Le banquet du 6 mars
a réuni environ 90 personnes dont 20 hovas, 14 baras et pas plus
de 40 fonctionnaires. Les colons étaient donc peu nombreux. Nos lecteurs
savent la cause de cette abstention tant à Tananarive qu’à Tamatave.
M. Picquié pouvait être tranquille : aucun sceptique n’assistait à
son battage.
Ci-dessous nous publions
quelques notes de notre correspondant particulier.
Service et menu à la
hauteur, mais chaleur épouvantable que l’absence de glace a rendu plus sensible
encore.
Au champagne, discours :
Le Directeur des Travaux
Publics fait l’historique du chemin de fer, met en valeur les avantages qui en
sont résulté pour le commerce et ceux qui en résulteront du fait de son
prolongement jusqu’à Tamatave.
Il élogie les deux
gouverneurs généraux, M. Augagneur, auteur du prolongement sur Tamatave,
et M. Picquié, promoteur du prolongement sur Antsirabe.
Il développe les
principes de l’Étatisme qui ont guidé la Colonie dans l’exploitation du
T. C. E. et il souhaite qu’elle continuera à les appliquer quand il s’agira
d’exploiter le port de Tamatave. Les 6 250 000 fr. qui ont été
demandés pour la construction du chemin de fer Brickaville-Tamatave ne sont pas
dépensés. Il reste fr. 300 000 qui sont réservés pour la gare de
Tamatave.
Le Gouverneur Général
répondit immédiatement.
Il commença par couvrir
de fleurs le Directeur des travaux public, les Officiers du génie qui
étudièrent et construisirent le tronçon inauguré. Il s’appesantit sur les
services éminents rendus par l’arme du génie à la Colonie de Madagascar et
rappela le souvenir du colonel, depuis général, Roques et du colonel Ozil.
Il exposa que sa
politique à Madagascar n’a été que la continuation de celle de ses éminents
prédécesseurs Gallieni et Augagneur. Il fit connaître également que le général
Gallieni avait laissé la Colonie avec un commerce de 50 millions,
Augagneur 67 millions et que sous lui, le commerce avait dépassé
100 millions.
Il déclara que la Colonie
sera bientôt dotée d’un beau port à Tamatave, pendant que le rail sera poussé
jusqu’à Antsirabe, que Majunga aura aussi son port, que Tamatave aura sa voie
de communication sur Ambatondrazaka ; que les routes construites
maintenant ne seront plus empierrées pour y faire circuler les autos ;
mais qu’elles seront exploitées par des tramways jusqu’au moment où le trafic y
sera devenu suffisant pour y faire circuler une voie ferrée d’un mètre.
M. le Général Riou
ayant, au nom de l’autorité militaire, remercié le Chef de la Colonie des
compliments adressés aux officiers du génie en service à Madagascar,
MM. Frappart et Baillet ont pris la parole ; ils sont d’accord pour
constater que Madagascar est en croissance de développement économique visible
pour les plus incrédules et les plus sceptiques. Monsieur Baillet en remercie
tous les Gouverneurs Généraux qui se sont succédé à Madagascar. M. Frappart
tient à exprimer sa reconnaissance à M. Picquié de tout ce qu’il a fait
pour la Grande Île, et de ce qu’il a promis de faire pour elle (!!!).
Le Consul Britannique
manifeste en termes choisis et dans le langage de Mme de Sévigné, sa joie
des immenses progrès qu’il constate de jour en jour. Il élogie le Gouvernement
de la République et son représentant à Madagascar.
Rasanjy lit en français
un long long discours – discours vieux
jeu malgache.
Un Chef Bara fait un
petit kabary en malgache. Il est heureux d’être là, de constater ce qu’il a vu.
Il prie le Gouverneur Général de prendre acte que lui et ses camarades ne
songent plus au passé qu’ils désirent voir oublier par tout le monde et que
dorénavant ils marcheront dans la voie du bien, du progrès et tutti quanti.
L’assistance écoute sans
doute avec le plus grand plaisir l’ultime déclaration de M. Picquié, que
la colonie « exploitera elle-même le port
de Tamatave » ; qu’il est du reste ennemi de toute conception et
du principe des monopoles. Dont acte.
Sur ce, ban général des
invités mis en gaîté. Le départ effectué un peu en retard, n’a permis au train
gouvernemental d’arriver à Tamatave qu’à sept heures.
(Du Journal de Tamatave)
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