Même Yann Arthus-Bertrand n'a jamais vu, et encore moins photographié, Madagascar d'aussi haut. Dans son nouveau roman, Je n'ai pas dansé depuis longtemps, Hugo Boris imagine l'expérience d'un cosmonaute soviétique qui passe plus d'une année en orbite terrestre. Ivan ne sait pas exactement à quoi il s'engage, puisque personne n'a encore vécu aussi longtemps en apesanteur. Il fait des ronds dans le ciel, en 1991 et 1992, comptant les orbites jusqu'à la 6798ème.
Un jour, un élément de la station tombe en panne. L'équilibre de l'appareil devient précaire. Il faut s'orienter à vue...
Un jour, un élément de la station tombe en panne. L'équilibre de l'appareil devient précaire. Il faut s'orienter à vue...
Ivan s'approche du hublot, cherche un repère à la surface de la Terre: l'île de Madagascar fera l'affaire.
- Qu'est-ce que tu fais? demande Bogdan.
- J'essaye de voir si on a déjà pris du roulis, dit-il en la masquant de son pouce.
Le doigt en l'air, un œil fermé, il attend qu'elle réapparaisse.
Petit à petit, l'île se dévoile sous son ongle.
La forêt est épaisse, mais traversée par un bras de sang. L'eau du fleuve est bien rouge, estime-t-il.
- Alors? fait Bogdan.
- Attends...
Il n'avait jamais remarqué. Une telle couleur, à cet endroit, ce n'est pas normal. Elle lui rappelle celle du sable dans certaines régions désertiques. Peut-être que le fleuve est plein de vase? Il ne voit pas d'autre explication possible au saignement de l'île. Le sol est devenu friable, les berges s'émiettent dans l'eau.
- Tu as vu comme ils ont attaqué la forêt, les Malgaches? demande Ivan.
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