A ce moment, le téléphone sonne dans la pièce d'à côté.
Encore un importun, me dis-je en courant...
Erreur.
C'était Raharimanana, que j'ai entendu sourire (si, si) quand je lui ai raconté ce que j'étais en train de faire.
(Tu vas le raconter dans ton blog? me demande-t-il? Voilà, la réponse est oui.)
Je reviens quand même, après cette introduction à laquelle je ne pouvais pas m'attendre, au véritable sujet de cette note - puisqu'il ne s'agit pas, vous l'aurez compris, de me mettre en scène dans mon appartement, de vous dire comment je suis habillé ni ce que je suis en train de boire...
Une vraie quinzaine Raharimanana s'est ouverte au CCAC à Antananarivo, depuis ce matin. La littérature de Madagascar sera donc en fête.
Actuellement, et jusqu'à vendredi, l'écrivain anime un atelier d'écriture dans un esprit que je lui laisse le soin de dévoiler:
Un atelier d’écriture autour de la mémoire, passée et présente. Autour de mes deux livres Madagascar, 1947 et Za. Quels sont les liens entre l’histoire, la voix, le corps ? Si la pièce 47 est une exploration de la mémoire, le corps demeure un enjeu de domination.Je crois qu'ils ont bien de la chance, celles et ceux qui y participent!
Parcourir la mémoire ou la traversée des vies, d’un lieu à un autre, d’un parcours individuel à la destinée d’un groupe, les visages disparus dans le temps, des réapparitions souvent singulières, inexplicables, parfois brutales, presque violentes. Des voix et des visages couverts par les pans de l’histoire, des voix et des visages déformés par les clichés, racontés par d’autres.
Za quant à lui, tisse un lien très fort encore la voix et le corps, sa voix éraillée, zézayante, et son corps meurtri, le corps de son fils disparu, le corps des ancêtres tombé en poussière mais censé demeurer parmi les vivants.
L’atelier explorera ainsi les notions de mémoire et la charge des voix et la présence du corps dans l’écriture.
Samedi à 10h30, toujours au CCAC, j'aurai le périlleux honneur de présenter Raharimanana dans un forum littéraire. Nous reparlerons de Za, bien entendu. Et aussi, j'imagine, d'un tas d'autres choses. Venez nombreux, c'est gratuit. Et il s'agit d'un grand, d'un très grand écrivain malgache.
La quinzaine se terminera, comme il se doit, à la fin de la semaine prochaine, avec une double représentation de 47, une pièce interprétée par Romain Lagarde et Sylvain Tilahimena.
Des rires sur l’absurdité de ces lignes cherchant à comprendre pourquoi je devrais me justifier pour revendiquer ma mémoire. (…) De quoi parlons-nous en fait ? De 1947, mars 1947 et de tout ce qui s’ensuivit. Insurrection contre la colonisation française. L’oppression pendant près de deux ans. Je parlais comme d’une évidence : le chiffre même de 47 sonne douloureux sur la Grande Île, la fin d’un monde, la perte et la défaite, le silence lourd d’une période qui n’en finit pas de nous ronger, de nous hanter…Notez donc ces rendez-vous: le vendredi 19 et le samedi 20, chaque fois à 19 heures.
Raharimanana dans un court texte incisif revient sur une période de l’Histoire, entre Madagascar et la France. C’est une œuvre qui nous interroge sur les rapports entre colonisés et colonisateur, entre pouvoir actuel et passé, sur le silence de part et d’autre, sur l’écriture de l’histoire par le Nord et la nécessité d’interroger cette histoire par le Sud.
Bonjour M. Maury,
RépondreSupprimerJe suis actuellement en train de faire un DEA sur le théâtre malgache et son impact sur le peuple et je me demandais s'il vous serait possible de répondre à quelques une de mes questions.
Même si cet article date quelque peu, j'ai vu que vous étiez toujours en activité c'est pourquoi je prends la peine de vous écrire dans l'espoir de pouvoir vous rencontrer éventuellement.
Cordialement.
Bonjour, j'ai malheureusement peu de lumières sur le sujet...
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