26 juin 2016

Il y a 100 ans : Le carnet d’un boto de pousse-pousse

Je n’ai jamais eu jusqu’à présent l’occasion de parler de la guerre et des opérations militaires. Ce n’est pas aujourd’hui que je vais commencer, j’aurais peur de dire des bêtises et j’estime qu’il vaut mieux admirer nos troupes et nos généraux sans restriction que de se lancer dans des discussions fatalement idiotes. Il y a beaucoup de gens à Tamatave qui devraient suivre ce conseil ; c’est insensé ce que j’ai entendu dire d’âneries depuis l’attaque des Allemands sur Verdun. C’est au moment où toutes les lettres, tous les journaux qui arrivent de France respirent la plus grande confiance dans la victoire, que nos stratèges en chambre jettent sans s’en douter le découragement ; les gens intelligents haussent les épaules, mais d’autres malheureusement s’y laissent prendre et j’ai entendu soutenir très sérieusement que les Boches avaient fait un bond de 17 kilomètres à travers nos tranchées et nos forts. C’est bête à faire pleurer au point que les Malgaches eux-mêmes y ajoutent si peu foi qu’un des derniers contingents à destination de France s’est embarqué en chantant la Marseillaise.
Sarah B.
La Dépêche malgache

Ça continue

Deux élèves indigènes se retirent volontairement de l’École « Le Myre de Vilers » – qui, on le sait, est l’école préparatoire aux diverses carrières « libérales » réservées aux Malgaches.
Bien entendu, leurs parents auront à rembourser au gouvernement la portion consommée de la bourse dont ils jouissaient.
On le voit, le mouvement d’épuration était utile puisque l’on y constate de la spontanéité. Deux futurs fonctionnaires de moins : deux unités de plus pour la rizière, le graphite, le commerce, l’industrie. – La logique finit toujours par triompher.

En route

Il nous revient qu’un des Sakelika déportés par mesure administrative n’a pas pu aller plus loin, sur la route de l’exil, qu’à Diégo-Suarez. Miné par la nostalgie, le chagrin, à défaut du remords, il a été débarqué malade et y est décédé.
Pauvre race houve, falote, travaillée de tares, incapable de s’aventurer hors de l’ambiance mitigée des hauts plateaux, et qui a pourtant rêvé de mordre en sourdine le bras de la France venue ici pour la soutenir, la réconforter, refaire physiologiquement sa physiologie défaillante !

Le Tamatave

Deux volumes de compilation de la presse à propos de Madagascar il y a 100 ans sont maintenant disponibles. La matière y est copieuse et variée, vous en lisez régulièrement des extraits ici. Chaque tome (l'équivalent d'un livre papier de 800 pages et plus) est en vente, au prix de 6,99 euros, dans les librairies proposant un rayon de livres numériques. D'autres ouvrages numériques, concernant Madagascar ou non, sont publiés par la Bibliothèque malgache - 48 titres parus à ce jour.

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