October 18, 2017

Il y a 100 ans : Comice agricole (2)

(Suite.)
Même les 250 femmes employées à la cueillette du café ont refusé de travailler, craignant tous de voir d’un moment à l’autre se renouveler de pareils faits. D’où il résulte un dommage considérable pour la Cie Lyonnaise.
Il convient d’ajouter qu’en envoyant des miliciens perquisitionner sur le domaine de cette Compagnie, l’administrateur Talvas est sorti de ses attributions, car ce domaine faisait partie d’un district ayant à sa tête un Administrateur chargé, lui, de la perception des impôts dans son district.
Les colons voisins, de même que la Chambre consultative et le Comice agricole de la Province, alarmés par de pareils agissements, ont protesté en termes très modérés auprès de l’administration supérieure, et demandé qu’une sanction prompte et efficace intervînt, non seulement pour que de pareils faits ne se renouvelassent pas, mais aussi pour rassurer les populations ouvrières qui, deux mois après, étaient encore sous l’impression de la panique de la première heure. Ils ont demandé que, d’abord, fussent éloignés de la Province les auteurs de ces faits. D’autant plus que, quelques jours avant l’attentat du 26 mai, l’administrateur Talvas avait tenu un « Kabary » aux indigènes voisins du domaine de la Cie Lyonnaise leur disant qu’il ne comprenait pas comment ils pouvaient aller travailler pour le compte de cette compagnie.
Tardivement, le caporal qui avait dirigé les perquisitions s’est vu infliger un mois de prison – qu’il n’a point fait. C’est un ancien ouvrier de la Compagnie, renvoyé pour indélicatesse.
L’administrateur Talvas, lui, l’auteur principal, pour toute sanction, a été envoyé, sur sa demande, à Nosy-Bé, comme Administrateur-Maire, en remplacement de l’administrateur Sylvie, un autre phénomène.
Quels crimes ont donc commis les Nosy-Béens pour qu’ils soient successivement gratifiés de pareils administrateurs ?
Sur sa demande !… quel délicieux euphémisme, et comme on sent là les trésors d’indulgence que réserve l’administration aux enfants terribles – j’allais dire tarés – qu’elle abrite dans son sein !…
 (À suivre.)

Le Tamatave

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