15 décembre 2019

Il y a 100 ans : Pour la mise en valeur de la Grande Île (3)


(Suite.)
Mais, M. le Gouverneur Général, est-ce la critique de l’administration de vos prédécesseurs que vous entreprenez ? Et vous-même, qu’êtes-vous donc allé faire là-bas ?
Ceux qui connaissent l’autorité que vous confèrent vos fonctions s’étonneront d’entendre dans votre bouche de simples récriminations contre un état de choses qu’il dépend de vous de modifier ou d’améliorer.
Vous ne devez pas manquer d’énergie. Tous les étudiants de ma génération savent avec quelle maestria, alors que vous étiez secrétaire de M. Lépine, Préfet de Police, vous manœuvriez contre les joyeux habitants du Quartier latin, à Paris, les terribles « brigades centrales » d’alors.
Cette énergie se serait-elle émoussée depuis, notamment lors de votre passage à la préfecture des Bouches-du-Rhône ?
Je me souviens d’un article paru dans un journal colonial publié en France, il a y quelques semaines, dans lequel son auteur, un parlementaire connu, demandait qu’on vous confiât un milliard et demi pour la mise en valeur de la grande île où vous venez de vous promener.
Est-ce cet emprunt que vous venez chercher à réaliser ?
Vous classez-vous donc parmi les compétences que vous réclamez pour l’exploitation industrielle et commerciale de Madagascar ?
Vous avez fait dans l’Administration une carrière rapide, qui a étonné beaucoup de vos collègues. Mais croyez-vous avoir, au point de vue industriel en particulier, les qualités pouvant vous permettre d’apprécier à leur juste valeur les hommes et les organismes nécessaires à la mise en valeur des richesses de l’île malgache ?
Beaucoup de Marseillais qui vous ont approché pendant votre séjour à la Préfecture des Bouches-du-Rhône en doutent ; vous me permettrez de me joindre à eux.
Autant j’ai confiance dans les hommes de valeur que sont les gouverneurs actuels de nos possessions africaines, les Résidents généraux au Maroc et en Tunisie, ou M. Sarraut, l’éminent Gouverneur Général de l’Indochine, dans ces hommes de vieille race française qui, comme les Doumer et les Galliéni, ont su et savent encore donner une vigoureuse impulsion au développement économique des Colonies qu’ils administrent, autant j’hésitais jusqu’ici à croire que vous puissiez faire œuvre utile à Madagascar.
(À suivre.)
Le Tamatave



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