Les journaux que le
courrier nous a apportés de Diégo-Suarez nous font connaître qu’une exécution
capitale a eu lieu dans cette localité.
Au sujet d’exécutions de
cette nature qui se font de plus en plus fréquentes à Madagascar, nous ne
saurions mieux faire que de reproduire l’article ci-après de le Dépêche de la Réunion, qui exprime sur
cette question des idées les plus justes et tout à fait d’actualité.
L’autre veuve
Les journaux de
Madagascar nous apportent, périodiquement, la nouvelle d’un nouveau méfait,
d’un crime odieux commis sur la personne d’un « vazaha » par les
indigènes, principalement par les Antaimoro nomades chez qui se recrute la
caravane d’assassins.
On ne compte plus les
assassinats commis sur la personne des blancs. Il est vrai que la colonie est
vaste. Nous l’avons conquise, par la force des armes, au prix de six mille
morts, à l’heure où l’on nous tuait moins de monde qu’à présent que nous en
sommes les maîtres. Joli sujet de méditation pour les apôtres de la
colonisation. Ces jours derniers encore, on a passé par les armes, sur la plage
de Tamatave, un indigène convaincu d’assassinat sur la personne d’un Chinois.
Ces fusillades n’arrêtent guère le mouvement de criminalité.
Il grandit sans doute au
fur et à mesure de l’importation dans l’île de nouveaux besoins, importation
qui n’est pas compensée par des habitudes plus grandes de travail et de
régularité. Et puis, il faut avoir le courage de l’écrire, si le gouvernement
général de Madagascar compte, avec ses fusillades répétées, endiguer la marée
rouge qui monte, il se trompe étrangement, encore que sa police soit
excellente.
Non, ce qui ne convient
pas aux Malgaches, c’est le genre de mort qu’on leur réserve au bout des fusils
Lebel, comme à des soldats. La loi française prévoyant que tout condamné à la
peine capitale « aura la tête tranchée », le gouvernement général, au
temps de Galliéni et d’Augagneur, n’ayant pas voulu par coquetterie ou
humanitarisme mal compris, attacher son nom à l’importation d’une « Veuve
Faucheuse », on sollicita un décret, comme pour l’Indo-Chine, fixant le
mode d’exécution capitale pour Madagascar.
(À suivre.)
Le Tamatave
Madagascar il y a 100 ans - Janvier 1913 est disponible :
en version papier (123 pages, 10 € + frais de port)
en version epub (4,99 €).
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