19 août 2018

Il y a 100 ans : Le travail s’impose à tous, aux colonies comme en France (4 et fin)


(Suite et fin.)
Et, pour sauver les apparences, on peut s’attendre à voir qualifier d’utopie la mise en pratique de ce vœu, tellement en serait soi-disant difficile l’application…
À qui nous répondrons : admettez d’abord ledit principe, les règlements de détail se feront à l’usage ; décidez que tout indigène doit fournir telle somme de travail… Sinon, cessez de faire passer les colonies pour des régions où l’Européen peut entreprendre quelque chose, et contentez-vous alors d’appeler les poètes pour célébrer les douceurs du farniente :
Aux pays parfumés que le soleil caresse.
Paul Desloy.
Le Courrier colonial
Au tribunal, maîtrisez vos nerfs

Pour n’avoir pas su se maîtriser comparaissait hier, devant le Tribunal correctionnel de Tamatave, M. X., employé à la Voirie. Il était accusé d’avoir bousculé, brutalisé, frappé un prisonnier indigène qui travaillait sous ses ordres. Étant d’un certain âge et tenant compte d’un passé des plus honorables, le Ministère public a demandé pour lui l’extrême indulgence du Tribunal. Pour ces motifs, il n’a été condamné qu’à vingt-cinq francs d’amende, et aux frais.

Une histoire de sorcier

Hier comparaissait également devant le Tribunal correctionnel de notre ville trois indigènes accusés d’avoir enfermé dans une cave le nommé Mefa et de l’avoir frappé à coups de bâton. Les inculpés, pour leur défense, disaient que Mefa, que l’on considère dans la région comme sorcier, avait fait manger à la mère de Rabalena, principal inculpé, une banane empoisonnée ; et cette dernière est venue déclarer à l’audience qu’après avoir mangé la banane présentée par Mefa, elle avait été malade plusieurs jours. Pour ce motif, son fils Rabalena avait frappé Mefa, pensant que sa mère avait été empoisonnée par ce dernier. Mais, comme tout cela n’était pas bien prouvé et paraissait être une histoire de brigands, « grâce aussi à une habile plaidoirie de leur défenseur », le principal inculpé, Rabalena, a été condamné à seulement 25 francs d’amende et ses deux complices, l’un à 16 francs et l’autre à 5 francs.
Le Tamatave


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