8 septembre 2019

Il y a 100 ans : Les deux plaies de Madagascar, la spéculation et l’incompétence (1)


(De notre envoyé spécial.)
Marseille, 5 août.
Le gouverneur général de Madagascar, qui avait pris passage à bord de l’Orénoque, est arrivé aujourd’hui, à 2 heures, à Marseille. J’ai eu le plaisir de trouver l’ancien préfet des Bouches-du-Rhône en excellente santé. Il a bruni, il a maigri et, ma parole, je crois bien qu’il a rajeuni.
— Madagascar est un pays admirable, qui possède, tant au point de vue agricole que minier, des ressources merveilleuses. Seulement il faudrait que ces ressources soient exploitées avec intelligence et méthode. Si nous voulons qu’un jour notre grande colonie africaine donne à la métropole tout le rendement que nous sommes en droit d’en attendre, il faut développer d’abord l’assistance médicale, donner aux indigènes une idée pratique de l’hygiène, qu’ils ignorent complètement. Il faut aussi pourvoir l’enseignement d’une direction qui lui fait défaut.
« La grippe espagnole, faute de soins, fait des ravages considérables. Nous avons compté près de 30 000 morts et les corps pourrissaient sur la voie publique, dans l’impossibilité où nous nous trouvions de pouvoir les faire enterrer. Des enfants vont encore tout nus par habitude et aussi dans l’impossibilité où sont les parents de se procurer un tissu convenable. Avec cela insuffisamment nourris, ils dépérissent et succombent sous les effets néfastes du paludisme que propagent les marais encore non asséchés. Sur les hauts plateaux, c’est la bronchite qui fait dans leurs rangs des ravages considérables.
— Voilà un tableau bien sombre. Et l’industrie et l’agriculture ?
— Mal utilisées. Trop d’hommes sont affectés au port qui pourraient travailler. Les routes ne sont encore, pour la plupart, que des sentiers. Une seule ligne de chemin de fer relie Tananarive à Tamatave. Deux autres sont en formation, l’une vers le sud, l’autre vers le nord, et la main-d’œuvre étant difficile à recruter, et en général défectueuse, les travaux marchent lentement, très lentement.
(À suivre.)
E. de Feuquières.
Le Petit Parisien



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