17 avril 2017

Il y a 100 ans : Le pour et le contre

Mon Dieu ! qu’il est donc difficile de contenter tout le monde et son père.
Afin d’entretenir la vie normale de la Grande Île et aussi de poursuivre sa mise en valeur, on avait présenté au gouverneur général tout un programme de travaux à exécuter ; programme superbe d’ailleurs, qui témoignait d’une ampleur de vues qui n’était peut-être pas en rapport avec les moyens de les faire exécuter : trois ou quatre grandes routes, une petite voie ferrée et un canal reliant l’océan Indien au canal de Mozambique en coupant l’isthme de la baie du Courrier.
On a si souvent demandé l’aménagement du littoral qu’après tout, il n’y avait là rien qui pût surprendre. Pourtant, ce ne fut pas l’avis de tout le monde et les ouvriers mobilisés de la colonie ont écrit à notre confrère les Petites Affiches de Majunga pour le prier de porter leurs doléances à qui de droit. Leur protestation ne manque pas d’à-propos :
« C’est au moment, écrivent-ils, où la plupart d’entre nous, ouvriers, entrepreneurs, marchands, sommes bloqués à la caserne, ou qu’une partie d’entre nous sommes en train de nous faire casser la figure, au moment où le kilogramme de clous vaut 2 fr. 50, la barrique de ciment 30 francs, les outils et la ferraille cent pour cent au-dessus de la valeur normale, que l’on veut faire de pareils travaux !… J’espère bien, dit le porte-parole de ces poilus, que les mobilisés comme moi n’accepteront pas que l’on commette de pareils actes. »
Et, non sans raison, il ajoute :
« S’il y a des travaux à faire, qu’on nous attende. Nous avons tout abandonné. S’il y a du travail à faire, qu’on le laisse pour ceux qui sont absents et qui auront grand besoin d’avoir leur part quand ils rentreront. »
Les desiderata du brave mobilisé de Madagascar sont assez judicieux, d’autant plus qu’il prévoit que, si les travaux sont entrepris maintenant, ils serviront surtout à faire gagner la vie aux Indiens et aux Chinois…
Mais qu’il est donc difficile, nous le répétons, de contenter tout le monde et son père !

Le Courrier colonial

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