6 janvier 2017

Il y a 100 ans : Madagascar s’inquiète de l’avenir (1)

Nos correspondants de Madagascar, qui constatent l’importance prise par les importations de riz indo-chinois aux Philippines, se plaignent à juste titre que l’on ne se soit pas suffisamment préoccupé suffisamment en haut lieu de procurer de pareils débouchés au riz de la Grande Île.
Si l’on estime que les colons malgaches sont trop intéressés dans la question pour être vraiment impartiaux, nous ferons appel à des témoignages étrangers, comme celui de M. Porter, consul anglais, qui séjourna longtemps à Madagascar et connaît admirablement notre colonie. Ce fonctionnaire éminent a maintes fois déclaré que la culture du riz dans la Grande Île prenait une grande extension et que ce produit trouverait un débouché tout indiqué dans les territoires de l’Union sud-africaine, où il était très apprécié, notamment au Natal et au Transvaal.
Madagascar possède encore une précieuse clientèle à Bourbon où ses expéditions de riz ont doublé en quelques années et à Maurice où elles ont triplé. Voici déjà trois marchés assurés, représentant pour la Grande Île le même avantage que les îles Philippines pour l’Indo-Chine, la proximité, qui permet de lutter avec avantage contre la concurrence. L’avenir s’annonçait donc magnifique pour Madagascar sans cette affreuse guerre qui a ajourné la réalisation de ses plus légitimes espérances. C’est d’autant plus fâcheux qu’aujourd’hui, le riz est devenu un aliment mondial, dont la consommation, suivant les statistiques, dépasse même celle du blé.
Madagascar, dont les régions propices à la culture de ce produit se transformaient aisément en immenses rizières, traverse ainsi une crise dont la pénurie des moyens de transport accroît singulièrement la gravité. Elle exporte encore, mais combien peu, alors qu’elle pourrait fournir bien davantage, notamment à la mère patrie.
Tous ceux qui connaissent la Grande Île savent qu’elle deviendra rapidement un véritable grenier d’abondance le jour où la métropole ne lui dispensera pas trop avaricieusement les concours financiers indispensables à son développement.
(À suivre.)
Maurice Raoult.

Le Courrier colonial

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