14 février 2018

Il y a 100 ans : La situation à Madagascar (3)

(Suite et fin.)
Récemment, la Tribune de Madagascar constatait avec mélancolie qu’un administrateur visitant sa province mobilisait au minimum huit hommes pour porter son filanzane et ses bagages, huit hommes attachés en quelque sorte à sa personne, c’est-à-dire perdus comme main-d’œuvre.
Indépendamment des routes, les colons ont exprimé de nombreux desiderata à leur nouveau gouverneur général ; c’est ainsi qu’ils réclament la suppression de la réquisition des cuirs dont le moindre inconvénient a été d’annihiler une industrie active et prospère.
Leurs plaintes sont parfaitement justifiées comme le Courrier colonial l’a maintes fois répété ; elles n’en restent pas moins impuissantes puisqu’au 15 mars dernier, la réquisition des cuirs dans la colonie n’avait donné qu’un nombre infime de peaux tannées. Le reste a donc passé à tout autre chose qu’aux besoins de la guerre et les colons disent avec raison qu’alors il n’était point nécessaire de payer ces peaux si cher. Il est évidemment fâcheux que la France – c’est-à-dire les contribuables – ait dépensé son argent pour réunir des produits sans utilité.
M. Merlin s’inquiète assurément de cet état de choses, mais la mission chargée de l’achat des cuirs échappe à son autorité et il ne peut qu’adresser ses observations au département des colonies.
Voilà quelques-uns des problèmes qui se posent dans la Grande Île et dont nos colons vont réclamer la solution à M. Merlin. Les lettres que publie la presse locale depuis l’arrivée du nouveau gouverneur général en témoignent. Certaines même préconisent des remèdes tels que l’interdiction de vendre les récoltes sur pied, le recensement des denrées existant dans la colonie, l’achat du paddy par l’administration afin de faire disparaître le fâcheux intermédiaire, la répartition du riz entre les provinces suivant leurs besoins, le maintien des colons indispensables aux cultures, etc.
Ces idées ainsi émises méritent d’être mûrement examinées. Elles le seront certainement par M. Merlin qui s’est montré en A. O. F. assez habile administrateur pour que Madagascar ne ressente aucune inquiétude au sujet de l’avenir.
G. Bertrand.

Le Courrier colonial

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