qui, pour permettre leur utilisation, n’aura pas besoin de procéder à des expropriations.
Sans nuire à personne, sans léser des droits acquis, le gouvernement de Madagascar peut donc établir le statut juridique des eaux ; il ne suffit pas, en effet, qu’elles fassent partie du domaine public, il faut tout un système de dispositions légales aussi bien pour l’industrie que pour l’hydraulique agricole.
Ne laissons pas l’utilisation des eaux passer dans la pratique courant : on se heurterait alors à des difficultés analogues à celles qui existent en France. Au lieu d’attendre que des droits sur l’eau aient pris naissance en la personne de prospecteurs ou spéculateurs, il faut faire au préalable des lois sur ces droits. À cette condition seulement la législation des eaux sera simple et logique.
Le Courrier colonial

En souvenir du Général Galliéni

Le 1er juin, jour fixé pour les obsèques nationales du Général Galliéni, le Gouverneur général, dans le but d’associer Madagascar au deuil de la France, a reçu à la Résidence, à 10 h. ½, les membres du Conseil d’administration, les corps constitués, les chefs de service, les délégations des fonctionnaires européens ainsi que les membres de la Colonie française et de la Colonie étrangère, et une importante délégation de notables et de fonctionnaires indigènes.
Devant une affluence considérable, plusieurs discours furent prononcés ; notamment par le Gouverneur général, par M. Bourdariat, membre du Conseil d’administration, par M. Smith, consul général de la Grande-Bretagne, M. Gros, consul du Portugal et vice-consul d’Italie, par le prince Ramahatra.
Ce fut véritablement le souvenir ému de la Colonie entière à celui qui lui consacra 9 années de sa vie, à celui auquel, lorsque sa santé l’obligea à quitter le Ministère de la Guerre, les colons envoyèrent d’enthousiasme un câblogramme de regret, et qui, malgré ses fatigues et ses souffrances, répondit par une lettre entièrement écrite de sa main.

Les Annales coloniales

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6 octobre 2016

Il y a 100 ans : La houille blanche à Madagascar (1)

À mainte reprise, nous avons attiré l’attention de nos lecteurs sur la question de la houille blanche dans la Grande Île.
Depuis que de nouvelles inventions ont permis d’utiliser les chutes d’eau pour faire de l’électricité, et que le transport de cette force motrice à distance est chose aisée, l’attention publique s’est de plus en plus passionnée pour la houille blanche. Cette dernière est presque la seule force pratiquement utilisable dans un pays comme Madagascar, où il est impossible d’amener le charbon loin des ports.
Tout le développement industriel de Madagascar est lié à l’utilisation des chutes d’eau et les questions si essentielles, pour un pays neuf, d’éclairage et de transport ne seront résolues de la meilleure façon que par leur emploi.
Mais il ne faudrait pas croire que l’industrie fût seule appelée à profiter de la houille blanche.
En matière économique tout s’enchaîne : l’agriculture en bénéficiera à son tour dans une large mesure, principalement grâce aux chemins de fer qui lui permettront d’augmenter sa production et écoulant ses produits soit bruts, soit déjà transformés.
Un exemple montrera mieux le caractère d’intérêt général de l’utilisation des chutes d’eau.
Mais l’exportation par chemin de fer est beaucoup plus profitable lorsque les produits bruts ont subi une simple transformation : par exemple, le blé transformé en farine ; les cocons, en soie grège ; les viandes, en conserves frigorifiées.
Les industries qui produisent ces transformations sont fort simples, mais nécessitent une force motrice fournie par la houille blanche.
Il faut pour cela une réglementation des eaux.
On sait qu’en France, la législation est si imparfaite sur ce point qu’elle entrave l’essor de certaines régions. Le gouvernement de Madagascar doit donc bien se garder de suivre la métropole dans cette voie, ce qui lui est relativement facile.
Les rivières françaises ne font partie du domaine public qu’à partir du point où elles sont navigables. En dehors de cette partie, comme pour tous les ruisseaux non flottables, les rives appartiennent aux particuliers, dont les prétentions exorbitantes, jointes au manque constant d’entente entre riverains voisins, empêchent toute industrie de s’établir sur les rives, ou bien de transmettre la force motrice au loin.
(À suivre.)

Le Courrier colonial

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5 octobre 2016

Henry Douliot, "Journal du voyage fait sur la côte ouest de Madagascar"

Une nouveauté de la Bibliothèque malgache

Un voyage interrompu, malheureusement, car il est de très grande qualité. De juin 1891 à mai 1892, Henry Douliot (1859-1892) herborise dans la région de Morondava puis de Maintirano. Il fait beaucoup plus que cela, en réalité : il vit avec la population et il maîtrise suffisamment le sakalava pour tenir des conversations pleines d’informations. On peut rêver à ce qu’aurait été ce récit si son auteur n’avait pas été frappé par la fièvre qui allait avoir raison de lui à Nosy Be où il avait été transporté pour y être hospitalisé. Moins connu que le voyage de Louis Catat, celui-ci est du même niveau d’intérêt.
Quelques articles sont parus en France à propos de Henry Douliot. En voici trois, contemporains du décès de l’explorateur ou de la parution de son livre.
Le premier, signé M. D., probablement Marcel Dubois, paraît dans les Annales de géographie, que celui-ci dirige avec Paul Vidal de La Blache. On lit, dans le numéro du 15 octobre 1892 :
Le 2 juillet de cette année, une dépêche nous apprenait la mort à Nossi-bé de l’explorateur Henry-Louis Douliot, emporté par un accès de fièvre. Les lettres de son courageux successeur, M. Émile Gautier, ajoutèrent, un mois après, quelques détails à cette foudroyante nouvelle. Après une difficile et fructueuse exploration du Mailaké, Douliot était rentré fatigué à Mainty-Rano. C’est là qu’il ressentit les premières atteintes du mal, les premières du moins que la douleur le força d’avouer à ses compagnons de voyage et à ses hôtes. Comme tant de nos compatriotes chargés de missions scientifiques à l’étranger ou aux colonies, Douliot reçut de nos marins les meilleurs et les plus prompts secours ; le commandant de la canonnière Le Sagittaire prit à bord notre malheureux ami, le combla de soins, de prévenances, et le transporta à Nossi-bé. Tous les efforts de la science et de l’amitié restèrent inutiles. Douliot mourut le 2 juillet, à trente-trois ans, après quinze mois d’un labeur auquel il s’était attaché avec passion, s’imposant les plus rudes fatigues pour mener à bien l’œuvre qui lui était confiée. Il repose en terre française, dans le petit cimetière de Nossi-bé, mais bien loin des siens, bien loin des honneurs que nous aurions voulu pouvoir rendre à ce zélé serviteur de la science et de l’intérêt français. Il faut souhaiter que l’on mette bientôt en pleine lumière la valeur scientifique de son trop court voyage ; ses confrères en géographie et ses amis auront soin de sa mémoire. Dès que les dernières notes de Henry Douliot auront été retrouvées et mises en ordre, les Annales de géographie offriront à leurs lecteurs une étude complète de cette remarquable exploration. Mais les directeurs et les éditeurs ont voulu s’associer sans retard aux regrets unanimes des maîtres de Henry Douliot et à la cruelle douleur de sa famille.
Le 29 avril 1895, après la publication de ces notes, le Journal des débats politiques et littéraires leur consacre une partie de la rubrique « Au jour le jour », en première page :
Dans le journal du voyage que fit M. Henry Douliot en 1891 et en 1892 sur la Côte Ouest de Madagascar, nous relevons un certain nombre de traits de mœurs dont plusieurs sont intéressants. Au moment où l’on signe un traité d’amitié et d’alliance, l’usage, pour les deux parties contractantes, de boire réciproquement quelques gouttes de leur sang existe chez les races malgaches, comme dans presque tous les pays du monde où la civilisation est encore rudimentaire. À Madagascar, cette cérémonie s’appelle le fatidra ; elle s’accompagne d’une série de cérémonies connexes assez compliquées, et dont le sens nous échappe, mais qui toutes naturellement doivent avoir, ou devaient avoir jadis une signification mystique très précise. Il est à remarquer également que là-bas, comme d’ailleurs chez beaucoup d’autres peuples asiatiques ou africains, le serment parlé a une valeur morale infiniment supérieure au serment écrit ; pour des intelligences à moitié sauvages et très simplistes, l’écriture ne représente rien. C’est un trait de caractère que pourront à l’avenir méditer avec profit les signataires de traités diplomatiques.
Enfin, également en première page et dans la rubrique « La foire aux livres », Le Journal écrit, le 6 juin 1895, quelques lignes sur une publication que l’on doit « aux soins pieux d’un père inconsolé ».
C’est le Journal du voyage fait sur la côte Ouest de Madagascar, par Henry Douliot, trois ans avant l’expédition, la promenade pacifique d’un jeune naturaliste qui abandonna son laboratoire du Muséum où il était préparateur, pour aller là-bas, du côté des rivières mal connues, sous les forêts sans chemins du Ménabé, chercher quelques fleurs nouvelles, quelques échantillons de pierres manquant à la géologie ; promenade d’un an autour de Nosy Miandroka et de Morondava, à travers les tribus sakalaves, de l’enclos où trône un vieux chef aveugle, collectionneur d’amulettes, à la hutte où une vieille buveuse de rhum, demi-reine et demi-fermière, prépare elle-même, le soir, le lit du voyageur. Il y a dans ces notes autre chose que les sèches observations d’un savant : des détails de mœurs amusants, des descriptions de cérémonies étranges, surtout beaucoup de bonne humeur naïve et de franchise aventureuse.

4 octobre 2016

Il y a 100 ans : Des bateaux, des capitaux, des colons (4)

(Suite et fin.)
Certes, le temps est passé où le colon était reçu dans la Grande Île avec l’effusion réservée aux chiens dans un jeu de quilles. M. Picquié et son successeur, M. Garbit, ont mis un terme à ces fâcheux errements. Malheureusement, il faut beaucoup plus de temps pour réparer les conséquences du mal que pour le faire et, après la guerre, il sera beaucoup plus malaisé qu’avant d’attirer des colons dans un pays où il en serait venu un bien plus grand nombre si le proconsul n’y avait jamais sévi !
Nous avons demandé un jour qu’on ouvrît toutes larges les portes de nos colonies à nos compatriotes des régions envahies, dont les terres ne pourront, de longtemps, être remises en culture. Cette idée n’a pas reçu un accueil favorable chez les intéressés. Nous n’insisterons pas, ne voulant pas faire leur fortune malgré eux. Nous n’en conservons pas moins le ferme espoir que l’aisance acquise par maints de nos compatriotes dans la Grande Île y attirera peu à peu de nouveaux colons que les capitaux français se décideront, après la leçon de cette guerre, à prendre le chemin de colonies comme Madagascar, où ils sont certains de fructifier, qu’enfin l’administration saura faire comprendre à nos sujets la nécessité de collaborer, par un travail régulier, au développement du pays.
F. Mury
Le Courrier colonial

Nouvelles de Sainte-Marie de Madagascar

Farine. – Le vapeur Ispahan a débarqué, pour un commerçant de notre place, sept balles de farine soit sept cents kilos, ce qui nous permet d’avoir du pain journellement. Par vapeur Caucase attendu ce jour, le même réceptionnaire doit recevoir la même quantité de farine.
Heureux habitants de Sainte-Marie qui peuvent manger du pain à leur faim !…
Lait condensé. – Par contre, cet aliment indispensable pour les enfants nous fait complètement défaut. Et dire que, malgré les exemples de Tananarive et de Tamatave, personne ici n’a encore pris l’initiative de l’élevage des vaches laitières pour les besoins journaliers des habitants.
Pourtant, ce n’est pas le moyen financier qui manque aux thésaurisateurs du pays. Avis à qui de droit.

Le Tamatave

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3 octobre 2016

Il y a 100 ans : Des bateaux, des capitaux, des colons (3)

(Suite.)
Eux aussi, les Anglais nous donnent une leçon à cet égard. Que font, en effet, nos alliés pour mener à bien l’organisation d’une colonie ? Ils y posent le rail, y édifient un temple et y créent une banque.
Mais entendons-nous : pour qu’une banque ait toute son utilité et puisse favoriser l’expansion économique d’un pays, il faut que le pays puisse à son tour l’alimenter largement. Or, Madagascar n’est pas encore suffisamment riche en colons. Une des provinces les plus favorisées sous ce rapport, celle de Vatomandry, ne compte pas plus de deux colons pour mille indigènes. La proportion est tout à fait insuffisante. Malgré cela, Vatomandry est la plus belle « colonie » de la Grande Île : on y trouve de vastes concessions, riches, bien plantées ; quelques-unes sont en plein rapport. Que serait-ce si le colon y était moins rare !
Vous allez dire : « Et les indigènes ? » Mais les coloniaux avertis savent bien que, quelles que soient les qualités de l’indigène, celui-ci ne saurait être qu’un collaborateur qui a besoin d’un initiateur, lequel ne peut être que le colon, et non le fonctionnaire, quoi qu’en pense ce dernier.
Jamais l’administration n’a pu assurer avec le seul concours de nos sujets la mise en valeur d’une colonie ; seul le colon peut remplir ce rôle, en dirigeant le travail indigène, en éduquant nos sujets parmi lesquels il a décidé de vivre.
Et en même temps qu’il leur inculque le goût du travail, si toutefois l’administration le lui permet, il les guide fatalement sur la route de la civilisation.
Et si Madagascar avait assez de colons, la civilisation aurait fait des progrès beaucoup plus sensibles et l’on n’aurait pas vu les illuminés de la V. V. S., par exemple, prendre tant d’importance et organiser des complots.
Malheureusement, notre humanitarisme mal compris a laissé l’indigène malgache évoluer tout seul, confondre liberté avec licence, méconnaître la supériorité morale du blanc et refuser peu à peu tout effort.
D’ailleurs, si les colons français avaient été plus nombreux à Madagascar, les Allemands n’auraient pu prendre une place aussi importante dans une colonie qui était nôtre.
(À suivre.)
F. Mury

Le Courrier colonial

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2 octobre 2016

Il y a 100 ans : Des bateaux, des capitaux, des colons (2)

(Suite.)
Voyez ce que les Allemands ont su faire non seulement dans leurs colonies, mais aussi dans celles d’autrui. Certes, ils possèdent un esprit de suite, une ténacité qui leur permettent d’ouvrir les portes les mieux fermées, mais tout leur esprit de suite, toute leur ténacité n’eussent pas suffi pour instaurer l’emprise mondiale qu’ils rêvaient, si les efforts de leurs émigrants n’avaient été soutenus, notamment, par un système bancaire merveilleusement organisé, comme nous n’en avons jamais eu de pareil pour venir en aide à nos colons.
Notre excellent confrère de Tananarive, la Tribune de Madagascar, dit fort judicieusement : « Nous autres, Français, nous sommes le peuple le plus enclin à l’étatisme. Mais il y a aussi cela de curieux, c’est que nous sommes aussi celui qui sait le moins tirer parti des ressources de l’État. »
Nous ajouterons, parodiant Bossuet : « C’est là le secret de la force des Allemands et celui de notre faiblesse. »
Il est un fait avéré que partout où les Boches ont voulu ouvrir un commerce ou évincer un négociant rival, ils n’ont jamais eu à redouter le manque de ressources. Des banques ont toujours secondé leurs efforts, quand ce n’était pas l’État lui-même. Il ne faut pas chercher ailleurs l’explication de leur succès persistant. Aussi, quelle réussite n’auraient-ils pas obtenue si leur camelote avait eu les qualités de nos produits ? Il nous aurait fallu leur abandonner complètement la place.
À notre différence, nos adversaires sont doués d’une persévérance à toute épreuve qui les empêche d’abandonner la partie tant qu’ils ne la considèrent pas comme irrémédiablement compromise.
Que d’entreprises coloniales françaises ont passé entre des mains allemandes au moment où elles allaient devenir fructueuses ! Certes, nos colons s’entendent merveilleusement à mettre une affaire debout, mais ils manquent trop souvent d’esprit de suite : ils se découragent trop vite. Disons toutefois à leur décharge qu’ils appréhendent à juste titre de ne pas trouver l’appui nécessaire dans les moments critiques, alors que cette crainte n’existe pas pour les Allemands. Maintes fois, le Courrier colonial a signalé la grave lacune que constitue, dans nos méthodes de colonisation, l’absence de toute aide financière pour les colons un peu hardis.
(À suivre.)
F. Mury

Le Courrier colonial

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 50 titres parus à ce jour.

1 octobre 2016

Il y a 100 ans : Des bateaux, des capitaux, des colons (1)

Ce ne sera pas un des moindres services rendus par la presse au cours de cette guerre que d’avoir inlassablement lancé, sous des formes variées, d’heureux cris d’appel qui auront probablement ému l’opinion et obtenu, grâce à la pression de celle-ci sur les pouvoirs publics, un effort de plus en plus puissant, sans lequel la victoire nous aurait échappé.
« Des canons ! Des munitions ! » s’écrie tous les jours Charles Humbert dans le Journal.
« Des carottes ! Des épinards ! » supplie Laforest dans le Matin.
« Des aéros ! Des avions ! » conjure un troisième confrère.
Et canons et munitions, carottes et épinards, aéros et avions, sortent de terre à ce pressant appel que toute la presse reprend quotidiennement, si bien que les esprits les plus imbus des vieilles routines doivent, bon gré mal gré, emboîter le pas.
La presse coloniale n’a malheureusement pas pareille influence sur les hommes dont dépend la reprise de notre activité coloniale. Tous les jours, elle réclame : « Des bateaux ! Des bateaux ! » sans pouvoir faire appareiller ces bateaux aussi vite qu’entrent en ligne les nouveaux canons, que poussent les carottes et les épinards, que s’élancent dans les airs les nouveaux aéros et avions.
C’est une besogne bien ingrate que celle qui incombera au journaliste colonial jusqu’au jour où il sera parvenu, comme son confrère métropolitain, à imposer ses desiderata à l’attention de ceux qui président aux destinées de nos territoires d’outre-mer. Espérons qu’il ne prêchera pas toujours dans le désert et qu’à force de crier : « Des capitaux !… Des colons !… De la main-d’œuvre !… » il verra enfin l’argent affluer dans nos possessions, les colons venir en grand nombre les mettre en valeur, les indigènes se décider à travailler raisonnablement. Car c’est bien de l’insuffisance de ces trois éléments de prospérité que souffrent la plupart de nos colonies.
Prenons Madagascar, par exemple : voilà une île qui a atteint un certain degré de prospérité et qui voit d’autant mieux ce qui lui manque pour poursuivre son ascension, c’est-à-dire des capitaux, des colons, de la main-d’œuvre, enfin des bateaux pour enlever ses produits.
(À suivre.)
F. Mury

Le Courrier colonial

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 50 titres parus à ce jour.