27 septembre 2019

Il y a 100 ans : Madagascar est une autre Golconde (1)


Dernièrement, l’Académie des sciences a entendu le rapport de M. H. Lacroix sur quelques pierres précieuses de la Grande Île.
Parmi les faits intéressants mis en évidence par l’étude de la minéralogie de Madagascar, il en est peu, dit M. Lacroix, qui soient plus imprévus que la découverte de plusieurs minéraux, communs ou rares, entrant dans la constitution de roches granitiques et qui, au lieu de se présenter avec l’opacité plus ou moins grande qu’ils possèdent partout ailleurs, se trouvent dans la Grande Île en cristaux transparents et tellement limpides qu’ils peuvent être utilisés comme gemmes quand, par ailleurs, leur dureté est suffisante.
Voilà une nouvelle tout à fait de nature à réjouir nos élégantes. La rivière de diamants et le collier de pertes sont aussi communs aujourd’hui que les colliers de verre, et les marchandes des quatre saisons poussent leur brouette avec des mains ruisselantes de brillants.
La perle et le diamant se sont encanaillés, si l’on peut dire. Le rapport de M. Lacroix vient à son heure, pour révéler au noble faubourg toute une série de gemmes inconnues. Nous avons l’orthose jaune d’or foncé, et le diopside vert sombre qui feront merveille sur votre col ivoirin, Madame la marquise. Et que vous semblerait d’une « esclave » semée de kernerupines d’un vert olivâtre clair d’Itrongahy ? (Ça, ce doit être rupin !)
La Grande Île nous offre encore la danburite jaune topaze de Maharitra et d’Imale… autant de gemmes d’une exceptionnelle pureté qui feront des bijoux rares, auprès desquels le « Régent » ne sera plus que de l’eau de… charbon.
Mais M. Lacroix est un savant et il ne s’arrête pas à ces considérations frivoles.
Comme il avait trouvé une nouvelle pierre malgache d’un jaune limpide et d’une pureté exceptionnelle, l’idée ne lui est point venue de rechercher si elle serait mieux montée en épingle ou enchâssée dans un bloc de platine, ni si cette pierre devait être portée au printemps plutôt qu’en été, ni si elle conviendrait aux blondes plutôt qu’aux rousses ou aux brunes.
(À suivre.)
Le Courrier colonial



Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.

25 septembre 2019

Il y a 100 ans : C’est la concurrence qui secouera l’apathie des indigènes malgaches


Une vague de paresse, nous dit-on, passe sur l’Europe et la France. Si nous en croyons un colon de la Grande Île, il y a beau temps que les indigènes de Madagascar se laissent rouler mollement par cette vague et ils s’en trouvent si bien, que ni discours, ni enseignements, ni exemples ne sont assez puissants pour les inciter à faire un effort sérieux.
Les pouvoirs publics et l’opinion se préoccupent par exemple de l’importante question de l’élevage. On voudrait accroître le cheptel en quantité et surtout en qualité. Comme c’est l’indigène qui possède la majeure partie des troupeaux, il semble que, si l’on faisait son éducation professionnelle, de bons résultats pourraient être obtenus.
Peine perdue, dit un colon.
« Ce qu’il faut, c’est se persuader, une fois pour toutes, qu’on n’arrivera à rien avec l’indigène.
« L’indigène entend obtenir le maximum de rendement avec le minimum d’efforts et sans dépenses. Il y a cela une cause que nous connaissons bien, parce que nous la suivons depuis des années, mais il faut vouloir faire, tout d’abord, cette constatation.
« Ce ne sont pas les écoles ou les fermes qui obvieront aux effets de cette mentalité, ces gens-là n’ont pas le crâne fait comme le nôtre. On ne les amènera à un progrès que lorsque d’autres vendeurs apporteront des produits de plus en plus parfaits sur les mêmes marchés qu’eux et qu’ils sauront que s’ils vendent moins cher, c’est que leurs produits sont inférieurs. Or, celui qui sera capable de faire cela, c’est le colon. »
Ces réflexions nous semblent parfaitement justes. C’est par la fréquentation quotidienne de la race plus civilisée que l’indigène progresse, c’est surtout lorsqu’il voit dans le colon un concurrent direct qu’il se préoccupe d’améliorer ses méthodes de production. L’école n’obtient jamais de pareils résultats chez les peuples primitifs.
Le Courrier colonial

Le courrier

On a remarqué, et on s’est plaint, de la lenteur exceptionnelle apportée au dépouillement du courrier de la Ville d’Arras. Ce bateau a mouillé à 6 heures du matin et les premières lettres n’étaient pas encore distribuées à onze heures.
Le Tamatave


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22 septembre 2019

Il y a 100 ans : Les colons de la Grande Île se plaignent de leurs facteurs


M. Schrameck trouve que rien ne va à Madagascar et, sur certains points, ses anciens administrés sont tout à fait d’accord avec lui. Par exemple, les colons de la Grande Île se plaignent des fantaisies du service postal et de son insuffisance.
De ceci, Madagascar n’a pas le monopole, les points du globe où le service postal laisse à désirer sont nombreux. Une chose est particulière à Madagascar cependant. Ailleurs, on déplore que les lettres n’arrivent point ; ici on prétend qu’elles ne parlent même pas.
L’administration des P. T. T. a bien mis des boîtes à la disposition des particuliers pour jeter leur correspondance ; elle a chargé des facteurs indigènes de ramasser les missives ainsi confiées à ses soins, mais voici où commence la difficulté. Les facteurs indigènes n’ont pas saisi leur véritable mission ; ils respectent le secret des boîtes aux lettres et se gardent bien d’en extraire les plis que le public y a déposés. À Madagascar, les indigènes sont discrets.
Peut-être, estiment-ils, que ce n’est vraiment pas la peine de vider les boîtes avant qu’elles soient pleines. Le temps est une chose précieuse et ce serait le gaspiller que de transporter en cinquante voyages ce qui peut être transporté en un seul.

Les relations maritimes entre Bourbon et Madagascar

Les habitants de la Réunion se plaignent de la situation actuelle des relations maritimes entre leur île et Madagascar.
Ils demandent que les navires des Messageries Maritimes, qui font le tour de Madagascar, soient déroutés après les escales de Tamatave et Mananjary.
Il est nécessaire que les navires ainsi déroutés touchent ces derniers ports avant d’arriver à la Réunion, parce que c’est là qu’on trouve, en outre des riz, les autres articles d’alimentation et les bœufs indispensables à l’île, fournis par le Betsileo, l’Émyrne, Moramanga et la région du lac Alaotra ; Majunga et Tuléar y ajouteraient leur précieux appoint de riz blanc, de pois du Cap et de tortues.
Il ne faut pas oublier que Madagascar est le fournisseur obligé du Réunionnais, surtout depuis la guerre.
Le Courrier colonial


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19 septembre 2019

il y a 100 ans : Madagascar sans monnaie


Il y avait dans la Grande Île 2 millions de pièces laurées en circulation, et tout le monde s’accommodait fort bien de ces monnaies impériales.
Un décret vint, qui les démonétisa. Les pièces furent retirées ; le bon sens eût voulu qu’elles fussent remplacées par une égale quantité de pièces frappées à l’effigie orthodoxe. Naturellement rien de semblable ne fut fait et Madagascar subit une crise de monnaie divisionnaire. C’est une crise moins grave que celle du fret. Il n’en est pas moins vrai qu’elle est gênante pour les transactions courantes, aussi les colons nous demandent s’il ne serait pas possible de leur envoyer quelques colis postaux de pièces de nickel.
Une pareille expédition serait quelque peu risquée. Depuis des mois, le colis postal a une fâcheuse tendance à prolonger outre mesure son séjour sur les quais d’embarquement. Il arrive, même s’il ne renferme que les denrées les moins enviables, que le colis disparaisse. Que pourrait-il bien advenir d’un colis de pièces de nickel ?

La Grande Île est dans le marasme

De la Démocratie Nouvelle :
En ce moment, la main-d’œuvre indigène fait complètement défaut. Depuis l’armistice, il n’y a plus de bateaux. Les quelques rares paquebots qui arrivent mettent de trente-cinq à cinquante jours pour faire la traversée, au lieu de vingt. Quatre sont arrivés chargés de troupes et lestés de sable, alors qu’on manque de tout.
L’Orénoque a dû laisser à quai, à Marseille, des colons, des fonctionnaires, des soldats démobilisés qui avaient retenu leurs places depuis le point de départ. Résultat : indemnités à payer, traitements doubles, etc., etc.
Les colis postaux n’arrivent plus ; le manque de remèdes a causé, pendant l’épidémie de grippe, de nombreux décès. Et, pendant que les commerçants français sont dans le marasme, Chinois et Indiens s’approvisionnent par la voie anglaise de produits anglais, indiens ou japonais.

Matériel sanitaire pour Madagascar

Le département de la guerre a cédé à Madagascar pour environ 500 000 francs le matériel sanitaire désaffecté.
On compte que ce matériel arrivera dans la Grande Île avant la fin de l’année, en même temps que les machines agricoles commandées en France par le gouvernement général.
Le Courrier colonial


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18 septembre 2019

Il y a 100 ans : Les indigènes de la Grande Île apprécient nos institutions


Les indigènes de la Grande Île paraissent sensibles aux marques d’intérêt que leur prodigue l’Administration française. Mieux encore, ils semblent comprendre la haute portée des réformes sociales introduites chez eux.
Dernièrement, une trentaine de notables indigènes, tous commerçants, se sont rendus à la Résidence pour remercier le gouverneur général à propos de la récente création d’un orphelinat.
De plus, ils ont fait connaître au chef de la colonie qu’ils participeraient très volontiers aux frais de cet établissement
Les notables de la Grande Île apprécient en effet nos méthodes d’éducation et paraissent même regretter que l’instruction soit donnée à leurs enfants avec quelque parcimonie.
Plusieurs d’entre eux viennent de manifester le désir de voir se créer dans la colonie une école indigène supérieure, avec un internat très surveillé. Quant aux carrières ouvertes par le passage dans cette école, ils voudraient qu’elles fussent non pas administratives, mais commerciales, et que leurs enfants reçoivent une instruction leur permettant de les seconder dans leurs affaires, ou de trouver des situations intéressantes auprès des employeurs européens.
À l’heure actuelle, disent-ils, cet enseignement fait complètement défaut. Sa création n’entraînerait pas de grosses dépenses au budget puisque nous sommes disposés à payer les frais d’instruction de nos enfants.
Malheureusement, il y a pénurie de personnel dans le service de l’enseignement, et M. Schrameck lui-même a fait la critique de celui-ci.
Le Courrier colonial

La représentation de Madagascar au Parlement

La question de la représentation de Madagascar au Parlement a été posée le 25 juin dernier par M. Cazenave, sénateur du Rhône.
La réponse du rapporteur sur le projet de réforme électorale a été assez curieuse : « Il faudra d’abord que les cadres administratifs pour cette consultation soient préparés. L’heure n’est donc pas venue de poser cette question. »
M. Cazenave n’a pas poussé plus loin la discussion. Il est probable qu’il n’a pas senti le moment favorable car il ne pouvait vraiment considérer la réplique du rapporteur comme un argument sérieux.
Le Tamatave


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16 septembre 2019

Il y a 100 ans : Les fêtes de la victoire à Tananarive


À Madagascar, comme dans tous les points du globe où flotte notre pavillon, la nouvelle de la signature de la paix a été le signal de réjouissances spontanées de la part des indigènes.
Les fêtes officielles avaient été reportées au 14 juillet. Malheureusement, par suite de l’épidémie de grippe qui, au dire de M Schrameck, a fait 30 000 victimes à Madagascar (et suivant d’autres informations 50 000), les fêtes officielles ont dû être reportées à une date plus éloignée.
Le gouverneur général a décidé que, dans les circonscriptions contaminées par la grippe, les réjouissances n’auraient pas lieu le 14 juillet et seraient différées jusqu’aux fêtes de la paix qui seront célébrées après la disparition complète de l’épidémie.
Comme conséquence, la Fête Nationale a comporté seulement les cérémonies patriotiques.
Dans les circonscriptions qui, après avoir été atteintes de la grippe, ont été déclarées indemnes, les chefs de circonscription ont eu toute latitude pour organiser des réjouissances ou les différer. La circulaire du gouverneur général les autorisait même à utiliser tout ou partie des crédits disponibles sous forme de secours aux familles les plus éprouvées.
Les circonstances imposaient cette décision. À Tananarive particulièrement, il était de toute nécessité d’éviter un rassemblement d’indigènes provenant de différents points de la province les plus éprouvés et peu éloignés de la capitale.
Pour célébrer les fêtes de la paix, il sera possible d’organiser trois journées allant du samedi au lundi, alors qu’aucun retour offensif de l’épidémie ne sera à prévoir. L’alerte a été suffisamment chaude pour que l’on désire en éviter le retour.
Le Courrier colonial

Importation

Le vapeur Australcrag consigné à la Cie Lyonnaise a débarqué dans notre port les marchandises suivantes : 9 000 caisses essence de pétrole, 15 948 caisses pétrole, 660 barriques huile à graisser, 2 900 caisses huile à graisser, 170 barils graisse minérale, 625 caisses graisse minérale, 1 100 rouleaux Texaco Roofing, 70 caisses texalène, 75 caisses peinture asphalte.
Le Tamatave



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15 septembre 2019

Il y a 100 ans : La personnalité civile accordée aux Chambres consulaires de Madagascar


Un récent décret accorde la personnalité civile aux Chambres de commerce, de l’industrie et de l’agriculture de Madagascar.
Comme conséquence, ces assemblées auront voix consultative dans les décisions du gouvernement. Elles auront qualité pour fonder ou administrer des établissements à usages commerciaux tels que bourses, magasins généraux, laboratoires, fermes modèles, etc. De plus, elles auront un budget propre et pourront être autorisées à contracter des emprunts.
Le décret qui accorde la personnalité civile aux Chambres de commerce de Madagascar a été motivé par le développement économique, de jour en jour plus considérable, de la Grande Île.
Malgré la guerre, le commerce total de la colonie, qui n’était en 1902 que de 55 millions de francs, s’est élevé en 1916 à 187 millions et en 1917 à 223 millions.
Cet accroissement continu en dépit de l’insuffisance des transports maritimes est le meilleur critérium du développement rapide de toutes les branches économiques de notre colonie. Aussi ne pouvait-on que trouver légitimes les aspirations des colons français qui désiraient voir accorder la personnalité civile à quelques-unes de leurs Chambres consultatives.
Les nouvelles organisations, avec une autonomie et des ressources propres, des attributions plus étendues, ne pourront qu’accentuer la collaboration précieuse des colons avec l’administration pour le plus grand bien de l’intérêt général.
La nouvelle organisation prévoit que deux membres indigènes feront partie de ces assemblées.

La rue du Papin

On a dû l’oublier, car il a l’air d’y avoir longtemps qu’on n’y a pas touché. Aussi a-t-elle pris un curieux aspect. Une partie des cailloux s’est détachée, ce qui fait la joie des gamins qui ont de quoi exercer leurs talents balistiques. Une autre partie adhère encore, ce qui fait horriblement cahoter les véhicules qui ont le malheur de s’y aventurer. Songez donc, il y a quatorze ans qu’elle n’a senti le rouleau compresseur, et la ruelle tient toujours bon. Pourtant ce n’est pas un record, car les routes romaines qui existent encore datent de plus de 1800 ans.
Attendrons-nous aussi longtemps pour voir la rue du Papin réparée ?
Le Tamatave



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14 septembre 2019

Il y a 100 ans : L’aviation civile aux colonies


Le gouvernement vient de saisir les Chambres d’un projet de loi portant ouverture d’un crédit de 2 100 000 francs. Ces crédits sont destinés à organiser l’aviation aux colonies, principalement à Madagascar et en Indochine.
Les dépenses de cette organisation devraient, en principe, incomber aux budgets locaux. Mais plusieurs colonies ont fait savoir au gouvernement que leur situation financière ne leur permettait pas de prévoir des crédits destinés à l’aviation. Seules ont consenti à inscrire, dans leur budget de 1919, Madagascar, 240 000 francs, et l’Indochine, 600 000 francs.
Ces crédits ont paru insuffisants pour faire œuvre utile et la métropole viendra en aide à ces colonies. Deux subventions, l’une de 1 400 000 francs, l’autre de 500 000 frs, sont accordées respectivement à l’Indochine et à Madagascar pour permettre à ces deux possessions de réaliser le programme qu’elles ont envisagé.
Ces subventions sont d’ailleurs entièrement justifiées par le fait que l’aviation coloniale, appelée à un développement considérable, ne peut manquer de contribuer grandement à l’essor de nos possessions d’outre-mer, résultat dont la métropole sera la première à bénéficier.
De plus, l’emploi des escadrilles étant envisagé en cas d’opérations militaires, il paraît naturel que le budget de l’État participe aux dépenses de ce service.
Une somme de 200 000 francs a paru également nécessaire pour permettre au ministère des Colonies d’aider les entreprises privées, employant l’avion, qui ont l’intention de s’installer dans nos possessions, et d’encourager pécuniairement les expériences qui intéressent l’aviation coloniale.
Le Tamatave

La garde indigène de Madagascar

Le Journal officiel du 4 août publie un décret portant réorganisation de la garde indigène de Madagascar.
Ce décret prévoit une augmentation des soldes du personnel de cette formation, la suppression du grade d’inspecteur de troisième classe, la création d’emplois de gardes principaux hors classe et met au point la réglementation en vigueur relative aux conditions d’admission du personnel européen de la garde et à la proposition des différents grades dans les effectifs indigènes.
Le Courrier colonial


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13 septembre 2019

Il y a 100 ans : Un tableau trop sombre de Madagascar (3)


(Suite et fin.)
M. Schrameck n’a pas réussi davantage à changer la mentalité des Malgaches sur ce point. Puisqu’il se plaint de la main-d’œuvre et la déclare insuffisante et défectueuse, c’est qu’il n’a pu l’améliorer. Aussi bien les circonstances s’y prêtaient-elles mal. Avant tout, il fallait enrôler des indigènes pour la métropole et il eût été maladroit de mécontenter la population, quand s’imposait l’envoi de milliers de Malgaches.
Mais aujourd’hui les conditions ne sont plus les mêmes. Nous sommes les maîtres de la situation, nous ne redoutons plus d’insurrection, le temps de l’oisiveté est passé, colons et sujets français doivent travailler assidûment à la prospérité de la Grande Île. Ce n’est que par un effort considérable et régulier que cette magnifique colonie peut être mise pleinement en valeur.
Et si les indigènes protestent, que l’administration supérieure leur dise ce que l’Allemagne aurait fait d’eux si le destin avait fait tomber Madagascar entre ses mains. Tous les maîtres d’école de cette colonie n’ignorent pas le français. Invitons ceux qui le connaissent à donner lecture aux enfants des passages les plus saillants des rapports officiels sur la manière dont les Allemands comprenaient la colonisation au Cameroun, par exemple. Que les instituteurs invitent leurs élèves à répéter dans leurs familles ce qu’ils auront entendu.
Nos sujets connaîtront ainsi le régime auquel la maison O’Swald et tous les Allemands déjà fixés à Madagascar se proposaient de les soumettre. Ayant fait la comparaison entre le sort qui les attendait et celui que nous leur faisons, ils s’estimeront heureux de travailler avec nous.
Madagascar aura assez de main-d’œuvre et de bonne main-d’œuvre quand l’administration supérieure empêchera celle-ci de se dérober à la loi du travail.
Des techniciens, des ingénieurs, des médecins, des routes, des chemins de fer, des ports, il y en aura quand les capitaux afflueront dans la Grande Île. Mais pour qu’ils en prennent le chemin, il est maladroit de faire au public métropolitain un tableau trop désenchanté de ce pays et de ceux qui le colonisent.
Je reste persuadé que M. Schrameck a une meilleure opinion de ces derniers et qu’il saisira la première occasion de rendre hommage à leurs efforts.
F. Mury
Le Courrier colonial



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12 septembre 2019

Il y a 100 ans : Un tableau trop sombre de Madagascar (2)


(Suite.)
Retournera-t-il à Madagascar ? demande notre confrère.
Il semble bien que M. Schrameck n’y songe guère, car il semble avouer sa propre impuissance à faire mieux.
Certes, je suis tout à fait d’accord avec M. Schrameck quand il demande que l’on balaye spéculateurs, incompétents, maîtres d’école ne sachant pas un mot de français, etc. Mais la Grande Île serait-elle ce qu’elle est aujourd’hui si elle n’avait connu que ces indésirables ? Par quel prodige les terres cultivées occupent-elles aujourd’hui une telle étendue, produisent-elles du riz, du manioc, du café, de la vanille, etc., en si grande abondance, le commerce a-t-il pris une assez grande extension pour tenter les Allemands, si la colonie en est encore à attendre des colons, des commerçants sérieux ?
Et cependant, que d’entraves ont été apportées au développement de ce pays depuis que le général Gallieni l’a quitté ! Ce qui m’étonne, au contraire, c’est que Madagascar ait résisté aussi vaillamment à toutes les tornades administratives et autres qui se sont abattues sur elle ! Il n’y aurait plus un colon français dans la Grande Île que je n’en serais aucunement surpris. Durant les quelques mois que j’y ai passés il y a onze ans, j’ai entendu les doléances de nos compatriotes qui se plaignaient d’être trop souvent brimés par l’administration supérieure, de ne pouvoir trouver de main-d’œuvre pour leurs exploitations, parce que le gouverneur général répétait à satiété aux indigènes qu’ils étaient libres de ne pas travailler s’ils le voulaient, si bien que les Malgaches, paresseux comme tous les primitifs, s’empressaient de ne plus rien faire.
Au nord, au sud, à l’est, à l’ouest de la Grande Île, les récriminations étaient identiques. Cependant nos colons sont restés. Il est vrai qu’ils ont connu des gouverneurs généraux comme MM. Picquié et Garbit, qui ne professaient pas des idées aussi subversives en matière de colonisation. Toutefois, ces hauts fonctionnaires n’ont pu remonter tout à fait le courant. C’est qu’il est beaucoup plus aisé d’obtenir des indigènes qu’ils se livrent quotidiennement aux douceurs du farniente que de les décider à travailler régulièrement quand ils ont pris l’habitude de la paresse.
 (À suivre.)
F. Mury
Le Courrier colonial



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11 septembre 2019

Il y a 100 ans : Un tableau trop sombre de Madagascar (1)


M. Schrameck, arrivé à Marseille le 5 août, a été interviewé par un de nos confrères au Petit Parisien, à qui il a fait par une description assez peu enthousiaste de Madagascar.
Est-ce le gouverneur général de la Grande Île qui est pessimiste ? Est-ce notre confrère ? Quoi qu’il en soit, le tableau qui est fait de notre grande colonie de l’Océan Indien paraît bien poussé au noir.
M. Schrameck a reconnu que Madagascar est un pays admirable, dont les ressources agricoles et minières sont merveilleuses, mais où l’hygiène est ignorée des indigènes et l’assistance médicale très insuffisante. Faute de soins, la grippe a causé dans l’île trente mille décès et, souvent, les corps ont pourri sans pouvoir être enterrés !
Les enfants, qui vont tout nus, déclare le gouverneur général, disparaissent par insuffisance de nourriture ou succombent au paludisme. Sur les hauts plateaux, les indigènes sont décimés par la bronchite.
Les routes manquent, les voies ferrées sont en trop petit nombre, la main-d’œuvre, difficile à recruter, est très défectueuse, aussi les travaux avancent-ils lentement.
Les deux grandes ressources sont le bétail et les mines. Notre confrère aurait pu y ajouter les immenses cultures, dues pour une large part à nos colons, dont l’effort semble quelque peu méconnu dans cette interview où il est question d’anciens marchands de cartes postales qui ont accaparé de riches terrains houillers uniquement pour les revendre, mais où j’aurais aimé voir rendre justice aux Français qui peinent depuis de longues années pour mettre en valeur les régions fertiles de la Grande Île.
Certes, les mines n’ont pas toujours été exploitées comme il le fallait, certes, les techniciens font souvent défaut, mais il y a à Madagascar, quoi qu’on en dise, des colons instruits et sérieux dont la spéculation n’est pas l’unique objectif.
Assurément, s’il y avait dans la Grande Île plus d’agriculteurs, plus d’ingénieurs, plus de médecins, plus de gens de métier, moins d’incompétents, la prospérité du pays s’en ressentirait fort et cette possession serait, comme l’affirme M. Schrameck, un des plus beaux fleurons de notre domaine colonial.
(À suivre.)
F. Mury
Le Courrier colonial



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10 septembre 2019

Il y a 100 ans : Parlement malgache


Un grand indigénophile vit en songe son rêve réalisé. Le niveau intellectuel des Malgaches était arrivé au même degré que celui des Européens et même à un degré supérieur car ils constituaient une race neuve, toute jeune alors que la nôtre, affaiblie par les années et usée par le dur struggle for life, traînait l’aile péniblement comme un oiseau blessé. Aussi, un parlement malgache s’était-il constitué. On y voyait de toutes les races qui avaient envoyé chacune leurs représentants. Les types étaient tous plus beaux les uns que les autres. On pouvait juger d’autant mieux de la bonne proportion de leurs membres qu’ils n’étaient pas tous vêtus à la dernière mode.
Quelques-uns, rappelant par leur costume le paysan du Danube, donnaient à présumer qu’ils en auraient aussi la sagesse. D’autres, à l’instar des sénateurs romains, étaient drapés dans leur toge et leurs délibérations devaient au moins valoir celles des pères conscrits. Plusieurs questions, – dont quelques-unes d’un ordre très élevé, – furent débattues. Des interprètes traduisaient dans les différents dialectes, au fur et à mesure, tout ce qui se disait de façon à ce que tout le monde pût comprendre. À un moment donné, les députés (?) furent invités à formuler de vive voix, ou par écrit pour ceux qui connaissaient, les aspirations et les désirs de leurs tribus respectives. Il y eut d’abord quelques difficultés pour leur faire comprendre la question mais aussitôt qu’ils l’eurent comprise ils répondirent d’une seule voix : « En premier lieu nous voulons bien manger. » Désappointés par ce terre-à-terre, certains membres lettrés crurent bon d’insister pour obtenir une meilleure réponse ; ils demandèrent : « Et après ? »
« Et après ne rien f… »
Notre grand indigénophile en fut si stupéfait que du coup il se réveilla.

Une économie

Au moment où la France cherche à relever ses finances, il n’est pas de petite économie qui soit négligeable. C’est sans doute pour lui venir en aide que le coup de canon de 8 heures qui donnait tous les matins l’heure officielle à notre ville a été supprimé depuis le 26 courant ?
Nous ne saurions blâmer cette mesure, car elle peut être le commencement d’une série d’économies : les petits ruisseaux font les grandes rivières.
Le Tamatave


Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 82 titres parus à ce jour.

9 septembre 2019

Il y a 100 ans : Les deux plaies de Madagascar, la spéculation et l’incompétence (2)


(Suite et fin.)
« Ce qu’il nous faut, c’est une compréhension meilleure des intérêts généraux. Le bétail et les mines sont les deux grandes ressources de l’île. Il y avait aussi les forêts, mais elles ont été en partie dévastées. On a découvert des gisements de cuivre, de fer et de charbon, mais ce qui importe est leur exploitation par des gens compétents. Il faut un personnel technique, un cadre de colons instruits et sérieux au lieu de gens qui cherchent à faire de la spéculation et des affaires. Il est pénible de voir d’anciens marchands de cartes postales, par exemple, accaparer de riches terrains houillers et attendre tranquillement l’offre du prix fort pour s’en dessaisir. La spéculation est un microbe infectieux qui a pénétré partout, là-bas comme ici. En Europe on résiste tant bien que mal, là-bas on en meurt.
« On en meurt, car elle annihile les meilleures volontés, elle paralyse tous les efforts. Il y a beaucoup à faire à Madagascar, mais il nous manque des agriculteurs, des ingénieurs, des médecins et des instituteurs. En un mot, des gens de métiers qui savent quelque chose, des éducateurs d’hommes capables de conduire des hommes et de les initier à ce qu’ils savent et d’en tirer le meilleur rendement possible. Il y a des maîtres d’école qui ne savent pas un mot de français et qui, naturellement, ont la prétention de l’enseigner. Il en est, malheureusement, de tout ainsi. Que l’on balaie les spéculateurs d’abord et les incompétents ensuite, et Madagascar sera ce qu’elle doit être, ce qu’il faut qu’elle soit : un des plus beaux fleurons de notre domaine colonial. »
Cette situation, M. Schrameck va aller à Paris l’exposer au ministre. C’est un grand cri d’alarme qu’il va pousser, et il a l’espoir qu’il sera entendu. Ensuite, il ira se reposer à Vichy. Retournera-t-il à Madagascar ? Pour le moment, il est en congé régulier, et, s’il a des projets, c’est son secret. L’avenir nous le dira.
E. de Feuquières.
Le Petit Parisien



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8 septembre 2019

Il y a 100 ans : Les deux plaies de Madagascar, la spéculation et l’incompétence (1)


(De notre envoyé spécial.)
Marseille, 5 août.
Le gouverneur général de Madagascar, qui avait pris passage à bord de l’Orénoque, est arrivé aujourd’hui, à 2 heures, à Marseille. J’ai eu le plaisir de trouver l’ancien préfet des Bouches-du-Rhône en excellente santé. Il a bruni, il a maigri et, ma parole, je crois bien qu’il a rajeuni.
— Madagascar est un pays admirable, qui possède, tant au point de vue agricole que minier, des ressources merveilleuses. Seulement il faudrait que ces ressources soient exploitées avec intelligence et méthode. Si nous voulons qu’un jour notre grande colonie africaine donne à la métropole tout le rendement que nous sommes en droit d’en attendre, il faut développer d’abord l’assistance médicale, donner aux indigènes une idée pratique de l’hygiène, qu’ils ignorent complètement. Il faut aussi pourvoir l’enseignement d’une direction qui lui fait défaut.
« La grippe espagnole, faute de soins, fait des ravages considérables. Nous avons compté près de 30 000 morts et les corps pourrissaient sur la voie publique, dans l’impossibilité où nous nous trouvions de pouvoir les faire enterrer. Des enfants vont encore tout nus par habitude et aussi dans l’impossibilité où sont les parents de se procurer un tissu convenable. Avec cela insuffisamment nourris, ils dépérissent et succombent sous les effets néfastes du paludisme que propagent les marais encore non asséchés. Sur les hauts plateaux, c’est la bronchite qui fait dans leurs rangs des ravages considérables.
— Voilà un tableau bien sombre. Et l’industrie et l’agriculture ?
— Mal utilisées. Trop d’hommes sont affectés au port qui pourraient travailler. Les routes ne sont encore, pour la plupart, que des sentiers. Une seule ligne de chemin de fer relie Tananarive à Tamatave. Deux autres sont en formation, l’une vers le sud, l’autre vers le nord, et la main-d’œuvre étant difficile à recruter, et en général défectueuse, les travaux marchent lentement, très lentement.
(À suivre.)
E. de Feuquières.
Le Petit Parisien



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3 septembre 2019

Il y a 100 ans : « Pays riche, mais qui a besoin de médecins », nous dit M. Schrameck (2)


(Suite et fin.)
La réforme de l’enseignement étant intimement liée à celle de l’hygiène, le gouverneur de Madagascar voudrait surtout, si j’ai bien saisi sa pensée, créer un enseignement professionnel qui nous donne un jour une meilleure utilisation de la main-d’œuvre indigène. Actuellement, l’enseignement est donné dans certains centres par des maîtres d’école qui ne parlent même pas le français. D’ailleurs, il est des régions, notamment sur les hauts plateaux où la population, insuffisamment vêtue, se nourrissant mal, vivant dans une dangereuse promiscuité avec les animaux qu’elle exploite, est exposée aux plus graves épidémies. C’est pourquoi la réforme de l’enseignement est en quelque sorte le complément indispensable de la réforme de l’hygiène.
Madagascar est un grand pays qui a peu de routes.
Une seule ligne de chemin de fer va de Tamatave à Tananarive ; les deux autres, l’une vers le sud, l’autre vers le nord, sont actuellement en construction. Presque partout, le trafic se fait sur des sentiers. Que de temps perdu dans le transport des marchandises.
M. Schrameck m’en donne un exemple dans l’exploitation d’un gisement de graphite dont les envois en France exigeaient cinq mille porteurs portant chacun une vingtaine de kilos sur des centaines de kilomètres.
M. de Fauchère, inspecteur des services agricoles de Madagascar, accompagne à Paris M. Schrameck. Il va s’occuper surtout de la question de l’élevage, une des grandes richesses de notre colonie. Il faut apprendre aux indigènes, qui considèrent comme une honte de s’occuper du bétail, à mieux utiliser les produits de l’élevage. On tentera d’introduire le mouton dans l’île.
Notre ancien préfet, dont je connais le merveilleux esprit d’organisation, me parle des richesses minières de toutes sortes dormant dans la terre malgache.
Madagascar possède des gisements de cuivre, de minerai de fer, de charbon, etc. C’est un pays de grandes ressources mais à qui il faut donner des administrateurs énergiques et compétents, car actuellement, à Madagascar – et ceci sera le mot de la fin –, des musiciens tiennent la place des ingénieurs et les surveillants des travaux sont surtout des marchands de cartes postales !
Escudier.
Le Petit Journal



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