29 décembre 2016

Il y a 100 ans : Les tavy (1)

Cette chronique était la millième à paraître dans Les Nouvelles.
Cette vieille question revient encore sur le tapis et plus que jamais elle est d’actualité.
Les instructions données pour mettre fin à ce fléau – car c’en est un – ont beau être aussi nombreuses que formelles, rien n’y fait. Ces instructions sont lettre morte pour certains chefs de districts. Non seulement ils n’en tiennent aucun compte mais encore – selon l’expression pittoresque de l’un d’eux, chef d’un grand district – ils s’asseyent dessus.
Lorsqu’une nouvelle circulaire leur parvient, dès qu’ils en ont constaté l’objet, sans même la lire, ils la déposent dans un carton à ce destiné, où reposent celles qui l’ont précédée, et avec un geste ironiquement cérémonieux ils ajoutent : « Une de plus aux oubliettes » (authentique).
Le préjudice énorme, autant qu’irréparable, que les « tavy » causent à la richesse forestière de la colonie ?… Qu’est-ce que cela peut bien leur faire ?… Les protestations des corps constitués, comices agricoles, chambre des mines, etc. ? Ils s’en moquent !
Les instructions formelles qu’ils reçoivent à ce sujet ?
Comme nous venons de le dire, ils s’asseyent dessus !
Rien ne vaut pour eux la douce satisfaction d’être agréables aux noires Dulcinées qui leur prodiguent leurs faveurs enveloppantes. Pourraient-ils refuser quelque chose à leurs enivrantes supplications ? Un petit « tavy » pour leur papa, leur frère, leur cousin, leur oncle, leur neveu, et aussi leur amant de cœur car il est notoire qu’un seul ne réussit jamais à les satisfaire et que chez elles… les collatéraux abondent. On ne peut leur refuser une aussi mince faveur !
Donc, ce ne sont pas les indigènes, auteurs directs des « tavy », qui devraient être châtiés. Après tout ils sont en règle puisqu’ils y ont été autorisés. Mais on devrait tomber sérieusement sur ceux qui donnent de telles autorisations. À noter qu’il y a des districts où aucun « tavy » n’est pratiqué, par la raison bien simple que le chef ne les a pas autorisés.
Qu’on ne vienne pas nous rabâcher que, s’il ne peut pas faire de « tavy », l’indigène mourra de faim. Cela est complètement faux ! Il y a partout des plaines immenses et marécageuses, où le riz – certaines qualités – pousserait admirablement avec un rendement bien supérieur à celui du « tavy ».
(À suivre.)

Le Tamatave

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