27 juillet 2016

Il y a 100 ans : La crise de la monnaie (3)

(Suite.)
« On se demande où se cachent actuellement nos piastres ? C’est bien simple. En dehors d’une spéculation connue et de l’enfouissement par les Malgaches d’un stock important, ce sont les Asiatiques qui drainent nos écus ; on s’en aperçoit davantage actuellement parce que les envois de la Métropole se sont raréfiés depuis la guerre. »
Et, dans un autre numéro, la Tribune publie la thèse contraire, à savoir que la roupie, loin de servir à Madagascar, nuirait plutôt :
« En résumé, il s’agirait de remplacer à Madagascar une circulation normale par une circulation dépréciée avec toutes ses conséquences.
« Un pays à circulation dépréciée se trouve, en effet, dans une situation fâcheuse lorsque la balance de ses comptes est déficitaire. Lorsqu’il exporte sa monnaie pour effectuer les paiements pour lesquels des remises n’ont pu être faites, son numéraire n’est pris que pour sa valeur en lingot. Supposons donc que Madagascar soit un jour dans l’obligation d’exporter ses piastres, c’est-à-dire de la monnaie d’argent, celle-ci ne sera acceptée que comme lingot de métal blanc au cours du jour.
« D’ailleurs quels avantages pourraient résulter pour la Grande Île de l’adoption d’une monnaie courante dans l’Océan Indien, puisque notre Colonie ne fait guère de commerce qu’avec la Métropole. Madagascar exporte la majeure partie de ses produits sur l’Europe et principalement sur la France, et, à part le riz qui pourrait trouver un marché avantageux à Maurice et à la Réunion, il n’y a guère de probabilité que les exportations se dirigent sur l’Inde qui, elle-même, exporte tout ce qui se produit dans notre colonie.
« Mais si l’on revient sur le terrain du régime monétaire, il est intéressant de remarquer que la création d’une monnaie spéciale n’est généralement que le résultat d’une situation commerciale et monétaire défectueuse. C’est ainsi que pour la Réunion où la balance des comptes était constamment déficitaire et où les exportations de monnaie avaient amené une crise de la circulation, il fut nécessaire – mais cela seulement à titre de remède – de créer le jeton de nickel qui n’est pas exportable et qui reste par la force des choses dans la Colonie.
(À suivre.)

Les Annales coloniales

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