22 août 2016

Il y a 100 ans : Inouï ! (1)

On nous écrit de Brickaville :
Monsieur le Directeur,
Voulez-vous bien faire connaître au public, par la voie de votre estimé journal, un procédé très spécial inauguré, au cours de ses journées fructueuses, par le très honorable contrôleur des contributions M. Chot.
Si oui, vous ferez, à notre avis, œuvre utile et même méritoire, car il n’est pas possible qu’en haut lieu on sanctionne ou ratifie cette manifestation d’un zèle par trop excessif qui frise de beaucoup trop près l’arbitraire.
Or donc, Monsieur le contrôleur Chot, entrant ces jours derniers dans la boutique d’un Chinois, et y avisant bien en évidence une dame-jeanne contenant du miel, donna, purement et simplement, l’ordre à un de ses servants de verser au ruisseau le contenu du récipient.
Nous serions curieux de savoir de quel texte s’est autorisé ce fonctionnaire pour commettre un tel acte de force ? Est-ce que par hasard il serait défendu de vendre du miel ? Depuis quand alors cette interdiction qui serait étrange et dont personne n’a jamais été avisé ?
Quel mobile a donc pu dicter au contrôleur Chot ce véritable abus d’autorité ?
Va-t-il nous dire ou dira-t-il à ses chefs que son intention était méritoire, qu’il a voulu éviter que ce miel fût, d’aventure, frauduleusement distillé et transformé en alcool ?
M. Chot, qui a fait ses humanités, qui a des lettres et qui fut même, avons-nous entendu dire, un excellent journaliste à qui son indépendance a valu d’ailleurs son actuelle prébende, doit bien avoir fait, supposons-nous, entre-temps un peu de droit, potassé ses Codes.
S’il les ignore, il devrait les étudier. Ce sont là connaissances parfois utiles dans sa fonction délicate, et avec sa vive intelligence il assimilerait vite ce qu’il lui faut de droit pratique pour éviter de pareils… malentendus. Nous croyons avoir de tout temps entendu dire que la bonne foi doit toujours se supposer d’abord, et qu’en matière de délits, ceux chargés de les réprimer n’ont pas à les prévenir, sous le prétexte qu’ils sont possibles.
(À suivre.)
Un contribuable.

La Dépêche malgache

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