1 septembre 2015

«La fille de l’Île Rouge», de Charles Renel, réédition numérique

En novembre 1924, Charles Renel, directeur de l’enseignement à Madagascar depuis dix-huit ans, publie chez Flammarion son troisième « roman malgache », La fille de l’Île Rouge. La coutume des ancêtres et Le « décivilisé », les précédents, avaient été annoncés par un recueil de nouvelles, La race inconnue. Et complétés d’autres travaux sur le pays où il s’était installé. Membre de l’Académie malgache, il ignorait que son livre suivant serait publié après sa mort, survenue subitement le 9 septembre 1925 à son domicile d’Ambatonakanga.
Pour introduire ce roman, le dernier paru de son vivant, nous cédons la plume à deux journalistes qui en ont parlé peu après sa publication.

Dans son dernier roman, Le « Décivilisé », Charles Renel nous montrait un blanc, sur le point de redevenir un primitif, brusquement reconquis par la tradition de sa race lorsque l’appelle la terre des aïeux. Cette fois, dans ce beau roman, La fille de l’Île Rouge, c’est uniquement l’amour qui retient captif un fils d’Europe dans l’admirable Madagascar.
Le mari temporaire de la jeune Malgache comprend d’ailleurs bientôt qu’il y a entre leurs deux cœurs un mur mystérieux qui les empêche de se pénétrer.
Voici un beau livre qu’il faut placer au premier rang de nos romans coloniaux.
Le Masque de Fer
Le Figaro, mardi 9 décembre 1924

M. Renel manque, sans doute, d’originalité dans sa façon de concevoir un roman, d’en présenter les personnages et d’en commenter les événements. Il use d’un style assez terne ou conventionnel en outre ; il intéresse, cependant. C’est qu’il parle de choses qu’il connaît et qu’il s’ingénie, avec une louable application, à nous initier à elles, et à nous faire partager la sympathie qu’elles lui inspirent. Rien, dans les amours qu’il conte, ici, d’un colon français et d’une petite Malgache imérinienne, qui ressemble aux nostalgiques histoires des mariages temporaires de lotis. Mais son étude est fouillée de l’âme de la belle Zane, et ses évocations consciencieuses des paysages et des mœurs où cette âme, charmante en sa grâce primitive, s’épanouit. M. Renel est sensible quoiqu’il incline au didactisme, et – j’y insiste – il sait rendre, à force de sincérité, son émotion communicative. Après cela, on peut bien lui passer ses gaucheries.
John Charpentier
Mercure de France, 15 février 1925


Dans la même collection :

Ida Pfeiffer. Voyage à Madagascar
Madagascar en 1914
Jean-Claude Mouyon. L’Antoine, idiot du Sud
Jean-Claude Mouyon. Carrefour
Jean-Claude Mouyon. Beko
Jean-Claude Mouyon. Roman vrac
Charles Renel. La coutume des Ancêtres
Charles Renel. La race inconnue
Madagascar en 1913

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