October 25, 2017

Il y a 100 ans : Comice agricole (6)

(Suite.)
Quelqu’un ayant proposé d’exempter d’impôts l’indigène travaillant chez le colon, le Comice a repoussé cette mesure d’abord comme pouvant donner lieu à de graves abus, ensuite comme pouvant diminuer considérablement les ressources de la colonie, alors surtout qu’elle en a le plus besoin.
À propos de l’impôt indigène, une modification paraît devoir s’imposer. À l’heure présente, cet impôt est le même pour tous, riches ou pauvres. C’est pour eux le lit de Procuste. Ne serait-il pas plus équitable de le graduer suivant les ressources de chacun d’eux et de le proportionner aux moyens d’existence dont chacun dispose ? Le budget de la Colonie ne pourrait qu’y gagner, tout en accomplissant une œuvre de justice.
La question mérite d’être posée.

Comme se liant aux questions ci-dessus, celle des « tavy » ou feux de brousse a été remise sur le tapis.
Après une campagne menée avec la plus grande énergie et pendant de longues années par l’unanimité des colons et des corps constitués de notre Colonie, l’administration supérieure avait fini par prendre des mesures pour interdire les « tavy », pour protéger bien que tardivement nos forêts d’une destruction certaine. Car ce qu’on appelle la « brousse », ce ne sont en général que des forêts où les jeunes plants repoussent péniblement.
Or des décisions publiées tout récemment dans le Journal officiel de la Colonie autorisent de nouveau ces « tavy » dans certaines régions. Malgré les restrictions énumérées dans ces autorisations, il est absolument certain que les indigènes ne s’y conformeront pas, et il est absolument certain également qu’ils ne seront nullement punis par M. Lebureau indigénophile, qui a provoqué ces autorisations, et à qui sa « ramatoa » a fait accroire que, faute de riz de montagne, les indigènes mourraient de fin.
Pour cultiver le riz de montagne, l’indigène quitte le chantier sur lequel il gagne largement sa vie et celle de sa famille et, sans autre travail, met le feu à la brousse, c’est-à-dire à la forêt.
 (À suivre.)

Le Tamatave

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