André Brink a publié ses mémoires: Mes bifurcations. Un gros livre dans lequel sa vie et son œuvre sont sans cesse mises en perspective avec l'histoire de son pays. On le sait, la terre d'accueil de la Coupe du monde de football n'a pas toujours été, et jusqu'à une époque très récente, un modèle de démocratie. L'anecdote malgache que j'y trouve remonte certes à des temps beaucoup plus anciens. Elle illustre un passage consacré au châtiment des esclaves.
Tel fut le châtiment réservé en 1714 à la jeune Trijntje originaire de Madagascar, lorsqu’on apprit qu’elle avait été contrainte d’avoir une relation avec le brasseur Willem Menssink, personnage violent qui, afin de la soumettre, donnait le fouet à sa propre épouse Elizabeth, en s’exclamant: “Ne sais-tu pas que la coutume au Cap est de vivre suivant les préceptes de l’Ancien Testament?” Poussée au désespoir par les avances du brasseur et la cruauté de son épouse, Trijntje avait tenté d’empoisonner sa maîtresse et tué l’enfant qu’elle avait eu de Menssink. Elle fut emmenée sur le lieu d’exécution à l’angle sud-est du château, où elle fut étranglée; on attacha son cadavre à un poteau fourché; il resta exposé là, “afin qu’il soit consommé par le temps et les volatiles des cieux”. Menssink, comme il était blanc et, en outre, indispensable à la Compagnie en sa qualité de brasseur, sortit du tribunal libre comme le vent.Mes bifurcations est, par ailleurs, un livre formidable, dont je ne peux que conseiller la lecture.
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