30 août 2019

Il y a 100 ans : « Pays riche, mais qui a besoin de médecins », nous dit M. Schrameck (1)


(Du correspondant du Petit Journal.)
Marseille, 5 août. – « Est-ce un retour définitif ou un simple congé de repos qui vous ramène en France ? » ai-je demandé à M. Schrameck, gouverneur de Madagascar, arrivé à Marseille aujourd’hui à midi.
— Un congé que je passerai tranquillement à Vichy et à Marseille, m’a répondu l’ancien préfet des Bouches-du-Rhône avec un sourire qui disait peut-être d’autres intentions. Mais je vais, tout d’abord, m’occuper des affaires de la colonie avec le gouvernement, je repartirai demain soir pour Paris. »
Et, comme je le questionnais sur la situation de Madagascar et sur son avenir, M. Schrameck m’a répondu :
« Madagascar est une colonie admirable, tant au point de vue agricole qu’au point de vue minier, et ses richesses sont considérables ; mais c’est un pays qui jusqu’à ce jour a été très insuffisamment exploité et sa situation réclame des réformes urgentes, parmi lesquelles je citerai tout d’abord une réorganisation complète des services d’assistance médicale.
« J’estime qu’il y a lieu de placer un médecin au moins à la tête de chaque province avec un personnel suffisant pour faire face aux besoins indispensables.
« Madagascar est divisé en 25 provinces ; j’en ai visité huit, et d’ailleurs j’ai passé les deux tiers de ma présence dans l’île à la parcourir pour la connaître dans ses diverses parties et c’est à la suite d’une étude approfondie que j’en suis venu à considérer comme la plus utile et la plus urgente de toutes les réformes celle de l’assistance médicale. Il nous faut des ressources pour attirer dans le pays de médecins intelligents, énergiques, dévoués et pour les conserver. Nous les trouverons. D’ailleurs, déjà ceux qui viennent sont mieux payés que ceux d’autrefois. »
M. Schrameck nous dit que la grippe espagnole a fait 50 000 victimes dans notre colonie et qu’elle a presque complètement anéanti la population de la Réunion où, faute de pouvoir enterrer les morts, ceux-ci pourrissaient à l’air comme sur un champ de bataille.
(À suivre.)
Escudier.
Le Petit Journal



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