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September 16, 2010

Ben Arès, une (re)naissance

C'est un texte court et dense, dans lequel la phrase halète, où se joue une naissance, prolongée les jours suivants dans l'écriture. Le poète n'est pas étranger à sa propre vie. Celle-ci bat en mots qui se déversent sur les pages, flux tendu, flux des corps, premier éclat quand tout se joue en un instant entre l'eau et l'air, dans l'accompagnement du sang, dans l'accomplissement de ce qui se renouvelle à chaque instant un peu partout sur Terre et qui, pour le père, la mère et l'enfant, reste unique.
Ben Arès, entre ses travaux d'écriture plus amples, aime donner de petits livres en guise de signes. Je ne vous oublie pas, semble-t-il dire, ne m'oubliez pas non plus, et voici ce qui m'arrive...
Outre d'être frappé par la force de ces quelques pages, on pourra donc les prendre aussi comme le faire-part de naissance de Shaina, pourquoi pas?

L'ouvrage est en vente dans les principaux lieux de vente de livres, qui ne sont pas que des librairies, à Toliara. Et, à Antananarivo, dans les librairies Lecture & Loisirs (Tana Water Front), Md Paoly (Analakely), ainsi que chez Ethnik sarl (Isoraka, boutique Kudeta).

March 19, 2010

Ben Arès en récital et en forum au CCAC

Ce soir (vendredi) à 19 heures et demain matin (samedi) à 10h30, rendez-vous au Centre culturel Albert Camus à Antananarivo avec le poète belge Ben Arès, installé à Madagascar et dont le travail s'ancre de plus en plus dans sa terre d'adoption.
Aujourd'hui, il donne un récital poétique qu'il présente comme une lecture-voyage ou lecture-montage de passages d'un livre à un autre livre.
Demain, il parlera de son parcours personnel et de son œuvre. Il use d’une langue métissée qui mêle parfois des mots malgaches aux mots français. Sur ce terrain d’écriture, Ben Arès poursuit sa quête, pose son regard sur les choses et les gens. Il dialoguera avec Andry Solofo Andriamiariseta, universitaire et poète.
Ces deux événements sont liés à l'exposition qui se tient depuis le début du mois au CCAC, un dialogue entre le poète Ben Arès et le photographe Jean-Marc Cransfeld.
Pour faire brièvement connaissance avec l'invité (dont le recueil Sans fil a été coédité par la Bibliothèque malgache), voici une courte vidéo où il parle de Madagascar.



Quatre autres morceaux d'entretien sont disponibles aussi sur cette page de Youtube.

March 10, 2010

Cinq ou six ouvrages de Rabearivelo dans la Bibliothèque malgache

En réalité, c'est même six puisque la première réédition électronique de Jean-Joseph Rabearivelo groupait Presque-Songes et Traduit de la nuit. Il y a eu ensuite un essai, Quelques poètes I. Enfants d'Orphée; un opéra, Imaitsoanala, Fille d'oiseau; un autre recueil de poèmes, Volumes. Et voici maintenant, cinquième livre électronique (gratuit, comme les autres) et sixième titre, Vieilles chansons des pays d'Imerina.
Il s'agit, si mes informations bibliographiques sont exactes, du premier ouvrage posthume, sorti en 1939, deux ans après la mort de l'écrivain.
Robert Boudry, qui en a préfacé l'édition originale, le décrit comme «un recueil de courts poèmes en prose, conçus le plus souvent sous forme de petits discours ou de dialogues, suivant une esthétique semblable. On y trouve d'anciens hain-teny devenus classiques que l'auteur se borne à transcrire dans notre langue, d'autres modernes, parmi lesquels il est malaisé de distinguer ceux qui sont originaux de ceux qui sont empruntés, d'autres enfin qui sont des paraphrases ou des adaptations.»
Le préfacier ajoute: «Ces Vieilles chansons, puisées aux sources mêmes de la tradition des Hauts-Plateaux, évoquent et fixent ce qui constitue l'essentiel de la poésie de l'Imerina, le précieux et le familier, le mythique et le réaliste.»
La préface n'est pas libre de droits et n'apparaît donc pas dans notre réédition. Vous trouverez ce cinquante-sixième ouvrage de la collection sur le site de la Bibliothèque malgache, rubrique Bibliothèque malgache électronique - vous connaissez la chanson...

March 6, 2010

Dialogue entre Jean-Marc Cransfeld, photographe, et Ben Arès, écrivain

Je ne vous oublie pas. Ceux qui suivent mon autre blog, Le journal d'un lecteur, auront peut-être constaté que j'étais très occupé, ces derniers jours, et que j'avais pour une fois la tête à la Foire du Livre de Bruxelles plutôt qu'à Madagascar.
Mais il m'était impossible, vous comprendrez pourquoi un peu plus loin, de manquer l'exposition de Jean-Marc Cransfeld et Ben Arès qui se tient au CCAC du mardi 9 au samedi 27 mars. Ce Dialogue entre un photographe et un écrivain se tient dans un véritable salon, aménagé par l’Antiquaire de Tana pour la lecture de poésie, et ouvert à tous les visiteurs de l’exposition.
Des ouvrages de poésie de la Médiathèque du Centre Culturel Albert Camus seront mis en valeur et disponibles pour la lecture sur place.
Ben Arès interviendra aussi deux fois en public:
  • Le vendredi 19 mars à 19 heures, pour un récital poétique dans le cadre du Printemps des poètes.
  • Le lendemain, samedi 20 mars à 10h30, pour une rencontre où il évoquera son parcours personnel et son œuvre en compagnie d'Andry Solofo Andriamiariseta, universitaire et poète.
Pour vous mettre en appétit, voici une photographie de Jean-Marc suivie d'un texte de Ben qui présente l'exposition à sa manière.

Les photographies que Jean-Marc Cransfeld donne à voir aujourd’hui s’inscrivent dans un laps de plusieurs années, ont été prises au cours de plusieurs séjours passés à Madagascar, en divers lieux de ce pays qu’il a parcouru de long en large. C’est en quelque sorte une rétrospective sur un parcours dans le temps et l’espace de l’île rouge. Le regard qu’il pose est éloigné des clichés touristiques, de tout a priori de nouveau venu. Les images sont parlantes voire frappantes. L’amour en est le fil conducteur. De la photographie et de ses sujets. Au bout de ces années l’amour toujours et je n’en dirai pas plus.
J’en suis à mon troisième séjour depuis 2008, année où j’étais lauréat d’une bourse d’écriture en Belgique. J’étais venu une première fois en 2000, à Tana, une petite quinzaine de jours. J’ai été appelé par Madagascar après le décès de mon fils natif d’Antsirabe en 2005. Après ce premier retour au pays natal, sur les lieux épars de la vie et de la mort, j’ai découvert qu’autre chose me retenait. Que "d’autres voix" me parlaient et m’invitaient à revenir. Je ne me l’explique pas tant l’attache avec cette terre, les gens de cette terre est forte, incontrôlable. Je consacre actuellement une partie de mon temps à un roman intitulé Tromba. Quelques-uns des manuscrits de ce roman en chantier vous sont présentés ici.
Jean-Marc et moi nous sommes rencontrés grâce à Madagascar et Pierre Maury en 2008. Nous sommes nés en Belgique, dans la région liégeoise. Grâce à l’Île et l’un de ses incontournables, nous sommes devenus amis.
Je n’ai pas choisi d’illustrer les images. Cela eût été artificiel et puis quel intérêt! Les photographies de Jean-Marc se passent de mots. Le dialogue est plus fort dans les échos, les résonances, les accords, décalages et concordances. De façon trouble et discrète. Plain chant aux images d’une trajectoire. En regard quelques manuscrits liés à une autre trajectoire. Pour un dialogue des matières visuelles, textuelles. Pour un dialogue né de divers tissages. Nous avons simplement choisi quelques thématiques, avons décidé d’aller chercher dans nos matières respectives pour les relier, les confronter en exploitant l’espace de la galerie du CCAC.
Ainsi, dans l’enfilade de photographies sur le quotidien et les petits métiers, un texte dont les narrateurs sont les gens des petits métiers et sans métiers, à Toliara, ville où je réside. En relation avec la série des neuf portraits, un texte sur la question identitaire à Madagascar, sur les origines, la filiation. Un autre qui vient s’inscrire dans la série des filles de nuit. Un quatrième sur le tsapiky vécu de l’intérieur au cours d’un bal poussière, en fin d’une série de photographies, qui dialogue, tant par le sujet que par le format, avec la première image. Pour clore l’exposition, un cinquième texte dont le narrateur est un Malgache qui parle d’un takamaso, d’une tradition, qui avait bien sa place dans le petit ensemble «Religions et croyances».
Le dialogue est là. Dans la matière, les sujets traités, en exploitant l’espace. Dans les matières plastiques aussi. Sans renier la crasse, la poussière, le rhum, le sang, l’obscur qui est la vie même. Sans craindre l’illisibilité parfois, accidentelle. C’est une invitation à la nuit de la substance, à ressentir.
Lire, donner à lire, et me soucier des yeux du lecteur était l’affaire d’un autre jour, d’un autre lieu: le livre.
Ben Arès

November 13, 2009

Dox : un livre et un forum littéraire


Un forum littéraire est organisé ce samedi 14 novembre à 10h30 au CCAC d'Antananarivo, à l'occasion de la publication de Dox. Ecrivain et musicien à Madagascar.
Jean-Verdi Salomon Razakandraina (1913-1978) dit Dox est un poète célèbre à Madagascar mais dont l’œuvre très variée en français et en malgache ne circule que grâce aux manuels scolaires et à la chanson. Grand admirateur de la culture française, Dox a toute sa vie écrit des poèmes, des pièces de théâtre et des chansons dont les textes restent aujourd’hui dispersés. Traducteur de Corneille et de Racine en malgache, il a fait connaître ces auteurs à la lumière des questions nationales et de ses interrogations personnelles.
Dominique Ranaivoson, coordinatrice de cet important ouvrage collectif sur Dox, est entourée de collaborateurs ayant chacun un angle de vue différent et sa vision de Dox.
Pour la première fois, des témoins et des critiques littéraires se penchent ensemble sur cette œuvre fascinante, sur le personnage quasi mythique qu’est devenu Dox afin d’aider les publics français et malgache à mieux comprendre le rôle de cet infatigable passeur de langues et de cultures. De nombreux extraits de ses œuvres épuisées ou inédites sont présentés et traduits au fil de cette exploration au cœur de l’œuvre poétique, musicale, dramaturgique et politique de Dox.
Le livre comprend sept chapitres qui abordent la biographie de Dox, sa place dans la vie littéraire de son temps, son œuvre poétique, son rapport à la musique, son lien au théâtre et à la politique. Pour chacune de ces facettes, le livre comprend une analyse et un témoignage. Les fils de Dox, Elie et Dédé, sont bien sûr les premiers témoins puis les analystes de la musique et du théâtre, sa petite-fille Hanitr’Ony, elle-même poète, l’est de la poésie avec François-Xavier Razafimahatratra. La place dans la vie politique et particulièrement lors des événements de 1972 est analysée par Nalisoa Ravalitera, témoin et proche de Dox à cette période. Enfin, les témoins interrogés sont son ami et poète Paul Abraham et le metteur en scène Haja Ravaloson qui a monté une pièce de Dox.
Ce livre est donc destiné à tous ceux qui aiment déjà Dox et veulent le connaître mieux et mettre des mots sur des impressions, à ceux pour qui le nom seul vole dans l’imagination et enfin au public français qui ne connaît pas du tout celui qui a traduit de nombreux auteurs français dont Racine et Corneille. Il peut être un outil entre les mains des enseignants et une référence pour tous ceux qui désirent acquérir une vue d’ensemble sur la culture malgache.

October 23, 2009

Une nouveauté de la Bibliothèque malgache: Sans fil, par Ben Arès

Pour la première fois, la Bibliothèque malgache coédite un livre avec un éditeur étranger. L’Arbre à paroles, installé en Belgique et attaché à publier des poètes, possède un catalogue de plus de 900 titres qui s’enrichit chaque année d’une trentaine de nouveautés.
La collection Poésie Ouverte sur le Monde accueille donc Sans fil, de Ben Arès, illustré par deux photographies de Jean-Marc Cransfeld. Celui-ci a déjà exposé à Madagascar, notamment au Centre culturel Albert Camus et au Kudéta à Antananarivo, ainsi qu’à l’Alliance française de Mahajanga.
Ben Arès est né le 28 mars 1970 en Belgique. Madagascar est, devient une terre d’attaches. Editeur responsable de la revue Matières à poésie devenue, en 2008, Langue vive. Il a publié précédemment huit ouvrages, dont un roman (La Différence, Paris) et des recueils de poèmes. Parmi ceux-ci, Là où abonde le sel (Boumboumtralala, Liège), inspiré par un séjour à Antsirabe.

Extrait

Entre deux
villes invisibles au départ,
entre l’Interdite et la Merina.

Et le retour de saison chaude
Au-Pays-des-tromba, désir d’abord
de passer, trépasser sans fracas.

Sauve-qui-peut pour la voie,
l’inconnue, l’amour la poésie,
la tentation vers le canal.




Entretien avec Ben Arès

Vous voici de retour à Madagascar avec un deuxième ouvrage ancré dans le pays. Après Là où abonde le sel, dont le titre faisait explicitement référence à Antsirabe, c’est maintenant Sans fil. Peut-on dire qu’il s’agit d’un récit de voyage ?
C’est un récit de voyage, oui. Inspiré par un séjour récent, de mars à juin cette année.
Trois mois, et la relation rapide de ce séjour, en une trentaine de pages…
Je parle d’une traversée, d’une itinérance. Les côtes, les hautes terres, puis la descente vers les côtes à nouveau. C’est un poème topographique, où la longueur des textes épouse plus ou moins les variations d’altitude.
Avez-vous écrit ce livre ici, ou à votre retour en Belgique ?
Je l’ai écrit ici, et je l’ai retouché un peu après. Ce sont des poèmes de l’instant, écrits en fonction des lieux où je me trouvais.
Ils sont à la fois très concrets et très rêvés…
Je dirais : très concrets et très secrets. Les premiers poèmes correspondent à l’arrivée à Madagascar, mais à un moment où j’étais encore très influencé par ce qui se passe en Belgique. Puis je suis de plus en plus centré sur Madagascar.
Il y a un an et demi, environ, que vous venez à Madagascar avec l’intention d’y écrire un livre. Là où abonde le sel et Sans fil sont-ils, en quelque sorte, des pièces détachées d’un ouvrage plus important encore à venir ?
Sans fil est un peu différent. Un peu décalé, plus léger, comme, effectivement, un carnet de voyage. Là où abonde le sel, oui. Une sorte d’introduction. Je me suis rendu compte, par rapport aux expériences vécues et qui nourrissent Là où abonde le sel, que j’avais besoin de davantage de temps pour m’imprégner de Madagascar, pour me détacher d’événements liés à mon histoire et à Madagascar.
Est-ce qu’on s’imprègne de Madagascar ou est-ce qu’on est imprégné par Madagascar ?
On subit Madagascar. En tout cas, j’ai envie d’y passer plus de temps, et pas seulement pour l’écriture. Si j’écoute mon cœur, je voudrais y passer la quasi-totalité de mon temps. Mais, chez moi, l’écriture et la vie sont étroitement liées. Il n’y a pas, pour moi, de différenciation entre les deux.
Le projet de roman pour lequel vous étiez venu l’an dernier progresse-t-il souterrainement ?
Pour l’instant, il avance souterrainement. J’en ai écrit une petite centaine de pages, que je laisse dormir depuis plusieurs mois, parce que le projet était lié à l’histoire d’un enfant qui venait de Madagascar, que j’ai eu et que j’ai perdu. Et je voudrais maintenant que le roman soit plus détaché de ce réel-là. Qu’il soit aussi moins à vif, moins lié à ce deuil, mais en revanche plus ancré à Madagascar. Qu’il ait cette légèreté que je trouve ici et pas en Europe.
Sans fil évoque, pour ceux qui connaissent, le quartier de la gare routière de Toliara. Y a-t-il un lien ?
C’est Toliara, effectivement, mais c’est à la fois autre chose. Quand on veut faire le pas d’un pays à un autre, d’un continent à un autre, si on attend de le faire en sécurité, on risque de ne jamais le faire. Sans fil, c’est ça : passer d’un lieu à un autre sans qu’il y ait de lien concret. Simplement une attirance liée au cœur.
Ce livre est le fruit d’une coédition entre la Belgique et Madagascar. Était-il important pour vous qu’il existe aussi ici ?
Oui, c’était important pour moi. Le paradoxe est qu’il y a un petit fil quand même entre la Belgique et Madagascar à travers cette coédition…

Ben Arès, Sans fil, avec 2 photographies de Jean-Marc Cransfeld. L’Arbre à Paroles/Bibliothèque malgache, 38 pages. Prix conseillé à Madagascar, 10.000 ariary (5 € en Europe).

May 10, 2009

Citation : Louis Scutenaire

POÈME À CHANTONNER

Madagascar au milieu des platanes
Une maison au bord de la grand-route
Des cailloux ronds dont la couleur est brune
Des cailloux rouges

Madagascar souvenir du mystère
Comme un caillou que l'on saurait
Pour ne l'avoir jamais vu qu'en rêvant
Aux pierres rouges

Madagascar Pâques est ta momie
L'île aux dieux noirs sur les bords de la mer
Tes habitants ne trouent point le sol
De cailloux rouges

Madagascar tout au bord de la mer
Tes habitants ont connu les deux lunes
Et les rois-femmes griffés sur des tablettes
De pierre rouge

Madagascar tu n'es pourtant pas rouge
Mais d'un beau rosé à lointain violet
Du couleur de matin et du couleur de soir
Sans rien de rouge

Madagascar au milieu des platanes
Ces arbres d'eau c'est les flots de la mer
Avec du vert et des écorces blanches
Et pas de rouge

Madagascar la première levée
Vous saviez tout quand on s'est éveillé
Cœur de Vénus tombé dans l'océan
Dans un feu rouge

Madagascar toi que j'ai faite
D'un lézard ocellé de doigts en diamant
De vapeur de nuées du caillou des sentiers
Et de l'oubli présent du rouge

Louis Scutenaire, La citerne, pages 498-499
Il y avait un certain temps que je n'avais pas rencontré d'allusion à Madagascar dans un texte littéraire. Bernard, qui passe au moins autant de temps que moi dans les livres, m'a envoyé ce poème. Merci.

March 5, 2009

Bibliothèque malgache / 52 : Le roi de Foule-Pointe, de Jacques Cazotte

Je vous signale la parution d'un nouveau volume de la Bibliothèque malgache électronique gratuite, le cinquante-deuxième.

Jacques Cazotte (1719-1792) est surtout connu pour un roman, Le diable amoureux. Mais son oeuvre est vaste - et peu lue hors du cercle des spécialistes.
Parmi les nombreux textes appartenant à ses Oeuvres badines et morales, historiques et philosophiques, on trouve ce curieux Roi de Foule-Pointe, en vers.
C'est le récit fantaisiste d'une rencontre entre un lieutenant français dont le navire mouille à Foulpointe, sur la côte Est de Madagascar, et un ancien marin devenu, un peu malgré lui, potentat local.
Les contraintes liées aux usages de son peuple lui pèsent. Mais serait-il prêt à abandonner sa couronne pour rentrer en Bretagne, sa région d'origine? C'est toute la question que pose ce dialogue, inspiré d'idées reçues sur Madagascar et, de manière générale, sur la plupart des régions que l'on pouvait appeler, à l'époque, non civilisées.

Pour télécharger ce petit ouvrage, rendez-vous au bas de la page du catalogue de la BME .

February 26, 2009

Bibliothèque malgache / 51 : Volumes, de Jean-Joseph Rabearivelo

Avec cet ouvrage d'un Jean-Joseph Rabearivelo "première période", la Bibliothèque malgache électronique complète la réédition des œuvres du poète qui avaient été publiées de 1928 à 1935, à l'exception des Éphémérides de Madagascar (1934).
Volumes est le troisième recueil de Rabearivelo, encore marqué par ses lectures. Il est, comme le dit Claire Riffard, "sous influence". Mais il s'agit d'un talent en devenir, qui s'affirme déjà par la musicalité de sa langue.
Cette réédition doit son existence à François Morand, qui possède un exemplaire de l'édition première. Il a respecté le format du livre (16x25 cm), restitué ici par les marges sur des pages A4. Il a utilisé des polices de caractères aussi proches que possible de celles de l’original, suivi scrupuleusement la présentation du texte, la pagination et la typographie – jusque dans les coquilles, relevées dans des notes de fin de document où vous trouverez aussi quelques précisions botaniques.
Je le remercie vivement pour son travail, téléchargeable à la fin de la page du catalogue de la Bibliothèque malgache électronique.
A dire vrai, j'espérais, dans la foulée, ajouter un cinquième volume (et sixième titre, puisque Presque-songe et Traduit de la nuit ont été réédités ensemble) qui aurait été Vieilles chansons des pays d'Imerina, publié en 1939, après la mort de Rabearivelo. Mais je viens de vérifier la loi malgache sur le droit d'auteur, pour m'apercevoir que les œuvres posthumes étaient protégées 70 ans après leur publication. Il faudra donc attendre 2010...

February 15, 2009

Bibliothèque malgache / 49 : Enfants d'Orphée, de Jean-Joseph Rabearivelo

Il y a un peu plus d'un an, je publiais un premier ouvrage de Jean-Joseph Rabearivelo. Des poèmes, comme cela semblait aller de soi.
En voici un deuxième - qui ne sera pas le dernier titre de cet écrivain malgache.
Enfants d'Orphée est un recueil de cinq brefs essais consacrés à des poètes. Ce volume était, dans l'esprit de son auteur, le début d'une série qui n'a pas vu le jour.
A travers ses commentaires sur d'autres écrivains, Rabearivelo dessine en creux sa propre esthétique. D'où l'intérêt de ces textes, malgré un choix d'œuvres étudiées qui ne sont pas passées à la postérité.
La production de Rabearivelo ne se limitait pas à la poésie. Ce livre paru en 1931 (ou 1934 d'après d'autres sources, il n'a pas été possible de trancher en raison de l'absence de la page de titre dans l'exemplaire utilisé) est une manifestation de sa curiosité critique ainsi que de la finesse de ses analyses.
Les liens pour le téléchargement se trouvent à la fin du catalogue de la Bibliothèque malgache électronique.
Bonne lecture.

December 30, 2008

Langue vive et Madagascar

Je reçois aujourd'hui le premier numéro de Langue vive, une revue littéraire liégeoise (donc belge, pour ceux qui ne situent pas Liège), à l'origine de laquelle se trouve notamment Ben Arès, l'écrivain dont je vous ai déjà parlé il y a quelques mois, quand il arpentait les terres malgaches en vue d'écrire un roman.
Sa revue s'appelait alors Matière à poésie et, après 21 numéros sous ce titre, elle vient d'être rebaptisée. Relookéée, aussi, oh! le vilain mot - mais le joli objet: sous un emboîtage sobre et élégant, chaque auteur fait l'objet d'un petit fascicule séparé.
Pour établir le sommaire avec ses complices David Besschops et Antoine Wauters, Ben Arès a fait une ample moisson à Madagascar.
On trouve donc, dans cette livraison de décembre 2008, Jean-Luc Raharimanana et Jean-Claude Mouyon, des noms familiers aux lecteurs de ce bongs.
Le premier donne Les cauchemars du gecko, treize pages extraites d'un travail futur avec le metteur en scène Thierry Bedard. Le texte s'ouvre sur une sorte de prolongement de Za:
Eskuza-moi ai-je écrit. Eskuza-moi. Car je me sens encore de vous. Lié. La corde au cou. Eskuza-moi, je m'enlève de là. Bien que je vous aime. Bien que je suis de vous. Encore. Toujours. De vous, je le suis. Le serai toujours. Je me tire. Vrillant ma corde. Reniant l'imposture collective. Je m'enlève de là. Je me tire oui, je me vire, la mort de tout côté, la sombre histoire que l'on se conte, vertige de nos mensonges: contrôler la vie, organiser nos jours, et faire croire que tout va bien, tout ira bien dans l'occultation de nos nuits et la bascule dans les lunes millénaires. Politisons. Politis. Réglons la cité. Réglons l'incapacité de l'homme à n'être pas homme pour l'homme, prédateur...
De Jean-Claude Mouyon, Langue vive publie un extrait de la deuxième partie de Roman vrac. Que vous connaissez probablement. Mais voici comment l'auteur introduit le texte, à l'usage de ceux qui n'ont jamais rencontré ses livres:
Ca fait drôle de rencontrer des écrivains à Tuléar où les lecteurs ne remplissent pas les doigts des deux mains alors que les autres occupent la planète, hormis les salauds qui nous gouvernent.
Ben Arès est passé par là. Il vient de lire Roman vrac que Pierre Maury a publié dans sa Bilbiothèque malgache, une entreprise littéraire de fou, autant dire de passionné (et pardon pour le pléonasme). Voyez-vous, le sable, la poussière, la latérite et l'immensité n'empêchent pas d'écrire. Les sons, la lumière, les couleurs, les filles et la musique nous y obligent. La bière et le rhum, aussi. Qu'on est loin de la Hongrie même si on est gaulois. Roman Vrac a été écrit sous Chirac et Ratsiraka. Le temps a passé sur eux, il passera sur nous. On pourra tous dire: "j'y étais." Est-ce pour cela qu'il fallait écrire cette première trilogie?
Allez, c'est pas grave, on fera mieux la prochaine fois. Salut Ben, bises et bénédiction animiste du grand Sud pour ta poésie et la revue Langue vive.
Et puis (je vais le dire tout bas), Ben a jugé bon de publier aussi quelques pages de moi, le début d'un recueil de poèmes qui s'appellera, le jour où il verra le jour, Dix figures d'un récit en mouvement. Merci, Ben. (Il fait ce qu'il veut, non?)

December 7, 2008

Hery Mahavanona au forum littéraire du CCAC

Nouveau forum littéraire, hier au CCAC à Tana. J'y présentais, cette fois, Hery Mahavanona, auteur de trois recueils de poèmes et de deux nouvelles, pour ne parler que de la part publiée de son oeuvre.
Voici le texte que j'ai prononcé en ouverture de ce forum.

* * *

Je dois le respect à Hery Mahavanona. D’abord parce qu’il est mon aîné. Pour un an seulement, mais quand même. Et puis aussi… mais là, je devrais peut-être lui en vouloir, plutôt… parce qu’en 1999, j’avais inconsidérément envoyé un manuscrit au Prix de poésie Grand Océan, que je n’avais évidemment pas gagné – je n’avais pas cette prétention – mais… presque quand même. Un certain Hery Mahavanona l’avait emporté, suivez mon regard. Oui, je devrais vous en vouloir, Hery. Si vous n’aviez pas été couronné cette année-là avec Urgence d’écriture pour l’émergence annoncée du Mont Ikongo, je serais peut-être maintenant riche et célèbre… (Si la poésie rendait riche et célèbre, bien sûr.)
Vous êtes né à Ikongo, ou Fort-Carnot, en pays tanala. Même si vous en êtes parti assez vite, on verra que vous y êtes resté fidèle. Comme tout le monde ne sait peut-être pas exactement ce qu’est le pays tanala, je voudrais citer le paragraphe d’introduction d’un texte paru en 1905 dans la revue Le tour du monde, dans lequel le lieutenant Ardant du Picq présente Une peuplade malgache, plus précisément : Les Tanala de l’Ikongo.
« Le district de l’Ikongo est situé au sud-est de Madagascar, à 40 kilomètres de la côte, entre le Betsileo et la région côtière. Lorsqu’on y pénètre en venant du Betsileo on éprouve une impression de satisfaction, car on quitte une région d’une désespérante monotonie, où tout est gris et triste, où rien ne vient jeter de gaieté sur un morne paysage, pour affronter tout à coup une forêt qui s’étend à perte de vue, sombre, mystérieuse et immense. »
La forêt, un Cauchemar de chlorophylle ? J’anticipe, car c’est le titre de votre dernier recueil en date, celui dont nous allons parler ensemble tout à l’heure. Je voudrais revenir à vos premières années, que vous avez passées à Mananjary, là où vos parents avaient été nommés – votre mère était institutrice, votre père, fonctionnaire. A Mananjary, il y avait un aéroport, près duquel vous viviez. Et c’est là, dans votre enfance, quand vous montiez sur le toit pour regarder les avions, que votre vocation est née : vous seriez pilote ! Un problème de vue a contrarié l’accomplissement de ce rêve de jeunesse sans pour autant l’abolir tout à fait.

A Manajary, vous ne passez pas toutes vos journées à regarder les avions, bien sûr. Vous allez à l’école, au collège. Puis au lycée à Fianarantsoa, où vous décrochez le bac, point de départ pour des aventures plus ouvertes. Vous entrez à l’armée – l’armée de l’air, bien entendu, je ne vois pas comment vous auriez pu envisager une autre arme. Et l’armée vous envoie à Bordeaux pour cinq ans, au terme desquels vous possédez une formation d’ingénieur mécanicien ainsi qu’une spécialisation dans la maintenance des hélicoptères – cela, c’était à Chambéry, et vous êtes aussi passé par Salon-de-Provence. Une belle ouverture sur le monde qui vous a beaucoup appris, me disiez-vous il y a quelques jours…

Fort de votre savoir et de votre savoir-faire nouvellement acquis, vous rentrez alors à Madagascar en 1976. Vous êtes lieutenant à la base de l’armée de l’air à Ivato. Il y avait là, vous souvenez-vous, une bonne flotte de DC3 dont il fallait assurer la maintenance, sur la piste et lors des réparations. Vous deviez convenir au poste puisque vous devenez patron de la maintenance sur la base et qu’en 1983, vous êtes à nouveau envoyé en France pour poursuivre des études.

Cette fois, il s’agit d’obtenir un titre de docteur en ingénierie aéronautique, à Toulouse. Vous rédigez donc une thèse qui porte sur les écoulements pulsatoires.

Ah ! Les écoulements pulsatoires… ne dirait-on pas le titre d’un poème ? Ce n’était pas pour autant le titre de votre thèse, bien plus compliqué que cela – vous me pardonnerez, j’ai zappé le titre…

En même temps, vous suivez aussi une formation en gestion des entreprises. Oserais-je avancer une hypothèse hardie ? J’ai l’impression que vous en faites trop, à ce moment, pour trouver encore votre place dans l’armée de l’air. Vous êtes surqualifié, et que va-t-on faire de vous quand vous rentrez à Madagascar en 1988 ?

Après une période de flottement, vous devenez conseiller technique au Ministère des transports, pour l’aéronautique, cela va sans dire, et on vous propose de conduire un projet qui devrait conduire à la privatisation d’un certain nombre d’aéroports malgaches.

Cette fois, bien qu’appartenant toujours à l’armée de l’air, vous avez mis le doigt dans l’engrenage du civil. Assez naturellement, étant donné votre expérience et vos compétences, vous êtes nommé directeur de l’aéroport d’Ivato. Nous sommes en 1989, c’est le moment où commence à se mettre en place l’ADEMA (Aéroports de Madagascar), société de droit privé qui est un peu le fruit du projet que vous aviez mené au Ministère des transports. Vous en serez, assez logiquement, le Directeur général adjoint de 1991 à 1995 avant de devenir Directeur général jusqu’en 2004. Puis vous êtes, pendant un an et demi, Directeur des combattants nationaux, liste de 1947, ce qui vous rappelle des événements que vous n’avez pas connus mais qui se sont déroulés notamment dans l’Ikongo. Et vous êtes actuellement rattaché au cabinet du Ministère de la défense.

Oui, mon général !

Car, de peur de m’embrouiller dans les galons et les étoiles, dans une hiérarchie qui m’a toujours semblé mystérieuse, j’ai passé sous silence votre ascension progressive au sein de l’armée de l’air, jusqu’à ce grade de général qui est le vôtre.

Une carrière bien pleine, n’est-ce pas ? Et qui ne vous a pourtant pas empêché de contracter, très tôt, le virus de l’écriture. Vous avez eu la chance – cela commence souvent ainsi – de subir l’influence bénéfique d’un professeur de français qui vous a fait découvrir la poésie. Hugo, Senghor, Césaire, ont été vos guides. Et, avant même d’avoir 18 ans, vous aviez écrit deux recueils – que nous ne lirons probablement jamais puisque vous portez maintenant sur eux un jugement assez sévère.

En 1971, vous recevez le deuxième prix d’un concours de nouvelles organisé par la Star – l’histoire ne dit pas, et je ne veux pas le savoir, si vous aviez trouvé l’inspiration au fond d’une bouteille de THB. Kotomena le pêcheur, c’est le titre de cette nouvelle, est publié avec les textes d’autres lauréats.

L’année suivante, vous venez d’arriver à Bordeaux, vous écrivez un long poème, Chant de fin de nuit, où l’on sent les influences – Senghor, en particulier – mais aussi la volonté de vous réenraciner dans la terre malgache que vous avez à peine quittée. Ce texte clôt votre premier recueil, dont j’ai déjà cité le titre : Urgence d’écriture pour l’émergence annoncée du Mont Ikongo. Recueil construit patiemment, pendant plus de vingt ans, et dont la première partie, cela n’étonnera personne, s’intitule : Pays tanala.

Cinq ans se passent avant la sortie d’un deuxième recueil de poèmes, Lumière océane du petit matin.

Vous avez aussi publié une nouvelle, Sadikamena, dans le recueil collectif dirigé par Dominique Ranaivoson, Nouvelles de Madagascar – et vous étiez ici, avec quelques autres écrivains, pour en parler lors de sa sortie. Il y aura une autre nouvelle écrite par vous dans le deuxième volume.

Mais surtout, voici maintenant le troisième recueil de poèmes, Cauchemar de chlorophylle, qui commence ainsi :
« Non, je n’en ai pas fini
fini de hurler
dans le vide sidéral des consciences assoupies
fini de prêcher mon catéchisme vengeur
dans les déserts réfractaires de la passivité »
C’est ce livre en particulier, et plus généralement (mon général !) la manière dont vous conduisez votre travail littéraire, que nous allons donc évoquer ensemble aujourd’hui. Avant de vous céder la parole, je voudrais revenir au texte d’Ardant du Picq que je citais tout à l’heure. Il y écrit aussi ceci :
« Il existe dans l’Ikongo une poésie populaire, rustique et primitive, qui ne manque pas de pittoresque. Elle est le reflet du caractère et des mœurs des Tanala : grands chasseurs, parcourant sans cesse la forêt, profonds observateurs des mœurs des animaux, doués en même temps d’un bon sens plein de rusticité et de franchise, comment n’auraient-ils point inventé d’ingénieux rapprochements, et formulé de sages mais primitives sentences ? »
Je ne sais pas si vous devez quelque chose à cette tradition. Mais je peux déjà dire que votre poésie n’a rien de primitif.

September 18, 2008

Bref hommage à Rado

J'ai trop peu lu les textes de Rado pour en dire quelque chose. (La faute à mon incapacité à lire le malgache.)
La mort de ce poète qui aurait mérité le titre de "poète national", comme il en existe dans certains pays, ailleurs qu'à Madagascar, me touche néanmoins comme elle touche n'importe quelle personne accordant un minimum d'importance à la culture d'ici.
Je l'avais rencontré plusieurs fois, dans des circonstances prévisibles - forum littéraire, atelier d'écriture, vernissage, etc. - ou moins prévisibles. Chaque fois, l'impression de côtoyer un homme d'exception, habité par une noblesse naturelle qui l'auréolait d'un je ne sais quoi, indéfinissable mais puissant.
Le souvenir le plus vif est celui d'un jour où nous nous étions croisés sur le trottoir, à Analakely. J'allais monter dans un taxi-be, il passait par là. Nous avons bavardé cinq ou dix minutes, de l'importance de la littérature dans la vie de tous les jours. Il possédait une force de conviction qui a dû en convertir plus d'un.
L'image que je garde de lui est celle d'un homme grand - plus grand probablement dans ma mémoire que dans la réalité, parce qu'il était un grand homme. Et le restera à travers son œuvre.
Qui reste en vente, je l'espère, dans les librairies malgaches et, pour ceux qui vivent à l'étranger, dans la boutique de Laterit.

January 10, 2008

Meilleurs voeux



J'espère de tout cœur que l'année commence bien pour vous. Et que nous aurons, en 2008, quantité d'informations et de lectures à partager.
On commence tout de suite, puisque j'ai pris un peu de retard en raison de mon absence.

D'abord, la trilogie romanesque de Jean-Claude Mouyon, Roman Vrac, est parue sous forme de livre imprimé à Madagascar. La mise en place dans les principales librairies d'Antananarivo se fait ces jours-ci.
La présentation du livre s'est tenue à l'hôtel Chez Alain, à Toliara, le 29 décembre. C'était pour moi un choix évident: proposer à ceux qui vivent dans le cadre même où s'est écrit et où se déroule le triple roman de le découvrir avant Antananarivo.
A la bonne franquette, Jean-Claude a ainsi parlé de son travail devant une trentaine de personnes et j'ai un peu expliqué ce qu'est la Bibliothèque malgache. L'éditeur et l'auteur sont, sur la photo ci-dessus, tout réjouis de pouvoir enfin proposer un texte qui avait longtemps cherché un endroit pour exister...

Par ailleurs, comme promis, deux nouveaux titres de la Bibliothèque malgache électronique ont vu le jour pendant que j'étais à Toliara.

Le trente-sixième volume est un nouveau numéro du Bulletin du Comité de Madagascar (juillet 1896). Les lecteurs attentifs auront remarqué qu'il manque, dans la collection, le numéro de juin. Je ne l'ai pas trouvé. Si quelqu'un le possède et accepte de le numériser, cela rendrait de grands services à tout le monde.
Au sommaire, outre les événements de Madagascar, une étude d’Alfred Grandidier sur la fortune des Malgaches, une autre de A. Jully sur les constructions anciennes de l’Imerina, toujours la question de l’esclavage et une revue de presse orientée vers la défense des thèses soutenues par le Comité de Madagascar. À l’intérieur de ces extraits, on trouvera une première version de quelques pages ramenées de Madagascar par Émile Blavet – dont l’intégralité du texte, Au pays malgache, est disponible dans la Bibliothèque malgache électronique.

Et le trente-septième volume est - enfin! - un ouvrage d'un auteur malgache. Jean-Joseph Rabearivelo (1901-1937) est un des principaux poètes du début du siècle dernier. Présent (après sa mort) dans l'anthologie que Léopold Sédar Senghor a consacrée aux poètes «nègres et malgaches», il fut de son vivant un lecteur boulimique, un commentateur très fin de la littérature et un véritable polygraphe: poésie, théâtre et roman étaient à son registre, sans oublier les nombreux articles qu'il a écrits – en français et en malgache. Les deux recueils groupés dans le présent livre électronique, Presque-Songes suivi de Traduit de la nuit ont été publiés dans leur version française (celle que je vous propose) en 1934 et 1935. La version malgache, écrite simultanément, a été publiée après sa mort.

Enfin, aux amateurs de statistiques, je signale que la Bibliothèque malgache électronique a franchi, dans les derniers jours de 2007, le cap des 20.000 téléchargements.

December 21, 2007

Deux semaines d'absence studieuse



Je quitte Tana pendant environ deux semaines, pour Toliara. Des vacances? Que nenni!

Le 29 décembre à 11 heures, aura lieu la présentation du roman de Jean-Claude Mouyon, Roman Vrac, en présence de l'auteur. J'en profiterai pour parler un peu des autres activités de la Bibliothèque malgache.
Les choses se passent à l'hôtel-bar-restaurant "Chez Alain" (quartier Sans Fil).
Il s'agit en fait d'une nouvelle édition de ce livre dont je rappelle qu'il est jusqu'à présent disponible sur commande chez Lulu.com. L'impression, à Madagascar même, des 200 premiers exemplaires d'une édition "locale" est presque terminée et l'ouvrage sort donc à Toliara pour les fêtes, en avant-première. Il sera distribué dans les librairies de la capitale au début de l'année prochaine.

Par ailleurs, la Bibliothèque malgache électronique va continuer à croître en mon absence. Deux nouveaux ebooks sont en effet prêts et seront disponibles sous peu.

Avant la fin de l'année, en principe, le 36e volume sera distribué par l'intermédiaire du site Ebooks libres & gratuits. Il s'agit du numéro de juillet 1896 du Bulletin du Comité de Madagascar.

Ensuite, au tout début 2008, comme promis depuis longtemps dans le catalogue complet, un double recueil de poèmes de Jean-Joseph Rabearivelo verra le jour: Presque-Songes, suivi de Traduit de la Nuit. L'écrivain en mort en 1937 et les livres qu'il avait publiés de son vivant passent donc dans le domaine public le 1er janvier prochain. C'est le cas de ces deux livres, parus respectivement en 1934 et 1935.

Comme je ne pourrai pas vous prévenir immédiatement de la disponibilité de ces deux prochains numéros (36 et 37, donc) de la Bibliothèque malgache, je conseille à ceux qui voudront les télécharger rapidement de consulter régulièrement la page d'accueil de Ebooks libres & gratuits.

Il me reste à vous souhaiter de belles et bonnes fêtes, ainsi qu'un excellent début d'année 2008.

A bientôt.

May 16, 2007

Bibliothèque malgache / 24 : Les chansons madécasses de Parny

Quand il publie les Chansons madécasses en 1787, Evariste Désiré de Forges (1753-1814) est déjà le Chevalier de Parny. Il deviendra ensuite vicomte et, en 1803, sera élu à l'Académie française. Né à l'île Bourbon, comme s'appelait alors la Réunion, il a été militaire avant de devenir écrivain. C'est en Inde qu'il écrit ces poèmes qui tranchent avec le ton de l'époque. Ils sont parmi les premiers poèmes en prose de la littérature française.
Et, surtout, ils proposent le regard des Malgaches (les «Madécasses») sur les Blancs. Parny était farouchement opposé à l'esclavage et à la colonisation. Jouant aussi de la supercherie, il présente ces textes comme une traduction en français, ce qu'ils ne sont pas: il en est bien l'auteur. Signalons encore qu'en 1922, Maurice Ravel a composé la musique de trois des Chansons madécasses, provoquant même un scandale.
Voici donc une autre manière de parler de Madagascar, en poèmes, pour apporter un peu de légèreté avec ce vingt-quatrième volume de la Bibliothèque malgache.

March 22, 2007

Poésie, grandes voix du Sud

Notre librairie a changé de nom, bien que l'intitulé soit toujours présent en sous-titre de Culture Sud, comme la revue s'appelle maintenant. C'est bien, une publication qui commence au numéro... 164, preuve que la continuité est de mise, au moins pour l'instant. On peut toujours télécharger les derniers numéros au format PDF, et en particulier celui qui vient de paraître, Poésie, grandes voix du Sud. Quatorze poètes y font l'objet d'une présentation souvent accompagnée d'inédits, et deux Malgaches trouvent place parmi eux. Sans surprise: ils étaient déjà présents dans l'anthologie de Senghor en 1948. Qui avait d'ailleurs retenu un troisième nom avec Flavien Ranaivo.
Jean Joseph Rabearivelo est présenté par Claire Riffard, qui prolonge son texte par une introduction aux célèbres et en partie toujours mystérieux (puisque inédits pour leur plus grande partie) Calepins bleus, dont elle donne des extraits. Khal Torabully consacre aussi un article à la récente édition bilingue de Presque-Songes / Sali-Nofy, que l'on doit à la même Claire Riffard et dont il a déjà été question dans ce blog.
Nivoelisoa Galibert se penche, de son côté, sur Jacques Rabemanjara, tandis que Jean-Luc Raharimanana (récent signataire, avec 43 autres écrivains, du manifeste Pour une littérature-monde en français) revient sur Antsa, le recueil écrit par le poète à la veille du jour où il pensait être exécuté. Le dossier se complète de propos recueillis par Michèle Rakotoson et, pour les deux poètes, d'une bibliographie.
Il va de soi qu'il y a bien d'autres poètes à découvrir dans ce numéro. Mais il allait de soi de mettre l'accent sur Rabearivelo et Rabemananjara.

January 4, 2007

Bibliothèque malgache / 12


Voici un long poème (pour un petit livre) que je viens de trouver sur Google Books et qu'il m'a semblé intéressant de publier immédiatement. Ecrit en 1856 à Saint-Denis de la Réunion, c'est un vibrant plaidoyer en faveur de la présence de la France à Madagascar. Démonstration en deux temps:
1. La France glorieuse se doit d'étendre son influence sur le monde.
2. Les peuples de Madagascar, soumis aux impitoyables Hova (ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'auteur, bien sûr), n'attendent que d'être libérés de ce joug par la France généreuse.
Mû par un volontarisme naïf, le poème n'est pas non plus signé par Victor Hugo... François Saint-Amand ne trouve d'ailleurs une place que dans les marges de la littérature réunionnaise.
Il n'empêche: ce document a valeur de témoignage.