M. Picquié fait
annoncer par son fidèle Courrier Colonial
qu’ayant heureusement tourné le cap des tempêtes lors de la dernière discussion
du budget, il ne rentrera que « quand il
le jugera bon : on prête à M. Picquié et à ses amis des intentions
qu’ils n’ont certainement pas. »
Certes, et nous sommes
les premiers à répéter ce que nous avons dit maintes fois : le fromage est
trop confortable pour que notre premier budgétivore l’abandonne délibérément et
sans regrets.
On sait d’ailleurs
comment l’intéressé a racolé des pétitions malgaches, femmes, enfants,
illettrés même, suppléés dans la signature par les émissaires de la Secrète, pour essayer de donner le
change sur le sentiment d’antipathie générale.
Ce qu’on ignore, c’est
qu’il a eu recours, comme le plus humble des employés, à un certificat médical
complaisant.
Oh, ce certificat
médical ! Qu’on imagine l’accueil ministériel devant l’attestation que
l’auguste malade avait bon pied, bon œil et les méninges intactes !
Et, fiévreusement,
M. Picquié attend la réponse à sa demande de prolongation de séjour, car
son mandat vient à expiration en octobre prochain. En attendant, il essaie de
donner l’illusion d’un reste de vie par un transport, tel un colis, sur la Côte
Ouest.
Aux États-Unis, on l’eût
proclamé depuis longtemps indésirable
et, comme tel, embarqué d’office sur le premier paquebot en partance. Mais nous
sommes dans une Colonie française et c’est bien le moins qu’elle serve de
refuge aux vieilles épaves de la Métropole.
Petite manœuvre
Pour appuyer sa demande
de prolongation, M. Picquié l’a faite précéder d’un câblogramme au
Ministre des Colonies rendant compte bien tardivement des résultats définitifs
de l’exercice 1912, soit un excédent de recettes d’un peu plus de 5 millions
à verser dans la caisse de réserve.
C’est là une malice
cousue de fil blanc, personne n’ignorant que ce résultat a été atteint en dépit
de la présence du gouverneur et n’est dû qu’à l’élan vigoureux imprimé par ses
prédécesseurs.
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