Il y a deux mois environ, Michèle Rakotoson a sorti un nouveau livre. Sauf erreur, c'est la première fois qu'elle écrit un ouvrage qui n'est pas une fiction. Juillet au pays est sous-titré: Chroniques d'un retour à Madagascar. On ne peut le dire plus précisément.
En juillet 2002 - on se souvient de l'atmosphère singulière de ce moment, la crise post-électorale s'achevait à peine -, elle revient donc. Il y a presque vingt ans qu'elle est partie. Le pouvoir vient de changer de mains. Comment va-t-elle retrouver Madagascar?
Disons tout de suite que le livre est superbe, dans une mise en page dynamique et originale où les illustrations viennent compléter le texte et où quelques effets typographiques, pas trop, juste ce qu'il faut, attirent l'oeil.
Mais c'est évidemment par son texte qu'on attend surtout Michèle Rakotoson. On sent qu'elle a dévoré du regard tout ce qu'elle pouvait observer, qu'elle a capté tous les sons, toutes les odeurs, qu'elle n'a pas oublié un mot de ce qu'on lui a dit pendant ce séjour. On devine aussi qu'elle ne revient pas l'esprit tout à fait serein. Nourrie de son passé, elle a tendance à plaquer sur ce qu'elle voit une grille d'interprétation qui lui paraît évidente, mais dont la pertinence a diminué.
Au moins provoque-t-elle, en ne cachant rien de ce qu'elle ressent et de ce qu'elle pense, la réaction chez le lecteur, parfois secoué dans ses propres certitudes.
Il ne s'agit donc pas d'un livre reposant. Il irrite parfois, il suscitera peut-être des polémiques. Tant mieux puisqu'il déplore, à plusieurs reprises, le fameux "silence malgache"...
Et puis, surtout, c'est un livre d'écrivain, qui a l'art de tracer en quelques lignes le trait juste et celui de donner le ton, comme dans une musique lancinante.
Michèle Rakotoson est, ces jours-ci, doublement au pays puisqu'elle présentera son livre ce vendredi 14 décembre au CEMDLAC (Analakely) à 10 heures. Le lendemain, elle le signera à la librairie Lecture et Loisirs (galerie Zoom, Ankorondrano).
Juillet au pays, par Michèle Rakotoson. Editions Elytis, 208 pages, 20 €.
Je signale aussi un autre récit malgache publié chez le même éditeur au début de l'année: Glissements de terrain, par Dominique Rolland (Editions Elytis, 224 pages, 20 €). Les trois années pendant lesquelles cette ethnologue a étudié les Antemoro de la Matitanana ont donné lieu à un texte magnifique, où l'écart entre la théorie et la réalité se comble petit à petit, dans une véritable remise en question personnelle.
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