26 septembre 2015

Il y a 100 ans : Le péril jaune (2)

(Suite.)
1° La « cadouille ». Le condamné à la bastonnade est appelé au club, sans que jamais il puisse se refuser à comparaître, sous peine de mort, et le torse nu, les mains liées, il reçoit d’un compère qui, lui non plus, ne peut se soustraire à cette besogne, le nombre de coups de rotin indiqué par la condamnation.
Et là, pas de tricherie ou de compassion de la part du bourreau improvisé. Il se mettrait dans le cas d’être exécuté lui-même.
2° L’expulsion. Quand un Chinois a mérité cette peine, suivant les juges qui la lui ont infligée, il reçoit un pécule raisonnable pour payer son voyage et s’installer ailleurs, mais il ne peut revenir au point d’où il a été expulsé, sous peine de mort. Le cas s’est vu à la Réunion il y a quelques années.
3° La peine de mort. Quand elle est prononcée, le condamné, – je ne dis pas le coupable, – est invité à s’exécuter lui-même, en s’ouvrant le ventre ou en se tranchant les veines du cou. S’il s’y refuse, ce qui arrive quelquefois, un ou plusieurs compères sont chargés par le tribunal de cette exécution, besogne à laquelle eux-mêmes ne peuvent se soustraire. Et jamais la justice française n’arrive à découvrir quoi que ce soit dans ce genre d’exécution, comme cela s’est vu il y a peu de temps à l’occasion du meurtre d’un commerçant chinois à l’angle des rues Sylvain Roux et de l’Hôpital Militaire ici même à Tamatave.
J’abrège : jamais un Chinois ne travaillera dans un magasin qui n’appartiendra pas à un Chinois, ni jamais il ne prendra un employé qui ne soit pas chinois, à moins que ce ne soit quelques heures le soir pour tenir à jour sa comptabilité et sa correspondance en français.
Jamais un Chinois ne portera plainte contre un Chinois devant la justice française, ni ne le poursuivra pour dettes devant cette justice.
Le club chinois est une Bourse qui détermine le prix auquel les denrées seront vendues. Il achète en gros toutes les marchandises pour les céder à petit bénéfice à divers magasins chinois. Il discute les trucs à employer et les moyens de fraude et de recel qu’ils exécutent avec une adresse tout à fait… chinoise.
F.
(À suivre.)

Le Tamatave

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