2 octobre 2016

Il y a 100 ans : Des bateaux, des capitaux, des colons (2)

(Suite.)
Voyez ce que les Allemands ont su faire non seulement dans leurs colonies, mais aussi dans celles d’autrui. Certes, ils possèdent un esprit de suite, une ténacité qui leur permettent d’ouvrir les portes les mieux fermées, mais tout leur esprit de suite, toute leur ténacité n’eussent pas suffi pour instaurer l’emprise mondiale qu’ils rêvaient, si les efforts de leurs émigrants n’avaient été soutenus, notamment, par un système bancaire merveilleusement organisé, comme nous n’en avons jamais eu de pareil pour venir en aide à nos colons.
Notre excellent confrère de Tananarive, la Tribune de Madagascar, dit fort judicieusement : « Nous autres, Français, nous sommes le peuple le plus enclin à l’étatisme. Mais il y a aussi cela de curieux, c’est que nous sommes aussi celui qui sait le moins tirer parti des ressources de l’État. »
Nous ajouterons, parodiant Bossuet : « C’est là le secret de la force des Allemands et celui de notre faiblesse. »
Il est un fait avéré que partout où les Boches ont voulu ouvrir un commerce ou évincer un négociant rival, ils n’ont jamais eu à redouter le manque de ressources. Des banques ont toujours secondé leurs efforts, quand ce n’était pas l’État lui-même. Il ne faut pas chercher ailleurs l’explication de leur succès persistant. Aussi, quelle réussite n’auraient-ils pas obtenue si leur camelote avait eu les qualités de nos produits ? Il nous aurait fallu leur abandonner complètement la place.
À notre différence, nos adversaires sont doués d’une persévérance à toute épreuve qui les empêche d’abandonner la partie tant qu’ils ne la considèrent pas comme irrémédiablement compromise.
Que d’entreprises coloniales françaises ont passé entre des mains allemandes au moment où elles allaient devenir fructueuses ! Certes, nos colons s’entendent merveilleusement à mettre une affaire debout, mais ils manquent trop souvent d’esprit de suite : ils se découragent trop vite. Disons toutefois à leur décharge qu’ils appréhendent à juste titre de ne pas trouver l’appui nécessaire dans les moments critiques, alors que cette crainte n’existe pas pour les Allemands. Maintes fois, le Courrier colonial a signalé la grave lacune que constitue, dans nos méthodes de colonisation, l’absence de toute aide financière pour les colons un peu hardis.
(À suivre.)
F. Mury

Le Courrier colonial

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