(Suite et fin.)
Ce jour-là, toute l’armée Mangin progressait, et tandis
qu’ici, un chef de section du 28e bataillon de chasseurs alpins
prenait pied, avec les survivants d’une unité réduite au tiers par le feu de
l’ennemi, dans le village ou plus exactement dans les ultimes vestiges du
village de Lœuilly, à quelques kilomètres plus loin, les indigènes malgaches du
12e bataillon de tirailleurs, bravant, au prix de pertes encore
plus dures, les feux nourris de mitrailleuses qui le prenaient de face et de
front, n’emportait pas moins de haute lutte le village de Terny-Sorny, où il
faisait 200 prisonniers et capturait un énorme matériel.
Les assaillants qui brisèrent leur résistance donnèrent en
cette journée la preuve qu’ils possédaient toutes les qualités inhérentes à la
guerre la plus moderne, non pas seulement la bravoure individuelle mais
l’impassible obstination, le sang-froid, la volonté, l’audace. La prise de
Terny-Sorny suffit à consacrer pleinement la valeur guerrière des troupes
malgaches. Le haut commandement ne fut pas le dernier à l’apprécier et le
bataillon, qui y avait donné la mesure de tout un peuple, fut réuni avec deux
autres pour constituer dans la division marocaine dont il ne s’était pas montré
indigne le 1er régiment de chasseurs malgaches.
Les exploits des Malgaches et la part qu’ils ont prise à la
commune victoire sont suffisants, comme le rappelait le général Berdoulat sous
les ordres duquel un de leurs bataillons a conquis brillamment, le
18 juillet, une citation à l’ordre de l’armée pour « prouver à ceux
qui nous dénient toutes aptitudes à la colonisation que, si nous sommes malhabiles
à exploiter les ressources de nos vaincus d’hier, nous savons du moins gagner
leurs cœurs. C’est là le plus beau titre de gloire des troupes
coloniales. »
La France n’oubliera pas les chasseurs qui sont venus de
Madagascar à la poursuite de ses envahisseurs, et ce n’est pas en vain non plus
que les plus vaillants des Malgaches auront connu de la France le meilleur
d’elle-même, qu’ils auront pu admirer fraternellement les glorieux poilus dont
l’histoire n’a pas fini d’anoblir les sublimes vertus.
La Petite République
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