(Suite.)
1° La « cadouille ». Le condamné
à la bastonnade est appelé au club, sans que jamais il puisse se refuser à
comparaître, sous peine de mort, et le torse nu, les mains liées, il reçoit
d’un compère qui, lui non plus, ne peut se soustraire à cette besogne, le
nombre de coups de rotin indiqué par la condamnation.
Et là, pas de tricherie
ou de compassion de la part du bourreau improvisé. Il se mettrait dans le cas
d’être exécuté lui-même.
2° L’expulsion. Quand un Chinois a mérité
cette peine, suivant les juges qui la lui ont infligée, il reçoit un pécule
raisonnable pour payer son voyage et s’installer ailleurs, mais il ne peut
revenir au point d’où il a été expulsé, sous peine de mort. Le cas s’est vu à
la Réunion il y a quelques années.
3° La peine de mort. Quand elle est prononcée,
le condamné, – je ne dis pas le coupable, – est invité à s’exécuter lui-même,
en s’ouvrant le ventre ou en se tranchant les veines du cou. S’il s’y refuse,
ce qui arrive quelquefois, un ou plusieurs compères sont chargés par le
tribunal de cette exécution, besogne à laquelle eux-mêmes ne peuvent se
soustraire. Et jamais la justice française n’arrive à découvrir quoi que ce
soit dans ce genre d’exécution, comme cela s’est vu il y a peu de temps à
l’occasion du meurtre d’un commerçant chinois à l’angle des rues Sylvain Roux
et de l’Hôpital Militaire ici même à Tamatave.
J’abrège : jamais un
Chinois ne travaillera dans un magasin qui n’appartiendra pas à un Chinois, ni
jamais il ne prendra un employé qui ne soit pas chinois, à moins que ce ne soit
quelques heures le soir pour tenir à jour sa comptabilité et sa correspondance
en français.
Jamais un Chinois ne
portera plainte contre un Chinois devant la justice française, ni ne le
poursuivra pour dettes devant cette justice.
Le club chinois est une
Bourse qui détermine le prix auquel les denrées seront vendues. Il achète en
gros toutes les marchandises pour les céder à petit bénéfice à divers magasins
chinois. Il discute les trucs à employer et les moyens de fraude et de recel
qu’ils exécutent avec une adresse tout à fait… chinoise.
F.
(À suivre.)
Le Tamatave
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