31 juillet 2016

Il y a 100 ans : Le général Galliéni (2)

(Suite.)
Mais ce sont là les résultats, la façade de l’œuvre de ce grand colonial. Ce que l’on n’a pas assez dit, c’est que le général Galliéni est le plus magnifique exemple de ces officiers administrateurs qui ont su faire revivre le génie colonisateur de notre race.
Après avoir conquis, il pacifiait. C’était l’organisateur par excellence. Aussi, le général Lyautey, qui fut à son école comme les généraux Joffre, Roques, etc., a-t-il excellemment caractérisé la manière de son ancien chef en l’intitulant : « Une organisation qui marche ». À peine une région était-elle tranquille qu’elle se voyait dotée d’un régime adapté aux mœurs, aux habitudes de sa population, à sa situation économique. Le soldat-laboureur du maréchal Bugeaud était devenu, avec le général Galliéni, le soldat-colonisateur. Il ne labourait pas, il surveillait l’exécution des travaux agricoles, tandis qu’au-dessus de lui, officiers, sous-officiers administraient le pays, instruisaient les indigènes, leur rendaient la justice, forçaient leur confiance et leur estime, les contraignaient à reconnaître qu’ils n’avaient jamais joui d’une aussi heureuse tranquillité que sous notre domination.
Si le Tonkin est devenu une de nos colonies les plus prospères, c’est grâce à la mise ne pratique des heureuses méthodes de Galliéni. Comme au Niger, comme au Soudan, il a obtenu des résultats aussi merveilleux que rapides en jouant de la politique de races, en faisant disparaître le régime d’oppression qui pesait, avant notre arrivée, sur certaines classes indigènes et dont une administration aussi infatuée de sa supériorité qu’ignorante de la mentalité des populations avait cru le maintien indispensable à notre autorité.
Tout désignait donc Galliéni pour reprendre à Madagascar l’œuvre compromise par l’inexpérience des résidents généraux auxquels nous avions confié les destinées de cette île.
Quand le ministre des Colonies lui remit ses instructions, c’est-à-dire celles qui avaient été rédigées par ses bureaux, le général lui dit en souriant : « Monsieur le Ministre, vous me permettrez de ne jamais les ouvrir. » À quoi le Ministre, en homme intelligent, – cela arrive parfois – répondit : « Je crois que vous ferez bien ! »
 (À suivre.)
Francis Mury.

Le Courrier colonial

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