19 juin 2018

il y a 100 ans : Potins de la rue


Depuis que le Gouvernement nous a fait connaître ses décisions concernant le Gouvernement Général de Madagascar, quelques personnes affirment que M. Schrameck ne viendra à Madagascar que pour apprécier la beauté de ses sites, l’absence de port à Tamatave et, après une saison à Antsirabe, s’en retourner en France occuper une place au Conseil d’État ou au Comité de Salut Public, laissant tout chaud le trône malgache à M. Garbit.
Disons tout de suite que de M. Garbit nous avons gardé un excellent souvenir, mais pour le cas où il reviendrait nous lui demanderions de nous expliquer pourquoi il créa une crise financière et monétaire qu’il aurait dû et pu éviter ; pourquoi il fit sortir de la colonie 20 000 hommes de plus qu’il n’aurait fallu dans l’intérêt même de la Métropole, à laquelle la colonie aurait pu, sans privation aucune, fournir des produits alimentaires aujourd’hui raréfiés ; pourquoi au point de vue indigène il se montra d’une faiblesse regrettable ; pourquoi enfin il crut devoir orner de rouge une boutonnière qui ne méritait pas cet excès d’honneur.
Il est probable que M. Garbit revenant à Madagascar, mais plus tard, plume blanche au chapeau, changera complètement sa manière. Madagascar, dit-il à Paris, est un pays où l’on fait fortune, il aurait pu ajouter : sans le concours de l’Administration. Et, si la politique indigène qu’il mit en pratique durant son dernier séjour était de nouveau mise en application, il pourrait dire qu’à Madagascar seuls les indigènes font fortune.
Et ce n’est pas la Banque d’émission préconisée à Paris par M. Garbit qui permettrait aux Européens de lutter avec avantage.
Laissons de côté les potins de la rue et quelques personnes prendre leurs désirs pour des réalités et souhaitons les étoiles à M. Garbit. Ce sera la seule manifestation de notre rancune à son égard.
Un Gouverneur est nommé qui n’est point de ceux qui essuient les plâtres. Il viendra ici plus tôt qu’on ne croit et prendra la direction des services en ce moment un peu flous.
Nous l’attendons à l’œuvre, ne demandant qu’à louer son œuvre, comme nous eussions eu à louer les initiatives de M. Merlin. Nous ne souhaitons qu’une chose, c’est que la période de transition ne se prolonge pas outre mesure dans l’intérêt de la colonie.
Le Tamatave


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