Je continue à scruter avec attention non seulement les numérisations d'ouvrages anciens accessibles gratuitement sur Internet, mais aussi les nouveautés qui arrivent dans les librairies françaises. La plupart du temps - c'est le cas cette semaine -, je n'ai pas lu ces ouvrages et je ne peux donc vous fournir que les informations de l'éditeur. Voici donc un roman policier et un beau livre.
François Ferbos. Grand théâtre
Fraîchement nommé chef de la section financière au SRPJ de Bordeaux, le commissaire de police Vincent Laffargue renoue avec sa ville natale.
Malgré les mises en garde de son supérieur hiérarchique, il n’hésite pas à ouvrir un dossier brûlant qui compromet un notable de la cité. Le personnage se révèle encore plus sulfureux que Vincent ne pouvait l’imaginer et sous un vernis respectable, tous les coups sont permis...
L’aventureux commissaire mène son enquête qui le conduit, contre vents et marées, des rives de la Garonne jusque dans l’océan Indien, à Madagascar et La Réunion. Dans la même veine que Traque en haute mer (Éditions Le Télégramme) ce polar nautique associe avec aisance suspense et art de la navigation.
François Ferbos a fait carrière dans la Police. De Strasbourg à la Nouvelle-Calédonie, en passant par la Bretagne, il s'est frotté de près au trafic de stupéfiants puis au terrorisme, avant d'assurer dix années durant la direction de la brigade financière de Bordeaux. Il consacrait ses moments de liberté à la croisière et à la voile, aujourd'hui il vit à plein temps sur son bateau et Traque en haute mer était son premier roman.
Philippe Aimar. Rêve de Madagascar
Dans un manuscrit laissé sous une stèle de Fort-Dauphin en 1653, Etienne de Flacourt met en garde les étrangers contre les autochtones de Madagascar en écrivant: "Prends garde, étranger. Ne fais pas confiance aux habitants de cette île, leurs flatteries réservent les plus grands dangers". Le voyage que nous offre Philippe Aimar à travers la Grande Île dément fondamentalement cette mise en garde. Les photos nous montrent la confiance qui s'établit entre les modèles et le photographe et l'attachement que ce dernier porte à la Grande Île et à ses habitants. Les résultats constatés se rapprochent de ceux obtenus par Jean Paulhan qui avait pris la peine, il y a près de 90 ans, de partager le quotidien des Malgaches, de différentes conditions, afin de saisir le sens profond des Hainteny.
Ici le photographe a adopté la même démarche et nous présente une nature attachante et un peuple des plus accueillants avec beaucoup de réalisme. Fernand Léger n'a-t-il pas défini la qualité d'une oeuvre picturale en raison directe de sa quantité de réalisme. Mais, l'interprétation d'une photographie ne peut pas être considérée comme une valeur absolue, elle est le produit d'une subjectivité particulière du regardant. Quand l'ai compulsé l'album présenté par Philippe Aimar, c'est ma propre impression devant ces oeuvres d'une rare qualité que j'essaie de faire partager à ceux qui auront le privilège de se pencher sur ces images de la Grande Île. Le photographe a su rendre l'atmosphère et la couleur de chaque région et tirer de l'individu les spécificités qui le particularisent tout en l'intégrant dans son groupe d'appartenance. Si nous regardons cette jeune femme de la page 36, avant même de lire la notation de bas de page, rien que par sa tenue et sa coiffe nous la situons d'emblée dans l'ethnie Betsileo. Il en est de même pour la plupart des portraits pris un peu partout dans l'île.
Ce qui ne manquera pas de frapper la curiosité de ceux qui ouvrent ce livre est l'itinéraire suivi par le photographe. Au lieu de se précipiter sur les lieux touristiques connus, il nous entraîne dans un parcours inédit. Après une visite prégnante chez les Merina, les Ambaniandro (ceux qui sont sous le soleil) du haut plateau central, en ayant pris soin d'éviter les sites trop vus et revus - mais qu'ils ne néglige pourtant pas (on les perçoit à travers certaines photos) - en insistant parfois sur ce que le commun des autochtones ne remarque même plus, à force de les côtoyer quotidiennement. Ainsi en va-t-il des images devenues parties intégrantes du paysage, comme ces petits marchands des bords des routes ou ces joueurs de fanorona qui s'approprient une partie de la voie, ce qui nous plonge dans un exotisme bon enfant. Le photographe porte son appareil, non directement vers l'est ou vers le nord où sont les sites touristiques les plus fréquentés, mais vers le sud. Sur sa route, il nous fait entrevoir la beauté des environs de la capitale avec ses rizières, nous montre les étals des petits producteurs de charbon de bois qui préfigurent malheureusement la déforestation. Sa première étape dans le pays des Betsileo (nombreux invincibles) est l'Isalo. Il présente en quelques photos ce qui dorénavant particularise la région: la recherche des pierres précieuses avec ce que cela implique de risque, d'effort quasi-inhumain et de misère dans l'espoir. Il ne se prive pourtant pas de nous faire admirer le sourire d'une jeune Vezo (ceux qui pagaient). Et son voyage reprend toujours vers le sud, comme si le photographe voulait se mettre sur les traces d'Etienne de Flacourt, mais il délaisse Fort-Dauphin, et s'oriente délibérément vers Tuléar, le pays des Bara (qui disent que la signification de leur nom est ceux qui ont la voix grave et sourde mais que les autres connaissent pour des simples d'esprit et des naïfs) pour nous faire appécier un crépuscule sur les dunes, là où la mer, la terre et le ciel majestueusement se confondent. Avec des paysages féériques, de jour comme de nuit, et des Antandroy (ceux des ronces) rayonnants dans la simplicité de leur quotidien le photographe-pérégrin nous fait partager son émotion cette nature d'une beauté à couper le souffle. Mais là où l'on s'attendait à le voir continuer sa route vers Morondava, il marche sur le tropique du Capricorne et se retrouve sur la côte orientale de l'île les pieds dans l'eau du canal de Pangalane, s'intéressant aux occupations aquatiques des Antaisaka (ceux de des longues vallées), des Antambahoaka (ceux du peuple) et des Betsimisaraka (nombreux qui ne se séparent pas). Toamasina est suggérée par une photo du lac sur le canal de Pangalane, puis nous voilà tout de suite au pays de la vanille et des Sakalava (ceux des longues vallées) au nord est de l'île, pour nous retrouver vers le nord face à l'île de Nossy-Bé devant des paysages grandioses d'une mer d'émeraude présentant les boutres comme des bijoux précieux et d'un ciel souvent bleu à la limite possible de la couleur.
Cet ouvrage de Philippe Aimar ne doit pas être vu uniquement comme une présentation de la nature mais aussi comme une étude de l'homme malgache dans un essai chaleureux et subtil. Le photographe a mis dans son travail toute sa passion et son attachement pour l'île et ses habitants. Il propose une approche originale et vivante de la société malgache mettant en évidence un réseau d'affinités et d'échanges qui le relie à un monde qui le subjugue, l'intrigue et l'attache. Je dirais même une confrontation affective de deux visions du monde différentes avec ce que cela implique de subjectivité. Chapitre après chapitre nous faisons connaissance avec les différentes ethnies malgaches. Ce qui m'a aussi ému dans ce livre c'est l'objectivité du photographe. Il ne s'est pas contenté de montrer la beauté de l'Ile avec des gens heureux, mais il fait toucher du doigt le paradoxe de la beauté et de la misère en montrant comment les Malgaches acceptent leurs destins et que les gens pauvres ne sont pas toujours tristes.
Qu'attend-on d'un livre de photographies si ce n'est de nous faire connaître un pays et de nous procurer du plaisir? Les deux objectifs sont atteints dans ce livre de Philippe Aimar et je ne puis que souhaiter à tous ceux qui l'ouvriront le même plaisir et émotion que j'ai eus en le consultant.
Philippe Aimar est né en 1958 à Paris. Il est journaliste professionnel et collabore régulièrement avec des magazines français et internationaux. Il fait ses débuts chez Sipa Press en 1986. En 1991, il part aux Etats-Unis et devient correspondant permanent pour le compte de cette agence à Los Angeles. A cette époque, une série d'événements riches en actualité interviennent. 1992, les émeutes de Los Angeles font la une des magazines du monde entier. Les photos de Philippe Aimar sont diffusées et largement publiées (Newsweek, Time, Paris Match, VSD etc..). En 1994, incendies et tremblements de terre frappent la Californie. De nouveau, ses photos sont largement publiés. Il réalise également de nombreux portraits des personnalités du show business américain. En 2002, à son retour en France, il prend la rédaction en chef de l'agence photo Corbis Sygma. Quelques temps plus tard il se consacre à son premier livre photo sur Madagascar. En 2005, il édite avec son confrère Salem Trabelsi (rédacteur en chef du quotidien tunisien La Presse) un livre sur la Tunisie. En 2008, il rejoint l'agence Hamsa Press (M6, Canal +, TF1...) et réalise plusieurs documentaires. En 2009, il publiera un livre intitulé Vanille - La route bourbon.
François Ferbos. Grand théâtre
Fraîchement nommé chef de la section financière au SRPJ de Bordeaux, le commissaire de police Vincent Laffargue renoue avec sa ville natale.
Malgré les mises en garde de son supérieur hiérarchique, il n’hésite pas à ouvrir un dossier brûlant qui compromet un notable de la cité. Le personnage se révèle encore plus sulfureux que Vincent ne pouvait l’imaginer et sous un vernis respectable, tous les coups sont permis...
L’aventureux commissaire mène son enquête qui le conduit, contre vents et marées, des rives de la Garonne jusque dans l’océan Indien, à Madagascar et La Réunion. Dans la même veine que Traque en haute mer (Éditions Le Télégramme) ce polar nautique associe avec aisance suspense et art de la navigation.
François Ferbos a fait carrière dans la Police. De Strasbourg à la Nouvelle-Calédonie, en passant par la Bretagne, il s'est frotté de près au trafic de stupéfiants puis au terrorisme, avant d'assurer dix années durant la direction de la brigade financière de Bordeaux. Il consacrait ses moments de liberté à la croisière et à la voile, aujourd'hui il vit à plein temps sur son bateau et Traque en haute mer était son premier roman.
Philippe Aimar. Rêve de Madagascar
Dans un manuscrit laissé sous une stèle de Fort-Dauphin en 1653, Etienne de Flacourt met en garde les étrangers contre les autochtones de Madagascar en écrivant: "Prends garde, étranger. Ne fais pas confiance aux habitants de cette île, leurs flatteries réservent les plus grands dangers". Le voyage que nous offre Philippe Aimar à travers la Grande Île dément fondamentalement cette mise en garde. Les photos nous montrent la confiance qui s'établit entre les modèles et le photographe et l'attachement que ce dernier porte à la Grande Île et à ses habitants. Les résultats constatés se rapprochent de ceux obtenus par Jean Paulhan qui avait pris la peine, il y a près de 90 ans, de partager le quotidien des Malgaches, de différentes conditions, afin de saisir le sens profond des Hainteny.
Ici le photographe a adopté la même démarche et nous présente une nature attachante et un peuple des plus accueillants avec beaucoup de réalisme. Fernand Léger n'a-t-il pas défini la qualité d'une oeuvre picturale en raison directe de sa quantité de réalisme. Mais, l'interprétation d'une photographie ne peut pas être considérée comme une valeur absolue, elle est le produit d'une subjectivité particulière du regardant. Quand l'ai compulsé l'album présenté par Philippe Aimar, c'est ma propre impression devant ces oeuvres d'une rare qualité que j'essaie de faire partager à ceux qui auront le privilège de se pencher sur ces images de la Grande Île. Le photographe a su rendre l'atmosphère et la couleur de chaque région et tirer de l'individu les spécificités qui le particularisent tout en l'intégrant dans son groupe d'appartenance. Si nous regardons cette jeune femme de la page 36, avant même de lire la notation de bas de page, rien que par sa tenue et sa coiffe nous la situons d'emblée dans l'ethnie Betsileo. Il en est de même pour la plupart des portraits pris un peu partout dans l'île.
Ce qui ne manquera pas de frapper la curiosité de ceux qui ouvrent ce livre est l'itinéraire suivi par le photographe. Au lieu de se précipiter sur les lieux touristiques connus, il nous entraîne dans un parcours inédit. Après une visite prégnante chez les Merina, les Ambaniandro (ceux qui sont sous le soleil) du haut plateau central, en ayant pris soin d'éviter les sites trop vus et revus - mais qu'ils ne néglige pourtant pas (on les perçoit à travers certaines photos) - en insistant parfois sur ce que le commun des autochtones ne remarque même plus, à force de les côtoyer quotidiennement. Ainsi en va-t-il des images devenues parties intégrantes du paysage, comme ces petits marchands des bords des routes ou ces joueurs de fanorona qui s'approprient une partie de la voie, ce qui nous plonge dans un exotisme bon enfant. Le photographe porte son appareil, non directement vers l'est ou vers le nord où sont les sites touristiques les plus fréquentés, mais vers le sud. Sur sa route, il nous fait entrevoir la beauté des environs de la capitale avec ses rizières, nous montre les étals des petits producteurs de charbon de bois qui préfigurent malheureusement la déforestation. Sa première étape dans le pays des Betsileo (nombreux invincibles) est l'Isalo. Il présente en quelques photos ce qui dorénavant particularise la région: la recherche des pierres précieuses avec ce que cela implique de risque, d'effort quasi-inhumain et de misère dans l'espoir. Il ne se prive pourtant pas de nous faire admirer le sourire d'une jeune Vezo (ceux qui pagaient). Et son voyage reprend toujours vers le sud, comme si le photographe voulait se mettre sur les traces d'Etienne de Flacourt, mais il délaisse Fort-Dauphin, et s'oriente délibérément vers Tuléar, le pays des Bara (qui disent que la signification de leur nom est ceux qui ont la voix grave et sourde mais que les autres connaissent pour des simples d'esprit et des naïfs) pour nous faire appécier un crépuscule sur les dunes, là où la mer, la terre et le ciel majestueusement se confondent. Avec des paysages féériques, de jour comme de nuit, et des Antandroy (ceux des ronces) rayonnants dans la simplicité de leur quotidien le photographe-pérégrin nous fait partager son émotion cette nature d'une beauté à couper le souffle. Mais là où l'on s'attendait à le voir continuer sa route vers Morondava, il marche sur le tropique du Capricorne et se retrouve sur la côte orientale de l'île les pieds dans l'eau du canal de Pangalane, s'intéressant aux occupations aquatiques des Antaisaka (ceux de des longues vallées), des Antambahoaka (ceux du peuple) et des Betsimisaraka (nombreux qui ne se séparent pas). Toamasina est suggérée par une photo du lac sur le canal de Pangalane, puis nous voilà tout de suite au pays de la vanille et des Sakalava (ceux des longues vallées) au nord est de l'île, pour nous retrouver vers le nord face à l'île de Nossy-Bé devant des paysages grandioses d'une mer d'émeraude présentant les boutres comme des bijoux précieux et d'un ciel souvent bleu à la limite possible de la couleur.
Cet ouvrage de Philippe Aimar ne doit pas être vu uniquement comme une présentation de la nature mais aussi comme une étude de l'homme malgache dans un essai chaleureux et subtil. Le photographe a mis dans son travail toute sa passion et son attachement pour l'île et ses habitants. Il propose une approche originale et vivante de la société malgache mettant en évidence un réseau d'affinités et d'échanges qui le relie à un monde qui le subjugue, l'intrigue et l'attache. Je dirais même une confrontation affective de deux visions du monde différentes avec ce que cela implique de subjectivité. Chapitre après chapitre nous faisons connaissance avec les différentes ethnies malgaches. Ce qui m'a aussi ému dans ce livre c'est l'objectivité du photographe. Il ne s'est pas contenté de montrer la beauté de l'Ile avec des gens heureux, mais il fait toucher du doigt le paradoxe de la beauté et de la misère en montrant comment les Malgaches acceptent leurs destins et que les gens pauvres ne sont pas toujours tristes.
Qu'attend-on d'un livre de photographies si ce n'est de nous faire connaître un pays et de nous procurer du plaisir? Les deux objectifs sont atteints dans ce livre de Philippe Aimar et je ne puis que souhaiter à tous ceux qui l'ouvriront le même plaisir et émotion que j'ai eus en le consultant.
Philippe Aimar est né en 1958 à Paris. Il est journaliste professionnel et collabore régulièrement avec des magazines français et internationaux. Il fait ses débuts chez Sipa Press en 1986. En 1991, il part aux Etats-Unis et devient correspondant permanent pour le compte de cette agence à Los Angeles. A cette époque, une série d'événements riches en actualité interviennent. 1992, les émeutes de Los Angeles font la une des magazines du monde entier. Les photos de Philippe Aimar sont diffusées et largement publiées (Newsweek, Time, Paris Match, VSD etc..). En 1994, incendies et tremblements de terre frappent la Californie. De nouveau, ses photos sont largement publiés. Il réalise également de nombreux portraits des personnalités du show business américain. En 2002, à son retour en France, il prend la rédaction en chef de l'agence photo Corbis Sygma. Quelques temps plus tard il se consacre à son premier livre photo sur Madagascar. En 2005, il édite avec son confrère Salem Trabelsi (rédacteur en chef du quotidien tunisien La Presse) un livre sur la Tunisie. En 2008, il rejoint l'agence Hamsa Press (M6, Canal +, TF1...) et réalise plusieurs documentaires. En 2009, il publiera un livre intitulé Vanille - La route bourbon.
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