1 décembre 2016

Il y a 100 ans : De l’eau

Nous avons publié, dans notre supplément de jeudi dernier, une lettre ouverte à M. le docteur Salvat, au sujet de l’eau potable à Tamatave. Cette lettre, signée « un lecteur », émane d’un vieux colon.
Nul n’ignore que nous ne possédons à Tamatave aucune adduction d’eau et que chacun s’approvisionne au fur et à mesure de ses besoins au moyen de puits artésiens enfoncés dans le sol. Dans certains endroits de la ville, la nappe souterraine se rencontre parfois à partir de deux mètres cinquante, dans d’autres, il faut aller jusqu’à 4 mètres et plus.
Cette nappe d’eau souterraine qui sert à l’alimentation de la ville est-elle potable et peut-on s’en servir sans danger aucun ? À l’époque des grandes pluies, les eaux qui s’infiltrent à travers le sable ne polluent-elles pas cette eau que nous buvons ?
Pourquoi, en été principalement, cette eau, mise dans une cuvette par exemple, laisse apercevoir, après quelques heures, à sa surface et sur les parois du récipient, un liquide huileux et cette eau, après 24 heures, dégage une odeur nauséabonde.
L’été dernier, l’état sanitaire a laissé beaucoup à désirer et la rumeur publique a attribué à la mauvaise qualité de l’eau les nombreuses mortalités que nous avons eu à enregistrer. M. le Gouverneur Général, justement ému, vient de confier à l’éminent savant qu’est M. le docteur Salvat la mission d’analyser ces eaux que nous consommons journellement.
Avant de nous prononcer, attendons les résultats de ces analyses.
Nombre de nos lecteurs nous diront qu’en 1903-1904 – époque où on se souciait un peu plus du bien-être des Tamataviens – des échantillons d’eau provenant de notre nappe souterraine ont été envoyés à Paris en fin d’analyse et que le rapport concluait que cette eau filtrée naturellement à travers le sable était plus lourde que celle provenant d’une source, mais aussi pure.
Mais, depuis, on a asséché ou plutôt recouvert d’une couche de sable les marais qui se trouvaient aux alentours de la ville, on nous a doté de quelques égouts modèles et si étanches que toutes les eaux et immondices qu’ils reçoivent s’infiltrent dans le sous-sol.
Si notre eau est aujourd’hui polluée, ne cherchons pas plus loin, c’est au génie malfaisant du progrès que nous le devons.
Aqua.

La Dépêche malgache

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