13 juin 2019

Il y a 100 ans : Joyeusetés coloniales (1)


M. Augagneur, ex-gouverneur général de légendaire mémoire (ne mérite pas qui veut les surnoms de l’Homme au Canapé et de l’Invalide National), vient de jouer une partie qui lui coûtera son siège de député de Lyon. Aussi tourne-t-il déjà les veux vers les colonies dans l’espoir d’y découvrir une succession facile. En désespoir de cause, il demanderait que Madagascar, son ancien fief, soit représenté à la Chambre, persuadé que nos colons de la Grande Île l’éliraient à l’unanimité.
M. Augagneur a commis quelques gaffes dans sa vie ; inutile de les rappeler, nos lecteurs les connaissent toutes. Mais la dernière vaut d’être contée puisqu’elle risque de faire disparaître de la scène politique un homme qui joua longtemps les jeunes premiers et qui doit se résigner à ne plus être jeune sans avoir la consolation d’être premier, puisque notre Premier est M. Clemenceau et que M. Augagneur ne le remplacera jamais.
L’ex-gouverneur général de Madagascar a la phobie de ses prédécesseurs et de ses successeurs. Il fut le détracteur du général Gallieni et s’acharna après son successeur, M. Picquié, que cet acharnement maintint d’ailleurs à Tananarive beaucoup plus longtemps qu’il n’y serait resté sans les attaques du député de la Guillotière.
N’ayant plus rien à se mettre sous la dent, qu’il a de plus en plus mauvaise, M. Augagneur avait résolu de chercher noise à M. Herriot, son successeur à la mairie de Lyon ; il avait obtenu le concours du ministre du Travail, M. Colliard, comme lui député du Rhône. Tout un échafaudage de sournoises combinaisons fut édifié par les deux compères qui, pour mieux atteindre leur but, firent nommer à Lyon un préfet dont ils étaient sûrs.
Mais ce dernier alla un peu loin. Il promit de l’avancement à certains magistrats de Lyon s’ils consentaient à se faire les instruments du complot Augagneur-Colliard et à poursuivre le maire de Lyon, coupable d’avoir adouci pour ses administrés la rigueur des restrictions alimentaires, d’avoir enrayé la hausse des prix par des achats municipaux de bois, de riz, de légumes verts, en même temps qu’il faisait gagner aux budgets de la ville plusieurs millions dont bénéficiaient les œuvres de bienveillance.
(À suivre.)
Chanteclair.
Le Courrier colonial



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