18 mars 2018

Il y a 100 ans : Régionalisme (1)


Notre confrère la Tribune, de Tananarive, a souvent exposé les graves inconvénients qui résultent de l’ingérence par trop méticuleuse du Ministère – aggravée des interventions intempestives de parlementaires peut-être bien intentionnés, mais fort mal informés des réalités – dans la direction des affaires des Colonies.
Les arguments employés par notre confrère ne se prêtaient généralement pas à la réfutation, puisque nous constatons la nouvelle tendance métropolitaine depuis quelques mois à laisser de plus en plus de liberté à notre Gouverneur Général, appuyé sur les corps élus auxquels il est aussi attribué plus d’initiatives qu’à l’origine.
Ce qui est bon pour Madagascar considéré dans son ensemble ne peut que l’être pour ses parties constituantes.
D’ailleurs, nombre de bons esprits en France plaident en faveur de la décentralisation, ou plutôt pour un régionalisme plus large, vraiment libéral. Les arguments contre, invoqués dans la Métropole par ceux qui craignent un affaiblissement du bien national, ne tiennent pas à Madagascar, où il n’existe pas d’unité malgache, où les tribus resteront de longtemps encore nettement dissemblables entre elles. Ici c’est la solidarité réelle qui règne entre les Français répandus par toute la grande île qui constitue le véritable lien d’unité, l’antidote du vieil antagonisme des peuplades ayant eu jadis trop de sujets de ne pas s’aimer.
Il n’y a donc aucun motif pour ne pas mettre fin à l’état de dépendance soupçonneuse où sont tenues les principales régions de la grande île.
La division actuelle en « provinces » n’est qu’une pure formalité (je ne dis pas forme) administrative. L’administrateur – il est fait ici abstraction des personnes – est pratiquement impuissant. Il n’est trop souvent, avec tout son personnel, qu’un agent de transmission complètement dépendant, non pas du Gouverneur Général, mais des bureaux du Gouvernement Général, ce qui est tout à fait différent.
Ce semblerait cependant, marquons-le en passant, que de plus larges responsabilités seraient actuellement laissées aux chefs de province en échange d’une action directe plus large sur les différents services de leur ressort.
(À suivre.)
Le Tamatave


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