1 août 2016

Il y a 100 ans : Le général Galliéni (3)

(Suite.)
En quelques mois, Galliéni réorganisa ce que ses prédécesseurs avaient désorganisé. La reine Ranavalo conspirait, ou plutôt les ministres conspiraient sous son nom. Il la déposa. Les ministres, il les exécuta dans des conditions qui valent la peine d’être rappelées.
L’entourage de Galliéni était fort divisé sur le sort qu’il fallait réserver à ces encombrants personnages. Le général se rangea à l’avis de la minorité, qui proposait de les exécuter, et de mettre le gouvernement en présence du fait accompli, fait qu’il n’autoriserait jamais si un avis préalable lui était demandé. Ainsi fut fait : les ministres furent exécutés et le gouvernement français s’inclina. Dès lors, la tranquillité régna, l’organisation marcha à pas de géant, grâce à l’expérience consommée, à la clairvoyance, à l’extraordinaire sûreté de main du général. Aussi lorsque neuf ans après il céda sa place à M. Augagneur, la Grande Île était en passe de devenir une de nos plus florissantes possessions d’outre-mer. Si elle n’est pas aujourd’hui une colonie aussi riche que l’Indo-Chine, c’est surtout, disait l’autre jour notre grand confrère Le Temps, qu’on s’est trop écarté des méthodes de Galliéni.
Rien n’est plus vrai. Madagascar a cruellement appris à ses dépens ce qu’il en coûte d’avoir à sa tête un gouverneur général qui a peut-être été un excellent maire, mais qui a tout à apprendre du métier de gouverneur.
Puisse cet exemple être mis à profit par M. Doumergue qui a aujourd’hui à choisir le nouveau gouverneur général de l’Indo-Chine.
Galliéni n’a pas été seulement un grand général, un administrateur de premier ordre, il a été également un écrivain colonial de haute valeur. Dans son premier ouvrage : Mission d’exploration du Haut-Niger, se révèle un véritable talent d’écrivain. Deux Campagnes au Soudan, Trois Colonnes au Tonkin, La Pacification de Madagascar, sont justement populaires et passionnent la jeunesse. Dans nos grandes revues, il a également publié des articles très remarqués. Le Courrier colonial, dont il était devenu le collaborateur depuis qu’il s’était retiré à Saint-Raphaël, lui doit notamment des articles sur Madagascar qui ont attiré l’attention de la grande presse métropolitaine.
(À suivre.)
Francis Mury.

Le Courrier colonial

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