25 mai 2019

Il y a 100 ans : Pour obtenir un travail régulier de l’indigène (1)


L’indigène, en sa qualité de primitif, a un langage riche en images. Mais son intelligence reste inapte à saisir tout ce qui n’est pas concret. Plusieurs générations séparent encore le Malgache, par exemple, du moment où il pénètre sans trop de difficultés le sens d’idées abstraites que nous exprimons souvent devant lui sans prendre garde que les mots frappent son oreille, mais que leur signification lui échappe.
Cherchez à faire comprendre à un Malgache qu’entre le travail et la liberté il y a d’étroits rapports, vous vous apercevrez que vous avez perdu votre temps. Il estime, au contraire, qu’un abîme les sépare.
Par exemple, ils m’entendront si je leur dis : « Résignez-vous au travail parce qu’il vous procurera l’argent nécessaire au payement de l’impôt et des petites jouissances matérielles dont vous commencez à être friands. »
Ce langage, leur intelligence est apte à le comprendre.
Ensuite, il faut inculquer à chacun le sens de sa valeur individuelle, en supprimant radicalement le déplorable système du travail à la journée, pour lui substituer celui du travail à la tâche.
Le premier favorise la paresse et décourage ceux que le désir d’un gain plus élevé inciterait à fournir un effort plus grand. Le travail aux pièces est le meilleur moyen auquel on puisse avoir recours pour triompher de l’apathie naturelle des Malgaches et les amener peu à peu à un travail régulier.
L’engagement de groupements d’indigènes donne aussi de bons résultats, comme on l’a vu dans les régions de Madagascar où nos colons ont fait venir et établi des familles entières pour cultiver le riz. Ainsi déracinées, celles-ci s’attachent au sol qu’elles mettent en valeur et ne songent plus à le quitter comme le font les travailleurs qui vont chercher de la besogne loin de leurs villages et s’empressent de revenir chez eux dès qu’ils ont réalisé quelques économies.
Cette fixité est la base principale de tout progrès dans l’utilisation de la main-d’œuvre.
(À suivre.)
Le Tamatave



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