14 juillet 2009

En librairie : le tsapiky et les gens de pouvoir

Rassurez-vous, il s'agit de deux livres différents - à moins que le tsapiky mène au pouvoir...?

Didier Galibert publie Les gens de pouvoir à Madagascar. État postcolonial, légitimités et territoire (1956-2002). Il s'agit de son sujet de thèse (le texte a peut-être été retravaillé, l'éditeur donne peu d'indications), dont voici les grandes lignes.
La thèse étudie le champ de pouvoir de l’État postcolonial à Madagascar, depuis la formation d’une arène politique démocratisée à partir de la loi-cadre de 1956 jusqu’à la crise majeure de l’année 2002. L’ensemble de l’étude est construit en fonction de deux hypothèses. En premier lieu, le caractère massif de la pauvreté et la multiplicité des écarts par rapport à la norme occidentale de la domination légale-rationnelle, telle qu’elle a été définie à la suite des travaux de Max Weber, ne dénote aucun effacement de l’État, mais plutôt la mise en œuvre d’un dispositif de centralisation des échanges clientélistes doté de sa cohérence propre. En second lieu, la surimposition d’un État postcolonial directement inspiré de la modernité politique européenne constitue une violence symbolique exercée sur la société malgache, compte tenu de son caractère contradictoire avec les fondements du politique tels qu’ils se sont tissés dans la tradition précoloniale: fusion du politique et du religieux, rôle protecteur et fécondant des rois sacrés, hiérarchie de la société en ordres inégaux.
La première partie de la thèse étudie le processus de nationalisation du champ politique. Dans sa deuxième partie, la thèse se penche sur les difficultés de la refondation postcoloniale du territoire, dans le rapport aux héros fondateurs et aux lieux de mémoire, la définition d’un maillage administratif sans rapport avec les cultes traditionnels, l’affirmation concomitante de modalités nouvelles de politisation des identités. La troisième partie, quant à elle, évoque la crise d’autorité déclenchée par l’intrusion du modèle de la modernité politique occidentale dans une société largement déterminée par les variantes précoloniales de la monarchie sacrée.
Avec du rythme et un CD, voici Le tsapiky, une jeune musique de Madagascar. Ancêtres, cassettes et bals-poussière, par Julien Mallet.
Ouvrage comportant un cahier photos de 16 pages et accompagné d'un CD-rom contenant de nombreuses photographies, des films, extraits musicaux et animations multimédia.
Tout voyageur s'étant rendu à Madagascar ne peut manquer d'être saisi par l'importance que tient la musique dans la vie quotidienne de l'île. Musique moderne, accompagnée de danses, de chants aux messages multiples, le tsapiky est emblématique de la région de Tuléar (au sud-ouest de Madagascar).
En analysant l'encrage et les rouages d'un "système tsapiky", l'ouvrage met en évidence un type inédit de rapport entre la cille et la campagne, entre les aînés et les cadets, entre l'espace cérémoniel et celui d'un marché naissant dans une ville en pleine ruralisation. Au cœur d'influences multiples, le tsapiky a une histoire, celle de la rencontre dans les années soixante-dix entre des musiques africaines modernes et des musiques villageoises locales. En s'appuyant sur des analyses musicologiques, l'auteur s'attache à saisir les processus de métissage à l'œuvre dans le phénomène musical tsapiky; à repérer les mécanismes de constitution d'un genre considéré comme processus de création et non comme imitation des musiques étrangères ou reproduction d'une tradition.
Tout en étant centré sur Madagascar, ce livre recoupe des questions fondamentales qui traversent les sociétés contemporaines. Les enjeux noués autour de la mondialisation, tout comme le rôle de la musique dans la construction de processus identitaires ou l'affirmation de nouveaux liens sociaux, traversent les espaces.


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