22 janvier 2020

Il y a 100 ans : Au boulevard d’Ivondro


Voulez-vous avoir une séance de cinéma à l’œil ? Vous n’avez qu’à aller tous les soirs aux abords de la Rochefortaise et vous y verrez des scènes d’un comique très réussi qui pourraient rivaliser avec celles de Rigadin. Un homme se tient à la porte pour fouiller les bourjanes qui sortent.
Quelques-uns ne trouvent pas cette opération de leur goût, et s’y prêtent en maugréant ; croient-ils peut-être qu’on suspecte leur honorabilité ? D’autres prennent la chose en riant et en profitent pour gambader et gesticuler comme des pantins. L’un d’eux avait poussé la complaisance pour faciliter les recherches jusqu’à enlever complètement ce qui lui servait de costume.
D’autres, enfin, doivent trouver la chose agréable. On ne comprendrait pas autrement l’insistance qu’ils mettent à prolonger l’opération. Seulement pour les regarder faire il sera bon de s’être muni à l’avance d’un flacon d’eau de Cologne ou mieux d’un ozonateur, car à certains moments l’odeur qui se dégage de l’usine devient telle que la situation n’est plus tenable. C’est sans doute pour parfumer les promeneurs du boulevard d’Ivondro que la Rochefortaise exhale tous les soirs ses odeurs les plus pénétrantes.
On connaît la statue de Bartholdi à New York : « La Liberté éclairant le monde. » C’est une statue colossale tenant un flambeau, lequel n’est autre qu’une lampe électrique servant de phare à l’entrée du port. Nous proposons à Bartholdi un nouveau sujet de statue : « La Rochefortaise parfumant la ville de Tamatave ».
On représenterait une vieille sorcière vidant de haut un seau d’ordures.
Mais consolons-nous, nous n’en aurons pas pour longtemps, car M. Bolet, administrateur délégué de la Rochefortaise à Tamatave, et la personne qui l’accompagne vont partir par la Ville de Marseille et emporter toutes ces mauvaises odeurs avec eux. Nous leur souhaitons un bon voyage et un heureux séjour exempt des senteurs dont a eu à souffrir l’appareil olfactif des Tamataviens.
Le Tamatave



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