19 août 2009

Serge Joncour et son proverbe malgache

Je suis resté en arrêt devant une phrase inattendue dans le nouveau roman de Serge Joncour, L’homme qui ne savait pas dire non. C’est à la fin du prologue: «comme le dit le proverbe malgache, ce n’est pas en tirant sur la feuille qu’on fait pousser la plante.»
La question m’est venue tout de suite (parce que j’ai moi-même, dans des circonstances que je raconterai peut-être un jour, inventé des proverbes chinois): s’agit-il d’un proverbe authentique ou d’une création de l’auteur?
Personnellement, je ne connais pas celui-là. Il est vrai que je ne suis en rien un spécialiste de la question. J’ai lancé un message sur Twitter, comme une bouteille à la mer – et je n’ai obtenu aucun éclaircissement.
Je me suis donc résolu à interroger directement Serge Joncour, qui ne m'a pas dit non et a répondu ceci:
«Ce proverbe malgache, j’y tiens beaucoup, j’ai fait de nombreuses versions de ce livre avant de le publier, d’innombrables changements, mais depuis le début je voulais que ma première partie se conclue par ce proverbe, dont à force de le retourner dans ma tête, je ne sais même plus s’il est authentique ou pas, c’est incroyable que vous me posiez la question, car sincèrement, je ne sais pas, en même temps il me paraît tellement pur, simple, irréfutable, qu’il est possible que je l’ai entendu pour de vrai. Je pense qu’il est authentique, j’ai des poignées de phrases comme cela en tête depuis longtemps, et que j’assimile tellement que je les fais miennes, mais je pense à la réflexion, en l’étudiant d’un peu près, comme un rubis, que c’est un vrai!
Je crois l’avoir réellement entendu.»
Ou comment un romancier s’imprègne tellement de ce qu’il écrit que l’origine des choses en devient floue…

1 commentaire:

  1. Bonjour et grand merci pour tout ce travail si important !

    Je voulais juste vous dire que tout proverbe naît forcément un jour et ne tombe pas du ciel, ni ne vient en ligne directe des Vazimba !

    Ohabolana ancien ou dicton d'hier, l'authenticité et la valeur des choses sont dans la sincérité de celui qui le formule et ainsi le transmet et non dans l'enracinement des siècles. Avec les proverbes on est dans l'empire du sens et non dans celui de l' illusion de la forme.

    Les idées géniales naissent aussi bien dans des cerveaux fatigués, car elles sont aussi peu notre "création" et notre propriété, qu'un enfant peut prétendre être celles d'une femme : nous en sommes seulement les vecteurs, les arcs, les matrices et elles sont les flêches comme dirait Khalil Gibran. Notre cerveau est fécondé par ce qui nous est extérieur et nous dépasse. Nous couvons un oeuf trouvé dans la Nature puis servons au monde un poussin génialement constitué ... Rien de plus.

    Tout çà pour vous dire encore que peu importe qui a transmis, répété ou créé le proverbe, puisqu'il vient toujours d'ailleurs que de celui qui le restitue en le sortant par sa bouche ou par sa plume.

    Bien amicalement vôtre,
    J-L G

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