24 juillet 2019

Il y a 100 ans : L’état civil des indigènes à Madagascar


Il est de toute nécessité, si l’on veut que tous les indigènes soient efficacement soumis à la loi, que le contrôle de l’état civil soit établi et fonctionne comme dans la métropole.
Près d’un tiers des indigènes échappe actuellement à la taxe, comme à tout contrôle, et cela faute d’état civil.
Comment en serait-il autrement ? Nous ne faisons rien de sérieux ni de définitif dans ce sens.
À Madagascar, colonie en plein développement, le livret de travail, pourtant si réclamé, n’est même pas généralisé ! Il n’y a aucun état civil, aucun contrôle, aucun registre établissant la filiation de chaque famille. En France, nous ne pouvons vivre sans papiers d’identité, sans documents que nous sommes tenus d’exhiber à toute réquisition. Et nous hésitons à appliquer des mesures moins sévères à un peuple conquis, auquel nous apportons le bien-être et le progrès !
Il faut que, dans tous les villages de la Colonie, des registres établissent la filiation complète de chaque famille et que chaque indigène soit muni d’un livret individuel portant son nom, son âge, sa filiation, et tous les renseignements inscrits au registre de l’état civil.
Les formalités nombreuses sans doute et quelquefois ennuyeuses de l’état civil, auxquelles nous sommes assujettis, ne seraient pas à Madagascar d’une application aussi difficile que certains le prétendent. Beaucoup d’indigènes, dit-on, iraient se cacher et vivre dans la forêt pour échapper à cette prescription.
Croire cela, ce n’est pas connaître, en vérité, la mentalité du Malgache. Celui-ci n’aime pas l’isolement, il ne pourrait se passer pendant deux jours de la compagnie de ses camarades. De même, sa femme ne consentirait pas à vivre au milieu d’une forêt, dans les conditions matérielles les plus difficiles et privée des papotages habituels avec ses voisines.
Or, si l’on rend responsable des infractions à la loi le chef du village ou l’employeur et qu’on le condamne à l’amende chaque fois qu’il aura sur son territoire ou sur son exploitation des individus non-inscrits, il est de toute évidence que les infractions diminueront rapidement, puis finiront par disparaître.
La nécessité de cette réforme étant reconnue par tous et rien ne s’opposant à son application, il importe de la réaliser au plus tôt.
Le Tamatave



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