23 août 2013

Il y a 100 ans : Le port de Tamatave (1)

J’entends dire – le ministre des Colonies ne me faisant pas ses confidences, – que l’administration de la rue Oudinot aurait refusé au gouverneur général de Madagascar, l’autorisation d’émettre un emprunt destiné à l’établissement du port de Tamatave.
Pour cette fois, j’approuve pleinement l’attitude du ministre des Colonies. La colonie de Madagascar est en état de payer les travaux du port de Tamatave sur ses ressources ordinaires, et je n’ai jamais compris comment se justifiait le projet d’emprunt.
Oh ! je sais bien que les gouverneurs ont une excellente presse quand ils empruntent. C’est à qui, dans certaines feuilles, hélas ! trop nombreuses, célébrera leurs éminentes qualités d’administrateurs. Du moment qu’ils donnent leur clientèle aux banquiers, émetteurs de titres étrangers et coloniaux, ils sont réputés économistes avertis et prévoyants, comprenant la nécessité de vastes entreprises, appuyées sur de non moins vastes capitaux. Ils peuvent, à d’autres points de vue, accumuler les sottises, personne ne les relèvera.
Ceux des gouverneurs, dont la situation, en raison de l’esprit favorable de leur personnel et des colons, n’a pas besoin d’être consolidée, trouvent pour l’exécution de leurs entreprises, dans la complicité des prêteurs, un concours extrêmement utile. Telle affaire qui traînera indéfiniment de bureau en bureau, si la colonie qui la propose est seule à la défendre contre l’inaction ou l’hostilité de la rue Oudinot, sera approuvée et revêtue de toutes les autorisations sacramentelles, en un tour de main, si des prêteurs éventuels, dont l’influence est énorme, sont intéressés à la voir aboutir.
Tel railway africain, d’utilité contestable, a été autorisé sans coup férir : la terminaison du chemin de fer de Madagascar s’est heurtée, pendant deux ans, à la mauvaise volonté du Département. Le gouverneur de Madagascar avait eu le mauvais goût de construire son chemin de fer, sans emprunt, sur les ressources de son budget normal : qui donc avait, en dehors de la colonie, intérêt à voir aboutir cette entreprise ? Par contre, toutes les banques, avec leurs bulletins financiers, soutenaient les projets africains faisant appel à leur concours.
(À suivre.)

Les Annales coloniales

Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
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